[Tribune] Automatisation : pourquoi le BPM va supplanter la RPA
Bien que la RPA existe depuis plusieurs décennies maintenant, on assiste depuis 3 ans à un engouement très fort pour ces technologies. En parallèle, les éditeurs de BPM ont également connu une croissance importante. Semblant assez proches en matière de technologies et de cas d’usage, ces deux solutions d'automatisation reposent sur des fondamentaux diamétralement opposés. Si la RPA tire sa gloire du niveau encore important d’obsolescence de nombreuses entreprises, le BPM va lui dans le sens de l’histoire... Par Benoît Mazzetti, CEO et cofondateur de StoryShaper.
La crise sanitaire mondiale a accéléré le passage au télétravail de nombreuses entreprises, et a rendu plus nécessaire encore la transformation numérique dans tous les secteurs d’activité. L’un des aspects les plus forts de cette transformation concerne l’automatisation, au sens large, de processus ou tâches humaines.
Il existe pour cela deux familles d’outils technologiques à disposition des entreprises : les plateformes d’automatisation des processus de type BPM (Business Process Management) et les plateformes de robotisation de type RPA (Robotic Process Automation). Bien que le marché du BPM soit à l’heure actuelle 7 fois plus important que celui de la RPA (11,8 milliards de dollars pour le BPM, 1,6 milliard USD pour la RPA, cf. infra), cette dernière connaît un engouement extrêmement fort depuis 2018.
Ce gain de notoriété est principalement porté par les 3 principaux acteurs du marché, à savoir UiPath, Blue prism et Automation Anywhere. Cela se traduit également par une envolée des valorisations de ces sociétés, qu’elles soient cotées ou non. Blue prism, fondée en 2001, a fait son entrée en bourse en mars 2016. Depuis, sa capitalisation a été multipliée par 31 en 4 ans, passant de 48 millions à 1,52 milliard de livres. Quant à UiPath et Automation anywhere, ces deux sociétés ont levé respectivement 1,2 milliard et 840 millions de dollars entre 2018 et 2020 (avec 5 tours de financement pour UiPath et 3 tours pour Automation anywhere). Ces fonds ont alimenté des recrutements massifs et des investissements en marketing considérables, à l’image de la convention Forward III organisée par UiPath à Las Vegas en 2019 pour un montant de 8 millions de dollars pour deux jours.
En parallèle, les éditeurs de BPM ont également connu une croissance importante, mais avec des chiffres moins impressionnants que ceux mentionnés précédemment. Les principaux éditeurs ont également bénéficié de l’effervescence autour de l’automatisation des processus, à l’image d’Appian (valorisation multipliée par 6 en 3 ans), de Pega (valorisation multipliée par 2,5), de K2 ou Bizagi.
Les analystes prédisent à la RPA une croissance fulgurante dans les années qui viennent. Le marché de la RPA devrait selon eux être multiplié par 16 entre 2020 et 2027, passant de 1,6 milliard de dollars à 25,6 milliards, alors que le marché du BPM ne devrait « que » doubler, passant de 11,8 à 23,6 milliards de dollars.
D’un côté, le BPM repose sur un moteur d’exécution permettant d’orchestrer des tâches humaines ou programmatiques. Les processus bien modélisés doivent limiter l’intervention humaine aux tâches de décision complexes ou aux tâches de validation, alors que l’interaction avec les systèmes informatiques est automatisée grâce à l’utilisation d’APIs. Certains processus sont entièrement programmatiques, dans la mesure où ils ne comportent aucune tâche humaine.
L’avenir de la RPA
Au final, malgré la similarité apparente des plateformes de BPM et de RPA, ces deux technologies reposent sur des approches et des socles techniques très différents. Alors que le BPM s’inscrit clairement dans le sens d’une modernisation des SI, la RPA bénéficie pour l’instant d’un engouement justifié par la dette technique des entreprises. Alors que le BPM va dans le sens de l’histoire, la RPA tire sa gloire du niveau encore important d’obsolescence de nombreuses entreprises. Malgré certains cas d’usages réels, l’engouement de nombreux investisseurs autour de la RPA ressemble à s’y méprendre à une bulle technologique.
Benoît Mazzetti est CEO et cofondateur de StoryShaper.
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