Deep tech : le capital humain sera la clé pour tirer parti de la prochaine vague de transformation numérique

La transformation numérique n'est pas qu'un seul cap à franchir. Elle se compose de plusieurs vagues par lesquelles les nouvelles technologies de rupture, ou "deep tech", modifient profondément la manière dont les entreprises opèrent, avec les retombées économiques associées. Le salon français Viva technology a choisi de mettre cette thématique en avant pour son édition 2020, et s'est associé pour ce faire au cabinet de conseil McKinsey. Sa directrice générale, Julie Ranty, et Éric Hazan, Directeur Associé Senior chez McKinsey, reviennent sur les enjeux de ces technologies.

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Deep tech : le capital humain sera la clé pour tirer parti de la prochaine vague de transformation numérique
Julie Ranty, directrice générale de Viva Technology, et Éric Hazan, Directeur Associé Senior chez McKinsey.

Pour son édition 2020, le salon Viva Technology a choisi de mettre l'accent sur les deep tech, ces start-up spécialisées dans les technologies de rupture. Il s'est associé pour ce faire au cabinet de conseil McKinsey. Six rapports écrits par McKinsey seront publiés d'ici au mois de juin sur les secteurs technologiques concernés. Le premier est l'informatique quantique, que L'Usine Digitale couvre dans cet article. Les suivants seront l'intelligence artificielle, la cybersécurité, le cloud computing, la connectivité (5G mais pas seulement), et l’identité numérique.

Un impact économique majeur

"Cette initiative s'inscrit dans la continuité du rapport sur l'intelligence artificielle que nous avions sorti à l'occasion de la première édition de Vivatech en 2017, explique Eric Hazan, Directeur Associé Senior chez McKinsey et membre du comité de direction du McKinsey Global Institute. Son objectif est d'identifier les technologies disruptives et d'estimer leur impact macro et micro-économique."

En chiffres, cela donne au global 1000 milliards de dollars de valeur d'ici 2035 pour l'informatique quantique et 13 000 milliards de dollars pour l'intelligence artificielle d'ici 2030. À plus court terme, 35% des traitements informatiques des entreprises seront effectués sur le cloud public d'ici 2021. En matière de sécurité, une fuite de données a coûté en moyenne 4 millions de dollars en 2019. Enfin, l'impact de l'identité numérique sur le produit intérieur brut ira de 3% à 13% pour les pays en développement d'ici 2030, et toujours d'ici 10 ans, la connectivité générera entre 1000 et 2000 milliards de PIB supplémentaire pour les secteurs de la mobilité, la santé, la fabrication et la distribution.

Un écosystème français et européen fort

"Nous avons souhaité explorer cette thématique en profondeur cette année pour aider notre communauté à décrypter ses enjeux, acquiesce Julie Ranty, directrice générale de Vivatech. La France et l’Europe se portent bien sur le sujet, cela a permis d’amorcer de beaux projets dans la biotech ou l’IA notamment. Mais il faut avoir des capitaux derrière et une coopération européenne pour avoir accès aux différents marchés." Le salon se positionne justement comme un lieu de rencontre privilégié pour rencontrer des investisseurs ou des partenaires stratégiques. Il a également prévu des intervenants prestigieux sur le sujet.

"Nous avons une bonne base sur les deep tech en France, confirme Eric Hazan. Nous travaillons notamment avec le laboratoire de l'École Polytechnique sur l’IA, et ils sont mondialement respectés. Mais l’enjeu n’est pas d’avoir une masse critique de chercheurs. On voit en ce moment que de plus en plus d’entreprises déploient et testent l'intelligence artificielle sur le cœur de leur business par exemple, mais on bute sur les compétences."

L'évolutivité des compétences, clé de la réussite

L'enjeu, pour le consultant, est l'évolution des compétences en interne. "La problématique du 'reskilling' va devenir de plus en plus prégnante. Google reforme un tiers de ses ingénieurs tous les deux ans. Beaucoup d’entreprises nous en parlent en ce moment, et y travaillent. Les acteurs de l’IT notamment, sur le modèle de ce que font IBM ou SAP. Dans chaque secteur vous avez un ou deux champions qui comprennent que c’est une question de compétitivité. Car c'est le cas. Nous avons calculé que sur le long terme, le retour sur investissement du 'reskilling' est entre 1,5 et 3 fois plus élevé que le recrutement."

Le fossé technologique va se creuser de plus en plus

Cette capacité d'évolution et d'adaptabilité va devenir de plus en plus cruciale avec le temps, et ceux qui prennent du retard auront de plus en plus de mal à le rattraper. "Certaines entreprises pensent être au bout de leur transformation numérique et ne comprennent pas qu'elles n'en sont en fait qu'au début, que d’autres vagues vont arriver," observe Julie Ranty. "En effet, certaines entreprises en sont même encore à s’adapter encore aux premières technologies du numérique, comme l’e-commerce, ajoute Eric Hazan. Et là vient se rajouter l’IA, et ensuite d’autres technologies derrière, qui sont des facteurs de compétitivité qui s’empilent. Et le fossé se creuse entre ceux qui ont attiré les bonnes compétences au bon moment ou pas. C’est le capital humain qui joue."

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