Toshiba racheté pour 15,3 milliards de dollars par un consortium japonais
Toshiba cherchait un repreneur après les scandales financiers qui l'ont mis en difficulté et la cession de nombre de ses filiales. Il s'agira d'un consortium japonais dirigé par le fonds d'investissement Japan Industrial Partners (JIP), dont l'offre de 15,3 milliards de dollars a été acceptée par le conseil d'administration du groupe.
Le projet de rachat de Toshiba se concrétise enfin. Le conseil d’administration du groupe s’est déclaré favorable à l’offre publique d’achat (OPA) provenant d’un consortium japonais dirigé par le fonds d'investissement Japan Industrial Partners (JIP), proposant 15,3 milliards de dollars. L’opération devrait être lancée fin juillet au plus tôt.
Retrait de la Bourse
Le conglomérat industriel va donc se retirer de la bourse et être privatisé par des investisseurs japonais, ce qui rassure le gouvernement nippon par rapport à un rachat étranger, en raison du caractère sensible de nombreuses activités de Toshiba, notamment le nucléaire et la défense.
JIP financera le rachat de la totalité des titres de l'entreprise grâce à des prêts de grandes banques commerciales du pays et des investissements promis par une vingtaine d’entreprises nippones parmi lesquelles la société de services financiers Orix, le fabricant de puces Rohm, ou encore le constructeur automobile Suzuki. Ils devraient mobiliser ensemble près de 1000 milliards de yens (7 milliards d’euros) pour racheter la société dont ils sont, pour la plupart, clients ou fournisseurs.
C’est peut être donc la fin d’un suspens autour de ce rachat qui traîne depuis que les dirigeants du groupe se sont résignés, au vu des difficultés de l’entreprise, à prendre cette direction en avril 2022 sous la pression des nombreux actionnaires activistes du groupe qui souhaitent maximiser la valeur du conglomérat japonais.
Scandales, cessions, Toshiba était en difficulté depuis huit ans
Toshiba a longtemps été un symbole du succès de l'industrie japonaise et une marque de référence pour plusieurs générations. Mais sa réputation a été entachée avec le scandale comptable de 2015, révélant que le groupe avait enjolivé ses comptes de plus d'un milliard d'euros.
Dans la foulée, le groupe a subit une perte nette de 3,8 milliards d'euros sur son exercice 2015-2016, et la faillite de son unité nucléaire américaine Westinghouse, l’année d’après, n’a pas arrangé les choses.
Le conglomérat a alors été contraint de se retirer d’un certain nombre de ses activités pour se maintenir : les puces mémoire, la construction nucléaire à l'étranger, l'équipement médical (cédé à Canon), l’électroménager (vendu au chinois Midea), les téléviseurs et même les ordinateurs portables en 2020.
Un projet de scission qui n'a pas vu le jour
Sa popularité a de nouveau pris un coup en 2021 après qu'il a été établi que le groupe s'était entendu avec le gouvernement pour influencer le vote des investisseurs lors d'une réunion annuelle des actionnaires.
Début 2022, Toshiba, pressé par ses actionnaires, a annoncé un projet de scission consistant à se scinder en deux entités : d’un côté Toshiba Infrastructure Service Co., regroupant les secteurs de l'énergie et des infrastructures ainsi que les solutions numériques et la division batteries ; de l’autre la division "Device", dont il souhaitait se séparer, celle-ci comprenant ses activités dans les appareils électroniques et le stockage de données.
Mais ce plan a été retoqué en mars 2022 par ses actionnaires. Le mois suivant, Toshiba a fini par céder, déclarant qu'il acceptait d'étudier sérieusement les offres de rachat qui se présenteraient. Un an après, celle de JIP est validée.