En difficulté, Just Eat Takeaway réfléchit à revendre Grubhub
Deux ans après s'être emparé de l'Américain Grubhub, le spécialiste de la livraison de repas Just Eat Takeaway réfléchit à revendre cette entité sur fond de résultats trimestriels mitigés. De plus, l'entreprise revoit drastiquement à la baisse ses ambitions de salariat des livreurs en France. Elle a annoncé un plan de restructuration qui devrait conduire au licenciement de 269 livreurs en CDI.
Après une année florissante, Just Eat Takeaway est bousculé. Le spécialiste de la livraison de repas a présenté des résultats trimestriels en demi-teinte le 20 avril 2022. Des résultats qui pousse l'entreprise à revoir son modèle économique, consistant à employer des livreurs en CDI, et l'incite à envisager la vente de Grubhub.
Une légère baisse des commandes
264 millions de commandes ont été traitées durant le premier trimestre 2022, soit une baisse de 1% par rapport à 2021. "Après deux années de croissance exceptionnelle, nous maintenons le même niveau élevé de commandes qui ont été traitées pendant les restrictions liées au Covid-19", a pourtant commenté Jitse Groen, CEO de Just Eat Takeaway, dans un communiqué.
Durant la pandémie de Covid-19, Just Eat Takeaway a vu sa base de consommateurs actifs croître rapidement puisque ce sont 20 millions de consommateurs supplémentaires qui ont utilisé son service depuis avril 2020. D'où la baisse actuelle de consommateurs et de commandes.
Toutefois, l'entreprise de livraison de repas ajoute que la valeur brute des transactions (Gross Transaction Value ou GTV) s'élève à 7,2 milliards d'euros au premier trimestre 2022. Cette donnée mesure la valeur totale des repas commandés et livrés. Cette hausse de 4% par rapport à la même période de 2021 est due à une valeur de transaction moyenne plus élevée.
Just Eat Takeaway veut atteindre un EBITDA ajusté positif sur l'ensemble de l'année 2023. "Notre priorité pour 2022 réside dans l'amélioration de la rentabilité et le renforcement de notre activité", ajoute Jitse Groen. Cela passe par l'augmentation des revenus par commande, l'optimisation des coûts de livraison par commande et la réduction des frais généraux et des dépenses d'exploitation. L'entreprise entend également poursuivre son offensive dans la livraison de produits d'épicerie.
Une vente de Grubhub ?
Une éventuelle vente de Grubhub est sur la table, alors même que Just Eat Takeaway s'était emparé de la start-up américaine sous le nez d'Uber en 2020. Elle avait déboursé 7,3 milliards de dollars intégralement en actions pour faire son entrée remarquée sur le marché américain, et ce un an seulement après la fusion entre Just Eat et Takeaway.com. Désormais, la direction "étudie activement l'introduction d'un partenaire stratégique dans et/ou la vente partielle ou totale de Grubhub", écrit l'entreprise dans un communiqué.
Le secteur de la livraison de repas fait l'objet d'une concurrence acharnée. En Europe, les spécialistes du secteur, que ce soit Uber Eats ou Deliveroo, se sont diversifiés en proposant la livraison de produits d'épiceries. Mais la multiplication des start-up spécialisées dans la livraison ultra-rapide de ce type de produit a rebattu les cartes.
Des licenciements de livreurs en France
Durant la pandémie, face à la croissance rapide du nombre de clients et de commande, Just Eat Takeway avait annoncé vouloir recruter 4500 livreurs en CDI en France. Au final, entre 800 et 900 livreurs seulement ont été embauchés et l'entreprise envisage aujourd'hui un plan de sauvegarde de l'emploi pour se séparer de 269 d'entre eux. Le "contexte économique incertain" est mis en avant par l'entreprise.
Ce modèle reposant sur le salariat a été mis en place dans 27 villes françaises et devrait perdurer dans 7 d'entre elles où l'entreprise réalise ses plus gros chiffres d'affaire (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Strasbourg et Roubaix). Seuls 530 livreurs en CDI devraient être gardés à l'issue de cette restructuration.
remise en question du business model
C'est un véritable revers pour Just Eat Takeaway, qui mettait en avant son modèle vertueux face à ses concurrents Deliveroo et Uber Eats dont le modèle économique repose sur des indépendants payés à la commande. A noter que Deliveroo vient d'être condamné en France pour travail dissimulé pour des faits remontants à la période allant de 2015 à 2017. Le tribunal a jugé que les livreurs sont des salariés.
Ce modèle considérant les livreurs comme des indépendants, au cœur de bon nombre de plateformes du numérique, est largement critiqué. Les livreurs, et plus globalement ces indépendants exerçants via ces plateformes, n'ont aucune protection découlant du droit du travail. La Commission européenne a récemment dévoilé une proposition de règlement visant à établir une présomption de salariat.
Si cette réglementation voit le jour et impose le salariat comme étant la norme dans ce secteur de la livraison, il est probable que les entreprises devront revoir leur modèle économique et que certaines d'entre-elles viendront à disparaître. Les clients aussi devront peut-être apprendre à être plus patients en raison du rallongement des délais, alors que l'un des arguments marketing en vogue est la rapidité.
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