Sundar Pichai appelle l'Union européenne à adopter une réglementation "proportionnée" et sectorielle de l'IA

Comment réglementer l'intelligence artificielle sans bloquer l'innovation ? Sundar Pichai, CEO de Google et d'Alphabet, pense avoir la réponse et appelle l'Union européenne à adopter une "réglementation judicieuse". Le dirigeant avance que la clé du succès réside dans l'adoption d'une approche "proportionnée" et sectorielle. Un menu presque parfait pour laisser le champ libre aux géants technologiques.

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Sundar Pichai appelle l'Union européenne à adopter une réglementation

"La question n'est pas de savoir s'il faut réguler mais comment ?" Le ton est donné pour Sundar Pichai, invité le 20 janvier 2020 à Bruxelles par le Think tank Bruegel pour parler intelligence artificielle (IA) et réglementation. Les grandes lignes de son discours ont été révélées par Reuters.

Le CEO d'Alphabet et de Google appelle l'Union européenne à adopter une "approche proportionnée" afin de construire une "réglementation judicieuse" de l'IA en équilibrant "les préjudices potentiels et les opportunités au niveau social". Comment ? Sundar Pichai pense que la clé du succès réside dans l'adoption de règles adaptées à chaque secteur. Pour lui, par exemple, les dispositifs médicaux et les voitures autonomes ne doivent pas être encadrés de la même façon. Il appelle également les gouvernements nationaux à s'aligner sur une même réglementation et sur un socle de valeurs communes.

Les deepfakes, bête noire des GAFAM

Pour le CEO, deux aspects de l'IA sont particulièrement préoccupants : les deepfakes, ces trucages vidéo plus vrais que nature, et la reconnaissance faciale. Il ne s'est pas privé de rappeler la contribution de Google pour endiguer ces problèmes. Le géant technologique a mis à disposition une base de données contenant 3000 deepfakes fin septembre 2019. L'objectif était d'aider les chercheurs à concevoir des outils pour lutter contre ce phénomène. Mais la firme de Mountain View ne fait pas figure d'exception. Microsoft, Facebook et Amazon se sont associés à plusieurs universités américaines, en septembre 2019, pour lancer un challenge de détection de deepfake avec à la clé un prix de 10 millions de dollars.

Son déplacement à Bruxelles est aussi l'occasion pour Sundar Pichai de rencontrer Frans Timmermans, responsable de l'Environnement pour l'UE, et Margrethe Vestager, responsable de l’Économie numérique et de la Concurrence. "Nous voulons offrir notre expertise, notre expérience et nos outils alors que nous sommes aux prises avec des tensions et des compromis inévitables", a-t-il affirmé.

L'Union Européenne prône une réglementation forte

A savoir que l'Union européenne a déjà fait connaître sa position sur le sujet : la réglementation de l'IA doit être forte. Elle envisage même d'interdire pendant trois à cinq ans la reconnaissance faciale dans les lieux publics, le temps de trouver des garde-fous suffisants. La Commission européenne devrait ensuite passer à la vitesse supérieure et publier une liste de propositions le 19 février 2020.

Aux Etats-Unis, le discours est très différent. Début janvier 2020, la Maison Blanche a affiché sa doctrine en la matière et le maître-mot est la flexibilité. L'administration Trump estime que "la meilleure façon de contrer les utilisateurs autoritaires de l'IA est de s'assurer que les Etats-Unis et ses partenaires internationaux restent des plaques tournantes mondiales de l'innovation, faisant progresser la technologie conformément à nos valeurs".

Une position beaucoup plus arrangeante pour les géants technologiques qui garderaient beaucoup de liberté dans leurs implémentations de ces technologies. Sundar Pichai essaie-t-il de prêcher la bonne parole auprès des institutions européennes pour qu'elles penchent en sa faveur ? Si tel est le cas, cette tentative semble d'ores et déjà compromise, tant le respect des droits des Européens est devenu un sujet central avec l'adoption du Règlement général sur la protection des données personnelles. Booster l'innovation en bafouant le cadre normatif européen ? Inenvisageable pour l'Union européenne.

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