Bruxelles exprime ses préoccupations dans le secteur des objets connectés et des assistants vocaux
Près d'un an après l'ouverture d'une enquête sectorielle sur les objets connectés, la Commission européenne présente ses premiers résultats qui reposent en partie sur la contribution de 200 entreprises. Il ressort de ces conclusions que ce marché est concentré dans la main de quelques grandes sociétés (Google, Amazon et Google), ce qui empêcherait l'introduction de nouveaux acteurs. Les coûts et le manque d'interopérabilité constituent également des freins, d'après les sondés.
En juillet 2020, la Commission européenne a ouvert une enquête sectorielle antitrust sur les objets connectés grand public. Elle vient de rendre sa première série de conclusions au sein d'un rapport préliminaire qui compile les réponses fournies par plus de 200 entreprises opérant sur les marchés des biens et des services de consommation liés à l'IoT en Europe, en Asie et aux Etats-Unis.
L'apparition de gatekeepers
Comme l'explique Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence, la Commission européenne craignait que "des contrôleurs d'accès émergent dans ce secteur. Nous craignions qu'ils ne fassent usage de leur pouvoir pour nuire à la concurrence, au détriment du développement des entreprises et des consommateurs". Ces craintes semblent fondées puisque les entreprises auditionnées "partagent nos préoccupations", a déclaré la haute fonctionnaire.
En premier lieu, Bruxelles note "une tendance à l'augmentation de la disponibilité et à la multiplication des assistants vocaux en tant qu'interface utilisateur" d'où l'importance de se pencher sur ce secteur. Ce sont le coût des investissements dans la technologie et la situation concurrentielle qui constituent les principaux obstacles à l'entrée ou à l'expansion dans le secteur, d'après les sociétés sondées.
En effet, le marché des objets connecté est concentré dans les mains de quelques grandes entreprises technologiques qui déterminent les processus d'intégration des appareils et services dans un système d'IoT puisqu'elles fournissent les systèmes d'exploitation des appareils les plus courants ainsi que les assistants vocaux de "premier plan", indique la Commission. Elle cite Amazon, Google et Apple. Cette concentration provoque également un manque d'interopérabilité entre les divers systèmes.
Les entreprises dominantes ont accès à un grand nombre de données
Les répondants ont également fait part de leurs préoccupations sur certaines pratiques d'exclusivité et de vente liée aux assistants vocaux et aux pratiques limitant la possibilité d'utiliser différents assistants vocaux sur le même appareil. Ils s'inquiètent aussi de l'accès par les entreprises concernées à d'importantes quantités de données. Cette accumulation offrirait "non seulement aux fournisseurs d'assistants vocaux des avantages liés à l'amélioration de leur technologie et au renforcement de sa position sur le marché, mais leur permettraient également d'exercer plus facilement leur influence sur les marchés adjacents", explique l'exécutif européen.
Ce rapport préliminaire fait désormais l'objet d'une consultation publique ouverte jusqu'au 1er septembre 2021. Les personnes intéressées pourront formuler des observations sur les conclusions de l'enquête sectorielle, soumettre des informations complémentaires ou soulever d'autres sujets de préoccupation. Un rapport final devrait être publié dans le courant du premier semestre 2022.
AlimentER le débat autour du DMA
Les réponses apportées pourront également alimenter les débats autour du Digital Markets Act (DMA). Présenté par la Commission européenne en décembre dernier, ce texte encore au stade de projet vise à réguler le comportement des grandes entreprises technologiques, en particulier les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Il s'agit d'une sorte de cadre commun pour les Etats membres de l'Union européenne portant sur la concurrence en ligne.
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