Bpifrance Le Lab se pose en lanceur d’alerte de la transformation numérique
Aucune filière n’échappera à la révolution numérique, prévient Bpifrance Le Lab dans son rapport, "le Numérique déroutant". Une alerte étayée par l’étude détaillée de 4 secteurs : le tourisme, qui n’a rien vu venir, mais aussi la plasturgie, le bâtiment ou le transport de petits colis, qui devraient vraiment se méfier.
C’est avec une étude originale, au titre, "le numérique déroutant", tout aussi original, que Bpifrance Le Lab veut lancer un message d’alerte à toutes les filières : la transformation numérique touchera tous les secteurs. Pour le prouver, l’analyse décortique les mécanismes de rupture, qui ont notamment amené le tourisme français à perdre de 15 à 30% de la valeur des ventes en ligne au profit de plates-formes internet comme Booking.com.
"On envisage toujours le numérique soit via les start-up, soit à travers une vision générale très positive d’augmentation des chiffres d’affaires et d’optimisation des processus. Mais dans les PME, ce n’est pas ce que j’observe. Il ne s’agit pas d’une évolution incrémentale, mais très radicale, d’où l‘idée de numérique déroutant ", explique Olivier Sichel, président du Groupe LeGuide.com, membre du Comité National d’Orientation de Bpifrance et rapporteur de l’étude.
C’est donc au sens de "disruptif" qu’il faut entendre le terme déroutant. D’ailleurs, plusieurs fois dans les pages de rapport, on trouvera cette mise en garde : "disrupter ou être disrupté, tel est bien - pour le pire et le meilleur - le dilemme de notre époque."
Disrupter ou être disrupté
Et cette nouvelle maxime serait valable pour tous. Pour le démontrer, l’étude a décortiqué les mécanismes de disruption à l’œuvre dans quatre secteurs : le tourisme, le transport de petits colis, le BTP et la plasturgie. "On a travaillé avec les filières, explique Olivier Sichel. Certaines ont le poids de l’expérience, comme le syndicat hôtelier, qui regrette aujourd’hui de n’avoir pas réagi plus tôt. D’autres n’envisagent pas encore le numérique comme disrupteur. La plasturgie, par exemple, l’envisage principalement sous l’angle imprimante 3D."
Mais que se passerait-il si un géant du numérique arrivait à standardiser et contrôler les OS des imprimantes 3D ? Qu’arriverait-il aux PME de la filière si un nouveau protocole leur faisait perdre les droits des propriétés industrielles sur leurs moules ? "Lorsque l’on pose ce type de questions, les gens commencent à réfléchir autrement, observe Olivier Sichel. Mais le but de l’étude n’est pas de se mettre à la place de la filière pour envisager son avenir numérique. On a surtout voulu lancer un 'wake up call' (un signal d'alarme, ndlr) pour dire : 'Attention, votre secteur aussi peut être numérisé !'"
Trois "lignes Maginot" du numérique à dépasser
Le rapport explique pourquoi personne n’est à l’abri. Invitant toutes les filières à dépasser ce que les auteurs appellent les trois "lignes Maginot" du numérique. La première, c’est que la proximité physique avec son client ne suffit pas à se prémunir, notamment face à la qualité de service des Amazon et autres Price Minister. La deuxième concerne "les réglementations et autres barrières à l’entrée". La troisième idée à retenir est celle que l'absence de possibilité de délocalisation de la production d'un produit ou d'un service est une protection illusoire. Regardez ce que vit l’hôtellerie !
Mais comment aller plus loin que le décryptage des différents mécanismes de rupture ? Les économistes de Bpifrance Le Lab, ce laboratoire d’idées créé il y a un an pour partager les données et les études de la banque d’État des PME, sont justement disponibles pour creuser la question avec toutes les filières qui le souhaitent.
Les filières invitées à travailler avec Le Lab
"Nous voulons donner une suite à l’étude 'Numérique déroutant', explique Philippe Mutricy, directeur de Bpifrance Le Lab. On est prêt à approfondir ce qu’on a écrit, notamment sur l’hôtellerie, s’ils veulent aller un cran au-delà, et chiffrer réellement l’impact du numérique. Et si d’autres secteurs veulent regarder comment le numérique modifie la chaîne de valeur, nous le ferons aussi."
Mais Philippe Mutricy le reconnaît, même Bpifrance manque de chiffres pour mesurer les transformations en cours : "Ce premier rapport est surtout une étude de tendance. Nous avons besoin de travailler avec les filières pour aller plus loin". Le Lab de Bpifrance est d’ailleurs totalement ouvert à la signature de partenariat avec les organisations professionnelles (mais pas avec une seule entreprise).
Et même si les filières ne viennent pas, ses économistes travaillent le sujet. Une étude est en cours sur l’évolution des industries créatives. Et Le Lab réfléchit à des scénarios à cinq ans de l’évolution de l’économie.
Aurélie Barbaux
Etude Bpifrance Le Lab - Numérique Déroutant
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