Twitter : la suspension de comptes de journalistes provoque l'indignation en Europe

La décision arbitraire de suspendre les comptes de nombreux journalistes prise par le nouveau patron de Twitter, Elon Musk, ne passe pas. Plusieurs décideurs politiques européens ont fait savoir leur indignation.

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Twitter : la suspension de comptes de journalistes provoque l'indignation en Europe

Les semaines se suivent et se ressemblent chez Twitter, secoué par la nouvelle politique de modération à géométrie variable de son nouveau patron, pourtant chantre autoproclamé de la liberté d’expression.

Jeudi, les comptes de nombreux journalistes tech, notamment de CNN, du Washington Post, de Mashable ou encore du New York Times, ont été suspendus de la plateforme. Leur point commun ? Ils suivaient tous de très près Twitter et Elon Musk, et avaient par ailleurs publié des articles sur la récente suspension par ce dernier d’un compte Twitter recensant les déplacements de son jet privé.

Ils ont posté ma position exacte en temps réel, c’est-à-dire les coordonnées pour pouvoir m’assassiner, en violation directe (évidente) des conditions d’utilisation de Twitter”, a réagi Elon Musk sur le réseau social. On rappellera que ces informations sont accessibles publiquement et proviennent de l'agence d'aviation civile des Etats-Unis... mais surtout qu'Elon Musk lui-même s'était engagé au mois d'avril à ne pas suspendre ce compte spécifique. "Mon engagement envers la liberté d'expression va jusqu'à ne pas interdire le compte qui suit mon avion, même si cela représente un risque direct pour ma sécurité personnelle", écrivait-il encore début novembre.

Avant de changer d'avis. “Si quelqu’un publiait en temps réel la localisation et l’adresse des journalistes du NYT, le FBI enquêterait, il y aurait des audiences au Capitole et Biden ferait des discours sur la fin de la démocratie”, a essayé de se justifier Elon Musk jeudi. Pour rappel, les cas de harcèlement de journalistes et autres personnalités publiques sont monnaie courante sur Twitter depuis des années.

Le caprice de trop ?

Une justification qui ne devrait pas suffire à éteindre la vague d’indignation provoquée du côté des décideurs politiques. “Les nouvelles concernant la suspension arbitraire de journalistes sur Twitter sont inquiétantes”, a déclaré la commissaire européenne aux Valeurs, Véra Jourová. Et d’ajouter : “Il y a des lignes rouges. Et des sanctions, bientôt”, en référence au Digital Services Act (DSA) et au Media Freedom Act à venir.

En France, aussi, cette nouvelle décision “arbitraire” a fait réagir. “La liberté de la presse est au fondement même de la démocratie. Attenter à l’une c’est attenter à l’autre. Affligé par la dérive dans laquelle Elon Musk précipite Twitter”, a commenté le ministre français au Numérique, Jean-Noël Barrot. Son collègue à l’Industrie, Roland Lescure, a quant à lui annoncé suspendre toute activité sur le réseau social jusqu’à nouvel ordre.

Même stupeur outre-Rhin. “La suspension arbitraire des comptes des journalistes sur Twitter est inacceptable. Si cette situation continue, je quitterai cette plateforme. Vous pouvez me trouver sur Mastodon”, a indiqué le porte-parole du gouvernement fédéral allemand, Wolfgang Buechner. Cette invitation est loin d’être anecdotique puisque le compte de la plateforme Mastodon, sur laquelle se réfugie une partie des utilisateurs de Twitter, a également été suspendu du réseau social, et tous les liens y menant sont désormais bannis.

Quid du “Conseil de modération des contenus” ?

Elon Musk s’était pourtant engagé, fin octobre, à mettre en “un conseil de modération du contenu réunissant des points de vue très divers”. “Aucune décision importante concernant le contenu ou le rétablissement des comptes ne sera prise avant la réunion de ce conseil”, avait-il alors promis.

Mais il semblerait que le milliardaire américain ait finalement privilégié la démocratie directe, là encore, sous ses propres conditions. Face aux critiques, l’adepte des sondages a demandé à ses 121 millions d’abonnés quand les comptes de journalistes devraient être réintégrés : “maintenant”, “demain, “dans sept jours” ou “dans plus longtemps”. Mais, face à la majorité de 43% qui s’est prononcée en faveur d’une levée immédiate de la suspension, Elon Musk a préféré botter en touche et a indiqué qu’il referait un sondage, car celui-ci proposait "trop d’options".

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