Universal et Warner négocient avec Google sur l'intelligence artificielle générative
Comme la plupart des artistes, les interprètes sont aujourd'hui menacés par des outils d'IA générative capables de reproduire leur voix. Deux majors de la musique se sont saisies du phénomène pour tenter d'établir un cadre.
La scène se déroule sur l'application TikTok. Assise à son piano, face caméra, la chanteuse belge Angèle compare sa voix à celle qu'un internaute a générée via un outil d'intelligence artificielle pour l'imiter. La ressemblance est frappante, les deux timbres apparaissent presque indistinguables à l'oreille et l'artiste, qui n'avait jusqu'alors jamais prononcé ces paroles issus d'un morceau de rap, ne semble pas en revenir : "J'ai peur pour mon métier", écrit-elle.
Comme de très nombreux chanteurs, Angèle voit en effet proliférer des extraits chantés avec sa voix, montés de toutes pièces grâce à l'intelligence artificielle générative. Alors que certains s'insurgent contre ce qu'ils considèrent comme des usurpations d'identité, deux majors de la musique tentent de se positionner pour créer un cadre légal. Comme l'a rapporté le Financial Times, Universal Music Group (UMG) et Warner Music ont initié des discussions avec Google pour accorder des licences sur ces créations.
Un dilemme pour les artistes
D'après les sources du journal américain, les pourparlers entre UMG et Google auraient pour objectif le développement d'un outil permettant de créer légalement via l'IA générative des chansons tout en rémunérant les propriétaires des droits d'auteur correspondants. Les discussions entre les deux entreprises en seraient à un stade préliminaire pour le moment et aucun détail concernant la nature ou la mise en œuvre de l'outil n'a été communiqué.
Simplement, il est précisé que les artistes concernés auront le choix : ils pourront refuser ou accepter de prendre à part à cet outil. Warner Music, qui cherche également à développer un "produit" avec Google à ce sujet, pourrait instaurer un système d'opt-in similaire pour les musiciens. Leur reste donc à peser le pour et le contre. La rémunération d'un côté alors que l'IA générative connaît un succès exponentiel, la perte de contrôle sur leur voix et l'utilisation de leurs textes de l'autre.
Des garanties à définir
Ceux qui refuseront les propositions de Warner et UMG ne seront pas nécessairement sauvés des griffes de l'intelligence artificielle générative. L'existence d'un canal dédié capable de rémunérer les artistes ne signifie pas en effet que les internautes cesseront de créer illégalement des musiques par d'autres biais, l'offre en ligne d'outils d'IA s'étoffant chaque jour. Quelle protection pourront alors offrir les majors dans un climat qu'on pourrait sans exagérer qualifier de Far West ?
Le dilemme qui s'annonce rappelle, actualité oblige, la lutte des professionnels américains de l'audiovisuel qui réclament des garanties pour leurs métiers vis-à-vis de l'IA générative. Il est d'ailleurs sain à ce titre de se demander si les majors souhaitent réellement défendre les artistes ou simplement obtenir une part d'un gâteau qui s'annonce lucratif.
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