David Monteau quitte la French Tech : "Nous n’avons pas créé un gros machin public, mais un écosystème"
David Monteau, le directeur de la mission French Tech, démissionne. Lui qui a œuvré pendant quatre ans pour l’émergence de start-up en France et leur rayonnement à l’international quitte son poste pour… un projet de start-up. Pour L’Usine Digitale, il revient, à chaud, sur ses quatre années passées à la tête de la mission initiée par Fleur Pellerin.
Stéphanie Mundubeltz-Gendron
David Monteau, c’est un peu l’homme de l’ombre de la French Tech. A l’été 2013, il est appelé par l’équipe de Fleur Pellerin pour piloter la partie opérationnelle du projet, encore baptisé "Quartier Numérique". "A l’époque, Fleur Pellerin préparait toute une action autour du numérique et de l’innovation", explique David Monteau. Avec une idée sous-jacente : remettre les start-up au cœur de l’innovation.
Des start-up absentes de la politique innovation…
"J’étais alors directeur du transfert technologique et de la création d’entreprises à l’Inria. J’étais en contact avec les professionnels de l’innovation et j’avais pas mal d’expérience terrain", se souvient David Monteau. "J’avais une vision sur le fonctionnement de l’innovation et la manière dont le sujet était abordé en France par les pouvoirs publics… Tous les efforts étaient tournés autour de la recherche et développement. Or, l’innovation est avant tout un processus entrepreneurial". Cette expérience aurait convaincu le secrétariat au numérique du moment. "Il y avait un chaînon manquant : la start-up", explique-t-il. C’est ainsi que la French Tech s’est construite, autour d’une conviction : "Le moteur de l’innovation, ce sont les start-up".
...mais ça, c’était avant la French Tech
L’initiative French Tech est officiellement lancée en novembre 2013. David Monteau est nommé directeur. Avec trois missions : fédérer l’écosystème de start-up français, accélérer la croissance des start-up et faire rayonner la French Tech à l’international. Dès janvier 2014, la French Tech commence à se faire remarquer au CES de Las Vegas. Mais le vrai buzz a lieu au CES 2015 avec une présence renforcée de 120 entreprises françaises, dont une soixantaine de start-up regroupées sous un Pavillon French Tech au sein de l’Eureka Park. En janvier 2018, pas moins de 250 jeunes pousses françaises devraient faire le déplacement à las Vegas… contre 35 en 2014.
Un écosystème dynamique
Labellisation des métropoles French Tech, French Tech Tickets, Pass French Tech, Bourses French Tech, French Tech Diversité, charte pour la distribution des objets connectés ... Quatre ans après le lancement de l’initiative, David Monteau et son équipe ont œuvré pour structurer cet écosystème et accompagner les start-up. "Depuis, les choses ont énormément bougé. Le sujet s’est très largement imposé partout, se félicite-t-il. Quand on regarde le volume de levées de fonds et le nombre de création de start-up, on remarque que l’écosystème de start-up français est celui qui s’est développé le plus vite en Europe. La France s’est imposée rapidement dans le monde de la tech. Il y a eu une vraie prise de conscience des grandes entreprises, des investisseurs, des acteurs publics. Quant aux jeunes diplômés, cela les motive de bosser pour une start-up." Et d’ajouter : "Avec peu de moyens et une petite équipe (une quinzaine de personnes, ndlr) nous avons réussi à changer le logiciel intellectuel autour des start-up".
Le directeur de la Mission French Tech se félicite également de l’enthousiasme et du bouillonnement autour de la marque. "Cette communauté d’entrepreneurs est dynamique et performante. Tout un réseau s’est construit derrière, en région, mais aussi au travers des hubs à l’étranger, à Shenzhen, San Francisco…" Et si l’utilisation de la marque peut sembler parfois un peu floue et désorganisée, ce n’est pas vraiment un souci : "On ne peut que se féliciter que les écosystèmes se soient emparés de la marque, même si ce sont le start-up qui doivent la porter (…)", précise-t-il, citant Fleur Pellerin. Ce succès, David Monteau l’explique ainsi : "Nous n’avons pas créé un gros machin public, mais un écosystème des start-up d'innovation"
Ce qu’il reste à faire
Tout n’est pas parfait. David Monteau en convient : "Il y a encore des ajustements à faire, ainsi qu’encore un travail pour améliorer la visibilité internationale". Si David Monteau estime, avec son équipe, avoir fait à peu près tout ce qu’il souhaitait, il reste trois sujets importants, selon lui : accélérer la collaboration entre les start-up et les ETI, augmenter le nombre de femmes dans la Tech et renforcer les liens avec le monde académique.
Le directeur de la Mission French Tech annonce aujourd’hui son départ pour rejoindre… un projet de start-up encore tenu confidentiel. Un parcours assez logique… Malgré quelques regrets liés à certaines lourdeurs de l’Etat, si c’était à refaire, il replongerait sans hésiter, saluant au passage le soutien politique fort avec Fleur Pellerin, puis d’Axelle Lemaire, mais aussi Emmanuel Macron en tant que Ministre de l’Economie. "On a beaucoup appris", affirme-t-il.
David Monteau sera en poste jusqu’à fin décembre. Son successeur sera annoncé dans les semaines à venir. Les candidatures sont ouvertes.
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