Alors que la France réclame 1,6 milliard d'arriérés d'impôts à Google, Sundar Pichai plaide pour un système fiscal global simplifié

(mis à jour) Le nouveau CEO de Google était à Paris pour rencontrer les étudiants de Sciences Po. Mounir Mahjoubi, président du CNNum, en a profité pour l’interpeller sur les impôts qu’il ne paye pas en Europe. Pour Sundar Pichai, la faute au système fiscal insuffisamment global pour une entreprise comme la sienne. Et pour les autres. La France devrait pourtant lui réclamer 1,6 milliard d'euros d'arriérés.

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Alors que la France réclame 1,6 milliard d'arriérés d'impôts à Google, Sundar Pichai plaide pour un système fiscal global simplifié

Le nouveau CEO de Google, Sundar Pichai, est venu promouvoir son entreprise auprès des étudiants de Sciences Po, en particulier ceux ayant choisi le journalisme. Le discours, parsemé d’annonces, est resté convenu. Mais lors de la session de questions / réponses, la provocation est venue de Mounir Mahjoubi, le nouveau président du CNNum. Après avoir précisé être un adepte de longue date des services du géant californien (“mounir@gmail.com depuis 15 ans !”), il a demandé quelques comptes au patron de l’entité la plus lucrative d’Alphabet. Google compte-t-il redistribuer la valeur qu’il crée non seulement auprès de sa maison mère et de ses actionnaires, mais aussi sous forme d’impôts dans les pays où il réalise du chiffre d’affaires, a-t-il demandé en substance. Au même moment, une persistante rumeur prête à Bercy la volonté de réclamer au Californien 1,6 milliard d'euros d'arriérés d'impôts, sans négociation possible. Un montant dix fois plus élevé que celui demandé par le Royaume-Uni après discussion avec Google.

Une entreprise globale, une fiscalité par pays

Sundar Pichai, né en Inde entre l’ancienne Madras et Pondichéry, n'était que louanges depuis son arrivée face à un amphithéâtre plein à craquer, pour une France qu’il aime et qu’il connaît bien. Mais là, il a botté en touche. Il a répété que Google est une entreprise globale, qu’il y avait des lois fiscales différentes dans tous les pays et que dans ces cinq dernières années, Google avait payé une moyenne de 19% d’impôts. Un taux, selon lui, tout à fait en ligne avec la moyenne de l’OCDE. “Nous plaidons pour un système fiscal global plus simple",”a-t-il insisté plutôt que de promettre de payer plus d’impôts localement.

Installer des centres de R&D locaux

Le discours est rodé. La plupart des ingénieurs Google sont aux États-Unis et le Californien essaie “d’ouvrir des centres de R&D ailleurs, pour créer plus de valeur localement”. Entre les lignes, faudrait-il donc lire une distinction entre la valeur réelle créée par les ingénieurs et les revenus publicitaires pourtant engrangés massivement par la firme au point d’en faire la majorité de son chiffre d’affaires (90% au Q4 2015) ?

Un système fiscal qui gêne aussi les entreprises locales

Grand sourire aux lèvres, Sundar Pichai a tout de même rappelé que le système fiscal global actuel ne gênait pas que lui ou d’autres entreprises du numérique… mais aussi des “entreprises basées ici”. A bons entendeurs, salut.

Interrogé par ailleurs sur les adblocks de plus en plus populaires, le CEO a aussi rappelé subreptiscement aux utilisateurs que sans pub, ils devraient payer des centaines d’euros pour ses services… Chez Google, on ne plaisante pas avec les revenus (75 milliards de dollars en 2015).

En attendant de parler concurrence avec la Commissaire Vestager

Sundar Pichai aura sans doute plus fort à faire le 25 février. S’il s’est en effet arrêté à Paris, c’est sur le chemin de Bruxelles. Il y rencontrera la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager, sur les différentes accusations de position dominante du Californien, en particulier avec son moteur de recherche. “Je vais la rencontrer pour la première fois, a simplement commenté le CEO. Google a la chance de servir des milliards d’utilisateurs… Mais l’important c”est de dialoguer. Je vais l’écouter”.

La seule présence du patron de la filiale la plus importante d’Alphabet en Europe est sans doute preuve que les grands du numérique ne peuvent cependant plus ignorer les interpellations du Vieux-Continent. Et des autres régions du monde.

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