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Facebook crée un centre d'intelligence artificielle à Paris
"Coacher une dream team de chercheurs c'est un peu comme mener un troupeau de chats", selon le responsable IA de Facebook
Embauché par Mark Zuckerberg fin 2013 pour créer de toutes pièces un département de recherche en intelligence artificielle, le Français Yann le Cun dispose de moyens importants pour embaucher des pointures du secteur. Dans sa dream team d'ingénieurs et de chercheurs (une cinquantaine au total) il a fait entrer de grands noms comme Vladimir Vlapnik, le père de la théorie statistique de l'apprentissage, le Français Léon Bottou, qui mène les recherches sur le traitement automatique du langage, ou Rob Fergus, qui dirige les équipes en charge de la vision par ordinateur. Comment coacher ces fortes personnalités et sur quelles priorités les faire travailler ? Le responsable du programme Fair (Facebook artificial intelligence research) nous donnes ses tips.
L'Usine Digitale - Quel mandat vous a confié Mark Zuckerberg quand il est venu vous chercher fin 2013 ?
Yann le Cun - Jusque-là, Facebook menait des projets liés à la reconnaissance d'images, mais en développement et ingénierie avancée plus qu'en recherche. L'entreprise avait relativement peu d'activités de recherche fondamentale dans l'ensemble. Ce qui m'a attiré, c'est la possibilité qu'on m'offrait de mener la barque à ma manière.
J'avais des idées assez précises sur la façon d'organiser la recherche dans l'industrie, faire collaborer la recherche et le développement, ayant passé beaucoup d'années chez AT&T. Il se trouvait que j'étais aussi relativement expert sur des domaines stratégiques pour Facebook, comme le deep learning. Ma mission, c'est de créer un terreau fertile, d'essayer de motiver les gens à travailler ensemble, avec des projets en synergie les uns avec les autres, mais aussi en phase avec les intérêts de l'entreprise.
N'avez-vous pas une obligation de résultat ?
Il y a une pression relativement faible, satisfaite de manière simple : on garde un spectre large de travaux, qui couvre des projets très appliqués à court terme et des choses plus ambitieuses à long terme, plus risquées. C'est une question de dosage. La plupart des chercheurs mènent des projets des deux natures. Avec beaucoup de liberté, pour leur laisser la possibilité d'explorer sur le temps long.
Comment manage-t-on une dream team de chercheurs de niveau mondial ?
Il y a une expression pour ça : c'est un peu comme essayer d'organiser un troupeau de chats ! Les meilleurs chercheurs ont des idées très précises sur ce qu'ils veulent faire. On les recrute non seulement sur leur capacité technique, mais aussi sur leur bon "nez" pour détecter les problèmes intéressants sur lesquels travailler et susceptibles d'avoir un impact.
Pour faire un bon labo de recherche, il faut des gens avec des motivations et des talents très différents, qui ont une vision d'ensemble, de long terme. Il en faut avec une puissance de feu intellectuelle sans égale, d'autres qui savent résoudre des problèmes sans pour autant pouvoir les formuler correctement. Des ingénieurs, d'excellents codeurs... Il faut essayer de trouver le bon mix d'expertises, d'intérêts, de motivations.
Comment se fait le lien avec les équipes produits ?
Il y a une philosophie chez Facebook : le code que chacun écrit est partagé avec tout le monde, chaque ingénieur peut y avoir accès. Dès qu'une nouvelle technologie est utilisable, on la met à disposition et elle peut être exploitée par n'importe qui n'importe où à l'intérieur de Facebook. On peut les y aider si nécessaire.
Par exemple, on a créé un ensemble de technologies qui permettent aux différents groupes produits au sein de Facebook de développer leur propre système de classification d'images. Plus largement, on collabore de manière assez étroite avec des groupes de développement avancé. Ils prennent certains de nos prototypes et les transforment en outils utilisables, que ce soit en matière de reconnaissance d'image, ou de compréhension du langage naturel.
Qui est Yann le Cun ?
Yann le Cun, 55 ans, est un éminent chercheur français, spécialiste de l'intelligence artificielle, de la vision par ordinateur et du deep learning. Il est diplômé de l'Ecole Supérieure d'Ingénieur en Electrotechnique et Electronique (ESIEE) et titulaire d'un doctorat en informatique de l'Université Pierre et Marie Curie. Il est arrivé chez l'opérateur américain AT&T en 1988 où il a notamment contribué à la conception des algorithmes de compression du format d'archivage DjVu. Yann le Cun a rejoint Facebook fin 2013 pour y diriger le nouveau laboratoire FAIR, "Facebook Artificial Intelligence Research". Son site personnel.
Quel est votre plus grand défi technologique ?
Probablement la compréhension du langage naturel, en lien avec les systèmes de dialogue. Tous ces outils qui permettront aux gens de converser de manière complètement ouverte avec un assistant personnel, d'ici quelques années, et capables de répondre à n'importe quelle question.
Facebook travaille sur un équivalent de Cortana ou Siri ?
Cela se manifesterait de manière un peu différente, mais oui. Les systèmes qui existent aujourd'hui sont relativement limités puisque les dialogues sont pré-scriptés. Il y a seulement un certain type de questions auxquelles ils peuvent répondre. Et surtout, tous ces scripts sont développés à la main. Nous essayons de faire un système qui apprend automatiquement à répondre à tout type de question.
A la conférence F8, nous avons présenté une démo de "Réseaux de mémoire", un système capable de lire une histoire puis de répondre à des questions sur cette histoire (en l'occurrence, le Seigneur des anneaux). Cet exemple particulier, c'est quelque chose que l'on peut faire avec des techniques classiques mais cela prendrait énormément d'efforts. L'avantage du système que l'on a développé, c'est qu'on l'a entièrement entrainé. Presque rien n'est construit à la main. Evidemment, nous ne sommes pas les seuls à travailler sur ces questions, Google le fait, Microsoft aussi. C'est là que beaucoup de choses vont se jouer.
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