Système Rapace : quand le numérique évite de tirer le premier coup de feu
L’entreprise StarNav, dans le Calvados, prend la bouche des canons de fusil en photo. La démarche n’a rien d’artistique, elle permet de régler automatiquement la mire selon les préférences du tireur. Un réglage qui est habituellement fait en effectuant quelques tirs sur le théâtre des opérations.
Baptiste Cessieux
Les Forces Spéciales Françaises testent en ce moment un drôle de joujou : un régleur automatique de fusil. Cela ressemble plus à une perche à selfie pour canon mais cet équipement, nommé Rapace, procure un véritable avantage logistique. "C’est le seul système digital de réglage d’arme", s’enorgueillit George Lamy au Rousseau, gérant de la société StarNav, basée à Chicheboville (Calvados) qui a conçu le système. "Il automatise ce que l’on appelle le simbleautage : l’alignement de la visée avec l’axe du canon." L’alignement peut en effet être modifié par de nombreux paramètres comme un choc, une différence de température, l’altitude, ou tout simplement, l’utilisation d'une même arme par plusieurs personnes. Alors pour être sûr de viser juste, les tireurs règlent leurs armes régulièrement.
"Ça n’a l’air de rien mais il faut imaginer l’effet que peuvent avoir ces réglages auprès d’une population. Une force de maintien de la paix arrive dans une région et l’une des premières choses perçues par les populations, c’est le bruit des coups de feu nécessaires au réglage des armes." Avec Rapace, les tireurs n’ont qu’à équiper l’outil et suivre les indications pour obtenir la visée préenregistrée.
Sans un seul coup de feu !
Pour numériser ce processus de simbleautage, Rapace place une caméra face à la gueule du canon afin d’en déterminer l’axe exact. Derrière cette caméra, une tablette indique au tireur les réglages à faire à l’aide d’une cible qu’il doit viser au centre de sa lunette. Cela pose d’ailleurs problème : observer un écran avec des optiques grossissantes revient à observer des pixels de très près. C’est pour cela qu’un jeu complexe de lentilles, capable de renvoyer "l’image à l’infini", est placé entre les deux.
"Aujourd’hui, notre système permet au tireur de retrouver ses réglages dans n’importe quelles conditions, sur une arme qu’il a configurée une première fois rappelle George Lamy au Rousseau. Mais plus tard, lorsque les données seront suffisamment nombreuses, Rapace pourra indiquer les réglages à faire sur tout type d’arme, à partir d’une première configuration faite sur une seule arme."
StarNav, spécialiste de l'extraction de données géométriques à partir d'images, compte 4 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 300 000 euros. Il conçoit des systèmes de géolocalisation et des outils d'interactions hommes / machines.
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