Une transformation numérique même pour SAP, Microsoft et Oracle ?

Comme les cordonniers toujours les plus mal chaussés, les géants de l’informatique du XXe siècle peinent à endosser les atours du numérique : vitesse, simplicité et design d’usage.

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Une transformation numérique même pour SAP, Microsoft et Oracle ?

Hasard des calendriers ou alerte générale chez les géants du logiciel ? En l’espace de quelques jours, les patrons de Microsoft et Oracle, et un directeur de SAP, sont venus expliquer à leur clients français, en direct ou via les médias, qu’ils avaient bien l’intention de s’appliquer à eux-mêmes la transformation numérique qu’ils invitent leur clients à mener chez eux.

A commencer par Satya Nadella, directeur général de Microsoft, de passage à Paris lors d’un tour d’Europe, qui s’est prêté au jeu de l’entretien scénarisé avec deux clients, Vivek Badrinath, directeur général adjoint d'Accor et d'Hervé Coureil, DSI de Schneider Electric, pour faire passer son message. "Vitesse, vitesse, vitesse", réclame-t-il à ses employés pour s’adapter à l’évolution accélérée du marché de l’informatique. Cela passe bien sûr par l’offre, le mobile et le cloud computing, mais surtout par un changement de culture. "Je ne me préoccupe pas du changement de modèle, avoue-t-il. Je me concentre sur la transformation du groupe. Et le changement de modèle en découlera naturellement."

Simplicité, amour et gratuité

La veille, c’est Steve Lucas, président SAP Platform solutions, qui venait expliquer que, ce qu’il faut à son entreprise, c’est faire simple. "L’industrie du logiciel est devenue vraiment trop complexe. Et je ne crois pas que SAP a été immunisé contre cette complexité", a-t-il reconnu. Comme vaccin, il invite ses troupes à s’inoculer une nouvelle culture à base de simplicité (des produits), d’amour (pour les produits) et de gratuité ! Et pour fabriquer ce remède, l’Allemand compte sur sa technologie de traitement de données Hana, sur le design thinking et sur un changement de culture commerciale. SAP offre en effet depuis quelques mois son outil de visualisation de données, Lumira en téléchargement gratuit.

Le pari étant que, "comme dans avec le BYOD (Bring your own device, l’utilisation du smartphone personnel au bureau), les employés qui ont quelque chose qui marche à la maison, ont envie de la même chose au bureau, comme l’explique Steve Lucas. Et que personne n’a envie d’être sans cesse relancer par des commerciaux". Autant dire, que pour les salariés de SAP, c’est un virage a 180°. "Notre plus grand ennemi, en dehors de la complexité, c’est la complaisance et l’idée que tant que quelque chose n’est pas cassé, il n’est pas utile de le changer. Or ce n’est pas parce ce que ça marche, qu’il ne faut pas avancer", explique encore Steve Lucas. Un constat valable pour Microsoft ou Oracle, dont les résultats financiers et parts de marché excellents pourraient laisser penser qu’il ne faut pas changer de modèle, puisqu’il fonctionne.

Créer l’envie, au bureau aussi

Mark Hurd, directeur général d’Oracle, lui aussi de passage à Paris, ne dira sûrement pas autre chose. Il vient lui aussi parler de transformation digitale. Un défi qu’il sait ardu. Comme le démontre son étude “Réussir le changement : préparer, exécuter et mesurer la réussite d'une transformation” réalisée avec Forbes, bien que la plupart des décideurs affirment que la transformation est essentielle pour réussir (survivre ?), 48% d'entre eux reconnaissent que leur organisation n'est aujourd'hui que partiellement ou pas du tout préparée à l'exécuter ! Or, sous la poussée de concurrents comme Salesforce, Amazon ou Google, les géants du logiciel du XXe siècle non plus n’ont plus le choix. Et avec leur organisation pour l’instant pas mieux préparée que celle de leur client, ils doivent aller vite, faire simple et repenser leur produit en fonction des usages. Objectif : au bureau aussi, créer l’envie.

Aurélie Barbaux

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