[Etude] Les Français estiment qu'ils n'ont pas à se former au numérique
Re.sources, le laboratoire de réflexion de Ranstad, a mené une étude internationale sur le besoin de formations au numérique. Les Français y révèlent leur singularité : pessimistes sur leur avenir, ils ne veulent pas se former... à moins que leur employeur ne s'en occupe.
Mauvaise nouvelle pour les marchands de malheur : le numérique n'est pas considéré comme une menace par les personnes interrogées dans 34 pays dans le cadre d'une étude commandée par Re.sources, le think tank consacré à l'emploi de Randstad (1). 74% des personnes consultées estiment que l'impact du numérique sur l'emploi est positif.
Les français optimistes mais pas trop
Et les trois pays les plus optimistes sont la Chine (93%), l'Inde (91%) et le Mexique (90%), tandis que les personnes les plus inquiètes se trouvent au Japon (49%), au Luxembourg (60%) et en Suisse (61%). En France, la proportion d'optimistes est de 64%, ce qui la place dans le dernier tiers des pays étudiés derrière le Portugal ou la Grèce, à parité ou presque avec ses deux grands voisins, l'Allemagne ou le Royaume-Uni (65%).
Pour tenter d'éclairer ces résultats, les auteurs de l'étude ont cherché à la mettre en relation avec la qualité de la formation au numérique au lycée et à l'université. Le lien n'est pas vraiment évident, comme le montre le graphique ci-dessous. Dans les pays situés dans la partie gauche, où la différence est positive : la proportion de personnes optimistes quant à l'impact du numérique sur l'emploi est supérieure à celle des personnes qui pensent que le système scolaire les a bien formés à ces nouveaux métiers.
Source : Randstad
Pour ne rien simplifier, le lien avec le besoin de formation continue sur ces domaines n'est pas non plus évident. Sur l'ensemble des pays étudiés, 47% des personnes consultées déclarent avoir besoin de se former pour développer leurs compétences digitales. Les plus avides de formation sont les Italiens et les Chinois (80%) suivi des Malaisiens (63%).
Se former oui mais si c'est l'entreprise qui s'en occupe
Fort logiquement, ces trois pays font partie de ceux où le numérique est connoté positivement. Le message sous-jacent semble être : puisque c'est important pour le futur de l'emploi, autant avoir un bon niveau de compétences. La logique semble imparable. Pourtant, l'inverse semble aussi vrai, comme le montre l'exemple français. Seulement 34% des répondants (quasiment le complémentaire de la proportion de ceux qui estiment le numérique positif pour l'emploi) veulent se former. Toutefois, rien ne dit que ce sont ceux qui jugent qu'il est une menace pour l'emploi, puisque nous ne disposons pas de cette information.
Les réponses des Français interrogés traduisent surtout à quel point ils estiment que le développement et le maintien de leur compétences n'est pas principalement de leur ressort. 87% d'entre-eux (juste derrière la Chine qui obtient 90% de réponses) indiquent que la responsabilité de l'adaptation au numérique appartient à leur employeur. C'est dire que l'impact de la réforme de la formation professionnelle voulue par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui redonne en partie la main aux salariés, n'a pas encore été assimilée par l'ensemble d'entre-eux. C'est une tendance globale observée dans les différents pays du panel. Pas un seul pays n'obtient un taux inférieur à 60% quand à la responsabilité de leur entreprise. Et à l'exception du Japon (62%) et du Brésil (69%) tous les autres se situent au-dessus de 70%.
Les employeurs mal notés
Ce dernier résultat est vraiment paradoxal. Les salariés sont en attente de formation de leurs employeurs tout en considérant que ce dernier n'investit pas assez dans l'adaptation de leurs compétences aux enjeux du futur. Ou alors, ils sont vraiment optimistes et pensent que tout ira pour le mieux... demain. Ainsi, seulement 44% des personnes pensent que leur employeur investit dans la formation aux enjeux technologiques du futur. La proportion tombe à 37% en France.
Consulter l'intégralité de l'étude "la formation au numérique des individus"
(1) Etude réalisée par l'institut SSI (survey sampling institute) auprès de 14 600 personnes dans 34 pays. L'échantillon français est composé de 1000 personnes, consultées entre le 23 octobre et le 8 novembre 2018.
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