Soupçonné de corruption, Ericsson est dans la tourmente

Des enquêtes internes menées par Ericsson, suite à un accord passé avec la justice américaine en 2019, mettent en lumière des soupçons de corruption, de versements de pots-de-vin et de conflits d'intérêts. Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) est parvenu à se procurer ces documents et a enquêté avec 31 médias internationaux sur ces faits.

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Soupçonné de corruption, Ericsson est dans la tourmente

Ericsson est soupçonné de corruption, de versements de pots-de-vin et de conflits d'intérêts. L'équipementier télécom suédois est dans la tourmente suite à la publication d'une enquête menée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et 31 médias internationaux, dont Le Monde, le 27 février 2022.

Des enquêtes internes suite à un accord
Cette enquête fait suite à une précédente affaire. En 2019, Ericsson avait décidé de verser 1 milliard de dollars à la justice américaine pour arrêter les poursuites liées à des soupçons de malversations. Les faits dans cette affaire remontaient à la période 2000-2016 et concernaient la Chine, le Vietnam, l'Indonésie, le Koweït et Djibouti. La justice américaine s'était penchée sur le sujet en raison de l'extraterritorialité de sa loi.

Suite à cette affaire, une enquête interne avait été ouverte par Ericsson. Ce sont des documents issus de cette enquête qui ont été transmis à l'ICIJ et qui mettent en lumière des faits de corruption et des mauvaises pratiques. Dix pays supplémentaires sont concernés : Irak, Afrique du Sud, Angola, Etats-Unis, Brésil, Azerbaïdjan, Maroc, Bahreïn, Portugal et Libye. Le Monde ajoute que deux cas, concernant la Croatie et la Chine, sur les 15 examinés, ont été écartés en raison d'un manque de faits avérés.

D'éventuels versements à l'Etat Islamique
En Irak, Ericsson est soupçonné de versements de pots-de-vin et de conflits d'intérêts. Le groupe est également accusé d'avoir financé indirectement des milices dans le pays et même possiblement l'Etat islamique. Mais aucune preuve formelle n'atteste de cela, précise Le Monde.

Au Liban, relève l'enquête interne, de nombreux cadeaux ont été offerts par des employés à des membres du gouvernement (argent, iPhone, iPad, stylos Montblanc, etc.). Les enquêteurs se sont également penchés sur d'éventuels emplois de complaisance. "Le beau-frère et le neveu d’un influent dirigeant d'opérateur télécom libanais ont été recrutés par Ericsson, respectivement en 2011 et 2012, puis promus et rémunérés dans des conditions suspectes", écrit Le Monde. Une façon pour Ericsson d'avoir un coup de pouce à l'occasion de l'attribution de certains marchés ?

Au Portugal, Luis Miguel Silva, qui a été nommé président-directeur général de cette branche d'Ericsson en 2018, est soupçonné d'avoir exercé d'autres activités en parallèle, notamment chez un fournisseur du groupe. Luis Miguel Silva a quitté l'entreprise en janvier 2021. Entre temps, il aurait également débloqué plus de 500 000 euros en sponsoring de courses automobiles et le logo de l'entreprise aurait été apposé sur sa propre voiture, puisqu'il est pilote.

La justice américaine va-t-elle se saisir ?
Ces documents internes remettent en question les efforts menés par Ericsson pour lutter contre la corruption. L'entreprise suédoise a été officiellement avertie dès 2013 par la justice américaine de ses suspicions, soit avant même l'ouverture de l'enquête officielle en 2015. Par la suite Ericsson a mis en avant des mesures tendant à prouver sa bonne foi dans la lutte contre la corruption. Mais les faits aujourd'hui évoqués par l'ICIJ datent d'après 2013 et certains se sont poursuivis jusqu'en 2019.

A l'occasion de l'accord passé avec la justice américaine, Ericsson s'est engagé à respecter des obligations de transparence pendant trois ans et notamment à transmettre les informations collectées dans le cadre d'éventuelles enquêtes internes. Mais l'équipementier n'aurait finalement pas transmis tous les éléments sur lesquels il a enquêté, puisque seulement 7 dossiers sur 15 ont été transmis (une information en date du 21 avril 2020). Si cela s'avère exact, Ericsson pourrait de nouveau avoir affaire à la justice américaine.

Cherchant à minimiser l'affaire et prendre les devants sur les révélations, Ericsson a publié plus tôt dans le mois un rapport mentionnant les problèmes rencontrés par sa filiale en Irak. A noter que ce rapport a été publié après que l'entreprise ait été contactée par l'ICIJ. L'équipementier reconnait que des faits de corruptions ont pu bénéficier à l'Etat Islamique sans en avoir la preuve. Comment l'entreprise va-t-elle pouvoir se sortir de ces affaires ? L'exercice semble d'autant plus compliqué qu'elle s'était déjà engagée à une totale transparence sur ces sujets en 2019.

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