STMicroelectronics gagnera-t-il son pari dans les microcontrôleurs ?
Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs veut doubler ses ventes dans les microcontrôleurs dans 5 ans et se hisser ainsi de la cinquième place aujourd’hui à la deuxième. Un pari difficile. Le marché est très convoité.
Le symposium technologique d’ARM, qui s’est déroulé le 13 décembre 2012 à Paris, a été l’occasion pour STMicroelectronics d’afficher ses ambitions sur le marché des microcontrôleurs. "Nous voulons doubler nos ventes sur le segment des modèles embarqués à faible consommation basés sur des cœurs de processeur Cortex M d’ARM", confie Laurent Vera, directeur marketing de cette activité pour l’Europe.
Les microcontrôleurs sont des puces utilisées comme cerveaux d’une grande variété de produits, des dispositifs embarqués dans les voitures aux jouets, en passant par l’électroménager, la télévision, les compteurs électriques ou encore les alarmes de sécurité. Avec la numérisation croissante des produits et le développement des objets communicants, le marché est promis à de belles perspectives. Selon le cabinet GBI Research, il devrait passer de 16 milliards de dollars en 2011 à 18 milliards en 2015 dans le monde.
Le nouveau plan stratégique de STMicroelectronics, présenté par le PDG Carlo Bozotti, le 10 décembre 2012, fait des microcontrôleurs l’un des cinq axes prioritaires de développement aux cotés des processeurs d’application, des circuits pour l’automobile, des composants de puissance et des capteurs à Mems. L’objectif est de passer dans cinq ans à la deuxième place mondiale dans ce domaine, derrière l’indétrônable Renesas. Avec près de 1 milliard de dollars de revenus dans ce secteur, soit environ 10% de son chiffre d’affaires total en 2011, STMicroelectronics détient aujourd’hui, selon le cabinet iHS, 6% du marché mondial, ce qui le place cinquième mondial, derrière Renesas (27%), Freescale (9%), Infineon (8%) et Atmel (7%). "Nous avons multiplié nos ventes par un facteur 2,5 depuis 2007, rappelle Laurent Vera. Nous allons continuer sur cette lancée grâce à deux atouts : la variété de notre offre qui compte pas moins de 400 produits différents, et notre expérience dans l’architecture ARM que nous avons été le premier à adopter en 2007." STMicroelectronics revendique plus de 3000 clients, dont Somfy (automatismes de volets roulants), Delta Dore (domotique) et Brandt (électroménager).
Un pari difficile à tenir
Dans un contexte qui s’annonce difficile avec le retrait en 2013 des puces pour téléphones mobiles, STMicroelectronics mise donc sur les applications embarquées pour rebondir. Les microcontrôleurs sont au cœur de ce repositionnement. Environ 400 personnes sont chargées de la R&D dans ce domaine sur le site de Rousset, et la production s’effectue sur les sites de Rousset et de Crolles. L’investissement prévu est modeste : "quelques centaines de milliers de dollars, essentiellement en licences de propriété intellectuelle et outils de conception", précise Jacky Perdrigeat, Vice-président marketing pour l’Europe.
Le pari de STMicroelectronics parait difficile. Le marché des microcontrôleurs, qui représente 5% du marché des semi-conducteurs et 24% des circuits numériques, est extrêmement concurrentiel. Plus d’une douzaine d’acteurs se le disputent. Résultat : le prix moyen a baissé de 3,25 dollars en 2010 à 3,10 dollars en 2011 et devrait chuter à 2,90 dollars en 2012 selon GBI Research. Le fabricant franco-italien n’est pas seul à lorgner ce marché. NXP, Freescale, Infineon ou encore Texas Instruments, qui ont tour à tour abandonné les puces pour téléphones mobiles, se repositionnent, eux aussi, sur l’embarqué et les microcontrôleurs. Et pour être plus compétitifs et plus réactifs, ils abandonnent leurs architectures propriétaires au profit de l’architecture ARM qui tend à s’imposer comme un standard sur le marché. Selon Richard York, directeur de l’embarqué d’ARM, la technologie du britannique est au cœur de 20 milliards de microcontrôleurs livrés en 2011 et le chiffre devrait atteindre 50 milliards en 2020.
Ridha Loukil
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