[Tribune] Télétravail et productivité : vers la fin du présentéisme
Télétravailler ce n'est pas seulement travailler à distance. Cela implique des révisions essentielles en matière de management et d'utilisation des outils, assure Nicolas d’André, directeur Dropbox Business au sein de Dropbox France.
Selon le ministère du Travail, 25% des Français – soit environ 5 millions de personnes – ont travaillé à distance pendant le confinement, contre à peine 7% en 2017. Depuis le début du déconfinement, un grand nombre de Français continue et continuera pendant plusieurs mois encore de télétravailler.
La pression de l'isolement forcé et l’exercice d’équilibriste des parents actifs finissent par peser sur le bien-être mental des salariés, les rapprochant dangereusement du risque d'épuisement professionnel. Les “happy hours” virtuels et filtres de vidéoconférence amusants ne suffisent pas à y remédier. Ce dont les employés ont vraiment besoin, c'est de confiance.
Instaurer la confiance
Plus que jamais, les dirigeants doivent responsabiliser leurs employés et leur prouver qu’ils ont confiance en eux pour gérer leur temps, leur rendement final et utiliser les outils qui leur conviennent. Ces outils que nous considérions hier simplement utiles sont devenus des bouées de sauvetage essentielles pour rester connectés et collaborer.
Des entreprises ont dû repenser leur modèle économique, prendre des décisions difficiles ou simplement gérer ce qui, avant le confinement et la fermeture des écoles, aurait été perçu comme une charge de travail moyenne. Alors que pour la première fois, la plupart des salariés ont été contraints de travailler dans un environnement distribué, l’heure est venue de revoir la notion de productivité.
de nouveaux indicateurs
Plutôt qu'un système où le nombre d’heures passées au téléphone, de réunions ou d’emails envoyés fait foi, et si nous passions à un mode de travail axé sur les résultats ? Qu’est ce qui a été réalisé ? Quelle est la prochaine étape pour se rapprocher de ses objectifs ? Telles devraient être les questions à se poser pour mesurer la productivité de chacun.
Plusieurs conditions à la réussite de cette approche : il est tout d’abord essentiel de s’assurer que tous les salariés sont alignés sur les objectifs de leurs missions et sur les objectifs de l’entreprise. Comment correctement répondre à une demande si on n'en comprend pas le but ? Deuxièmement, il est de la responsabilité des managers d’aider les équipes à hiérarchiser les priorités et à se débarrasser des tâches superflues. Nous perdons encore trop de temps à chercher des documents, à passer d’une application à une autre sachant qu’en moyenne un employé utilise 35 outils différents (1).
Avoir confiance dans la capacité de chaque salarié à remplir ses missions selon ses propres méthodes et outils est bien évidemment primordial. Et cette confiance ne signifie pas pour autant absence de contrôle. Il est au contraire indispensable, étape par étape, et garant du résultat final.
La fin des préjugés ?
La crise aura démontré que pour être efficace et obtenir des résultats, les travailleurs de bureau n'ont pas besoin d’être physiquement présents cinq jours par semaine. Voici là l’un des enseignements positifs que le télétravail généralisé nous aura appris. Cette prise de conscience pourrait marquer la fin de préjugés envers les travailleurs à distance, souvent stigmatisés et souffrant d’un manque de reconnaissance et d’opportunités (2).
Dirigeants, demandons-nous si nous accordons un degré de confiance suffisant à nos salariés pour les protéger contre l’épuisement professionnel. N’est-ce pas le moment d’ouvrir la voie à un nouveau modèle de travail plus flexible et non moins performant ? La période chaotique que nous vivons pourrait nous pousser à resserrer la bride. Nous aurions tort. Laissons-les au contraire reprendre le contrôle de leur vie professionnelle d’une toute autre façon. Ce faisant, nous leur redonnons le pouvoir sur ce qu’il leur convient le mieux. Juger le résultat final plutôt que le chemin emprunté pour y arriver est la clé vers un engagement nouveau.
Nicolas d’André, directeur business chez Dropbox France
Les avis d'experts sont publiés sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la rédaction de L'Usine Digitale.
(1) Etude Vanson Bourne 2019 -2020 réalisée auprès de 2500 responsables informatiques et métiers basés aux Etats-Unis, Australie, France, Royaume-Uni et Allemagne.
(2) Etude Deloitte Forces of Change d’octobre 2018.
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