Autodesk se met à la biologie
Mais que vient faire le créateur du logiciel Autocad dans la biologie de synthèse et l’ingénierie des tissus ? Après s’être diversifié dans l’animation numérique, l’éditeur de logiciels met une vingtaine de chercheurs sur les thèmes les plus novateurs de la biologie. Interview de Carlos Olguin, responsable du groupe Bio/Nano/Programmable Matter, chez Autodesk Research.
L’Usine Nouvelle - Quel est l’objectif de votre équipe ?
Carlos Olguin - Nous appartenons à Autodesk Research, qui est la branche chargée de faire le pont entre l’entreprise et la recherche universitaire, afin de détecter et développer des technologies qui peuvent intéresser les différents domaines sur lesquels Autodesk est présent, tels que l’ingénierie mécanique, le design, les logiciels pour la construction, les logiciels d’animation… Mais notre équipe a un statut un peu particulier, car nous travaillons dans des domaines encore très jeunes, à la croisée des nanotechnologies, de la biologie et du numérique. On nous voit souvent comme une sorte de start-up au sein d’Autodesk…
Qu’entendez-vous par "programmable matter" (matière programmable) ?
C’est l’idée que l’on peut contrôler la matière pour créer une propriété émergente qui n’existait pas avant. Cela met en jeu des processus inconnus en ingénierie traditionnelle, mais qui sont très courants en biologie. Par exemple, des molécules qui s’auto-assemblent dans certaines conditions pour réaliser une fonction. Des chercheurs de Harvard (Wyss Institute for Biologically Inspired Engineering) ont par exemple créé, à partir d’ADN, des nanorobots capables de transporter et délivrer un médicament spécifiquement sur des cellules cancéreuses.
Quel peut-être le rôle d’Autodesk dans ces recherches ?
Nous mettons à disposition des chercheurs une plateforme de logiciels basée sur le cloud, baptisée Project Cyborg, avec lesquels ils peuvent développer des applications de modélisation, simulation, et optimisation, et les partager avec d’autres s’ils le souhaitent. C’est une manière de pousser le développement de logiciels d’ingénierie dans des domaines variés comme la biologie de synthèse, les biomatériaux, l’ingénierie des tissus biologiques… Et pour nous c’est aussi une fenêtre sur ce qui se passe dans les laboratoires.
Le "bioprinting", l’utilisation d’imprimantes pour construire des tissus biologiques couche par couche, est l’un des thèmes principaux auxquels s’intéresse votre équipe. Où en êtes-vous ?
Nous avons un accord de développement avec la start-up Organovo, la seule entreprise à proposer sur le marché des imprimantes pour le vivant. Ils utilisent expérimentalement des logiciels que nous développons pour piloter les bio-imprimantes. Ce n’est que le début. Aujourd’hui, les imprimantes d’Organovo n’ont pas pour but de créer des organes, mais seulement des petits tissus qui pourront servir aux firmes pharmaceutiques qui testent des médicaments. Mais cela peut aller très vite.
Thierry Lucas
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