Sous le coup des sanctions sur les semi-conducteurs, la Russie voit son arsenal militaire s'épuiser
Très dépendante en matière d'électronique, la Russie subit de plein fouet les sanctions occidentales sur les semi-conducteurs adoptées en réaction à l'invasion de l'Ukraine. Plusieurs mois après le début du conflit, elle a épuisé une partie de son stock d'armes de pointe, pour lesquelles ces composants sont indispensables. Les soldats ont désormais recours à d'anciens stocks de munitions, vestiges de l'ère soviétique. Moscou est donc en quête de composants, mais la plupart des produits nécessaires sont fabriqués par des entreprises situées aux Etats-Unis, en Europe, à Taïwan et au Japon.
Les Russes auraient utilisé "près de la moitié de leur arsenal d'armement" depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, d'après le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal, cité par Politico. Ils ne posséderaient plus que "quatre douzaines" de missiles hypersoniques.
"Ce sont ceux qui ont une grande précision et exactitude en raison des puces dont ils disposent. Mais à cause des sanctions imposées à la Russie, les livraisons de cet équipement se sont arrêtées et ils n'ont aucun moyen de reconstituer ces stocks", a-t-il ajouté. Si bien que la guerre arrive à un point d'inflexion où l'avantage technologique devient décisif.
Les puces, composants essentiels
En effet, Moscou n'a plus accès aux puces électroniques – composants indispensables à l'armement moderne – depuis les sanctions occidentales prises en réaction à l'invasion de l'Ukraine. Début septembre, les Etats-Unis ont par exemple interdit à Nvidia et AMD d'exporter certains de leurs GPU spécialisés dans l'accélération de calculs pour l'intelligence artificielle. Preuve que la situation devient critique côté russe : des Ukrainiens auraient trouvé des équipements militaires russes remplis de semi-conducteurs issus de lave-vaisselle et de réfrigérateurs, d'après Gina Raimondo, la secrétaire américaine au commerce, citée par le Washington Post.
Par conséquent, l'issue de ce conflit dépendra en partie de la faculté pour la Russie de trouver un moyen d'accéder aux composants de pointe. L'Ukraine est donc particulièrement attentive aux éventuels achats qui pourraient être effectués. Elle a récemment averti que des listes avaient été dressées par le Kremlin contenant "des semi-conducteurs, transformateurs, connecteurs, boîtiers, transistors, isolants et autres composants", la plupart fabriqués par des entreprises aux États-Unis, en Allemagne, aux Pays-Bas, le Royaume-Uni, Taïwan et le Japon, entre autres, dont il a besoin pour alimenter son effort de guerre.
Des produits essentiellement américains
Politico a pu accéder à l'une de ces listes, divisée en trois catégories, des composants les plus critiques au moins critiques. Elle inclut le prix par article que Moscou s'attend à payer. Sur les 25 articles que la Russie cherche désespérément, presque tous sont fabriqués par des sociétés américaines (Marvell, Intel, Holt, ISSI, Micron, Broadcom et Texas Instruments). Sont également concernées les semi-conducteurs de l'entreprise japonaise Renesas. Certains sont facilement trouvables, d'autres sont encore en rupture de stocks en raison de la pénurie mondiale de puces.
En théorie, la Russie ne devrait pas pouvoir mettre la main sur ces composants puisqu'ils proviennent de pays appliquant des sanctions aux exportations. Notons également que les entreprises concernées n'y perdent pas grand chose puisque la Russie ne représente que 0,1% du marché mondial des semi-conducteurs, d'après le World Semiconductor Trade Statistics.
Des moyens de contourner les sanctions
Il reste à savoir si la Russie ne pourrait pas s'appuyer sur des pays intermédiaires comme la Chine qui achèterait des composants pour les lui revendre. A ce sujet, le département américain du commerce a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'avait aucune preuve d'un tel transfert de technologies. Mais le gouvernement chinois a déclaré de son côté qu'il n'imposerait aucune nouvelle limite à ses relations commerciales avec la Russie.
L'Iran et la Corée du Nord auraient accepté de vendre des armes à la Russie. D'après le New York Times, citant des informations déclassifiées des services de renseignements, "des millions d'obus et de roquettes" auraient ainsi été achetés. L'Iran aurait de son côté fourni des drones de combat, d'après les informations du Washington Post.
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