Antitrust : Alibaba et Ant Group dans le collimateur des régulateurs chinois
L'autorité de la concurrence chinoise vient d'ouvrir une enquête antitrust sur les pratiques d'Alibaba concernant notamment un pacte d'exclusivité qui empêcherait les commerçants de vendre leurs produits sur des plateformes concurrentes. Sa filiale financière Ant Group est aussi dans le viseur de la Banque populaire de Chine quelques semaines après son IPO record, qui a été suspendue.
Le géant de l'e-commerce Alibaba fait l'objet d'une enquête pour pratiques antitrust menée par les autorités chinoises, révèle Reuters le 23 décembre. Cette annonce a fait dégringolé son titre de plus de 3 % à l'ouverture de la la bourse de Hong Kong.
Un pacte d'exclusivité litigieux
Dans un communiqué, l'administration d'Etat pour la régulation du marché (SAMR) – l'équivalent de l'Autorité de la concurrence en Chine – a déclaré que les investigations concernaient le recours par Alibaba à la pratique dite de "l'un ou l'autre". Cela désigne la contrainte pour les commerçants de signer un pacte de coopération exclusive avec une plateforme. Ils se retrouvent alors dans l'impossibilité de proposer leurs produits sur des sites concurrents. Une situation qui, d'après la SAMR, pourrait être contraire aux lois antitrust chinoises.
La filiale d'Alibaba Ant Group, éditrice de l'application Alipay, est également dans le collimateur des autorités réglementaires. Dans un communiqué, la Banque populaire de Chine (BPC), qui est chargée d'émettre les billets et pièces en circulation dans le pays, va s'entretenir avec elle dans les prochains jours. L'autorité n'a pas précisé le motif de cette audition.
Alibaba a promis qu'il coopérerait "activement" avec les autorités dans le cadre de l'enquête. De son côté, Ant Group a fait savoir par voie de communiqué qu'il se conformerait "rapidement" aux demandes de la BPC.
L'IPO ratée d'Ant Group
L'ouverture de cette procédure intervient quelques semaines après l'IPO ratée d'Ant Group sur les Bourses de Hong Kong et de Shanghai. Ce qui devait être la plus importante introduction boursière au monde a été stoppée par les autorités nationales sous prétexte que certains changements réglementaires n'avaient pas été portés correctement à la connaissance des investisseurs.
Ce coup d'arrêt a fait suite à une conférence de Jack Ma lors de laquelle le fondateur d'Alibaba avait vivement critiqué le système financier et les banques d'Etat. Il accusait également les autorités régulatrices d'étouffer l'innovation. Des propos qui lui ont valu une convocation devant des représentants de la banque centrale, du régulateur boursier et du régulateur bancaire chinois.
De l'adoration à la suspicion
Alors que durant de nombreuses années, les grands groupes chinois tels que Tencent, Alibaba, JD.com, Pinduoduo ou ByteDance ont fait la fierté de la Chine, Pékin cherche désormais à savoir si leurs positions n'affecteraient pas le paysage commercial.
Le Quotidien du Peuple, le principal journal du Parti communiste chinois, a d'ailleurs rapidement approuvé l'enquête sur Alibaba dans un article. "Il s'agit d'une étape importante dans le renforcement de la surveillance antimonopole dans la sphère Internet", peut-on lire. "Cela sera bénéfique pour réglementer ce secteur et promouvoir le développement sain à long terme des plateformes."
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