Trois start-up qui veulent rendre le travail indépendant aussi sûr que le salariat

Lors d'une soirée Shift organisée par The Family, trois start-up ont présenté leurs solutions pour rendre le travail indépendant plus attractif en en réduisant les risques.

Cela sera-t-il suffisant pour le rendre plus attrayant, à l'heure où une grande transformation s'empare du monde du salariat ? 

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Trois start-up qui veulent rendre le travail indépendant aussi sûr que le salariat
Sauras tu retrouver le salarié sur cette image ? Il n'y en a pas, c'est une invention récente.

Vous craigniez que le numérique emporte tout sur son passage, détruisant le salariat et ses institutions ? Et bien vous aviez tort. Inversant la rengaine reaganienne selon laquelle l'Etat n'est pas la solution mais le problème, Nicolas Colin accueillait mardi 27 septembre trois start-ups, pour prouver que loin d'être le problème, le numérique était la solution.

L'expression "travail indépendant" est trompeuse. Tout le monde a en tête des images du passé. Or, explique Nicolas Colin, l'indépendant d'hier n'est pas celui d'aujourd'hui et encore moins celui de demain. Fini l'artisan ou le commerçant plus ou moins poujadiste, qui nous vient à l'esprit.

Le travailleur indépendant a changé ...

Travailler en indépendant est de plus en plus un choix pour multiplier les expériences. Surtout, c'est un choix qui peut être fait, à un moment de sa vie, par une personne qui redeviendra salarié. Ou même par un salarié qui pour mettre du beurre dans les épinards va se transformer en loueur d'appartement, ou réaliser une mission d'indépendant. La vision opposant les deux mondes est démentie par une réalité fondamentalement ambiguë.

Ces indépendants-là, contrairement à ceux d'hier, n'ont plus de capital immobilisé constituant une sorte d'épargne pour la retraite, comme ca peut être le cas pour le commerçant ou l'agriculteur. Au contraire, il utilise des plateformes informatiques qui sont la condition d'exercice de son activité. C'est de là que vient la révolution en cours.

...Ses risques aussi

Les barbares sont morts, vive le changement (shift)

C'est un signe des temps. Après avoir accueilli des conférences qui s'appelaient "Les barbares attaquent", les barbares étant la nouvelle génération d'entrepreneurs, Nicolas Colin et The family organisent désormais des soirées Shift, avec une distribution de fassicules de papier.

Un comble dans ce temple de la branchitude numérique, où écrire avec un stylo sur une feuille semblait signifier soit que vous n'avez pas les moyens d'acheter un ordinateur avec une pomme dessus, soit que vous êtes un afficionado de Snowden, légèrement parano qui a peur d'être écouté par la NSA !

Et si c'était surtout pour éviter le côté anxiogène de l'annonce de l'arrivée de barbares qui allaient tout détruire sur leur passage, qui, à terme, nuit finalement à l'image du numérique ?
Bien sûr tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les nouveaux indépendants affrontent de nouveaux risques, à commencer par la difficulté de trouver un logement dans un monde où avoir un CDI est un sésame... Même si Nicolas Colin estime que c'est une erreur d'appréciation : le temps où le CDI garantissait l'emploi à vie est révolu. Aujourd'hui, un salarié en CDI peut être dans une situation plus incertaine qu'un indépendant qui possède un portefeuille diversifié de clients. "l'insécurité économique est partout", estime-t-il.

Enfin, le co-fondateur de The Family rappelle que la norme du salariat à laquelle tout le monde est attachée est finalement une sorte d'accident historique qui aura duré à peine plus d'un siècle. Né au XIXe siècle avec le développement de l'industrie, il a connu son apogée dans les années 60-70 et pourrait décliner.

A chaque problème sa start-up

Face à ces nouveaux risques, des solutions existent mises en oeuvre par des jeunes pousses. Trois d'entre elles ont présenté leurs travaux lors de cette soirée :

  1. Open Work est une société de portage salarial, soit un dispositif qui offre de transformer une facture de consultants en bulletin de paie. Autrement dit, elle permet d'avoir un contrat d'indépendant et le statut de salarié.

  2. Wemind propose aux indépendants un package avec une assurance en cas de maladie, une mutuelle de qualité mais aussi les avantages d'un comité d'entreprise. Moyennant paiement d'une cotisation, elle propose donc au travailleur indépendant des garanties proches du salariat.

  3. Side s'est intéressé aux étudiants. Après avoir qualifié leurs aptitudes, elle leur propose des travaux d'une durée plus ou moins longue, plus ou moins qualifié pour gagner un revenu de complément. Très flexible, elle promet de trouver en peu de temps du travail pour un étudiant qui voudrait travailler par exemple le dimanche après-midi une semaine, puis quelques heures la semaine suivante.

Finalement, comme Alphonse Allais qui voulait installer les villes à la campagne, il ressortait de cette soirée que les start-up pouvaient donner au travailleur indépendant des moyens pour retrouver certaines des institutions du salariat (la protection sociale) et ce sans qu'une réforme étatique ne soit nécessaire. On retrouve là l'esprit d'initiative du monde numérique. Cela suffira-t-il à convaincre les électeurs et autres salariés que la fin du salariat est finalement une chance et que l'indépendance est la vertu cardinale du travail et de la vie ?... il faudra encore attendre.

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