[Etude] Recourir massivement à la télémédecine permettrait d'économiser un milliard d'euros par an
L'engouement pour la télémédecine issue de la pandémie de Covid-19 redescend. Pourtant, un recours massif à cette pratique permettrait d'économiser au moins 1,044 milliards d'euros par an pour les patients et l'Assurance maladie, d'après une étude de l'Institut économique Molinari. Elle cite les réductions de dépenses liées aux transports, des visites aux urgences...
Recourir massivement à la téléconsultation et à la téléexpertise médicale permettrait de faire une économie d'au moins 1,044 milliards d'euros par an à qualité de soins égale en France, d'après une étude de l'Institut économique Molinari (think tank basé à Paris, Bruxelles et Montréal) publiée le 18 janvier 2022. Elle a été rédigée par l'économiste Pierre Bentata, directeur du cabinet d'études Rinzen et enseignant au sein de l'école supérieur de commerce de Troyes, en collaboration avec Nicolas Marques, directeur général de l'Institut Molinari.
L'agrégation de 8 études
Pour calculer les économies réalisées, les travaux se reposent sur huit études publiées dans des revues scientifiques, minutieusement sélectionnées en fonction d'une grille de critères (pays cible proche de la situation française, échantillon représentatif des patients, appréciation des impacts à moyen terme...). La méthode d'évaluation des impacts de la télémédecine consiste ensuite à appliquer les résultats de ces études au cas de la France. Pour ce faire, la base sur les dépenses d'assurance maladie inter-régimes Open DAMIR a été utilisée. Celle-ci fournit un détail des dépenses mensuelles selon 55 variables (nature de la prestation, type d'établissement, nature de l'exécutant...).
L'étude détaille plusieurs postes d'économies. Le premier de 293 millions d'euros concerne les dépenses liées aux transports pour les patients. Le recours aux téléconsultations et téléexpertises permettrait de plus d'économiser 467 millions d'euros pour l'Assurance maladie sur l'ensemble des consultations de généralistes et de spécialistes (47 millions pour les dermatologues, ophtalmologistes et ORL – 50 millions d'euros pour les cardiologues – 160 millions pour les endocrinologues et gastroentérologues). De plus, 284 millions d'euros d'économies pourraient être réalisés dans les services d'urgence : 162 millions grâce à la réduction des visites et 122 millions grâce à la réduction des transferts de patients.
Une explosion de la télémédecine au début de la pandémie
L'étude plaide donc pour une augmentation du recours aux actes de téléconsultations et de téléexpertises. Leurs nombres ont significativement augmenté au début de la pandémie de Covid-19 : ils sont passés de 40 000 par mois en février 2020 à 4,5 millions en avril 2020. Les trois quarts des médecins généralistes ont mis en place la téléconsultation, alors que moins de 5% la pratiquaient avant la pandémie selon la Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees).
Or, cet engouement est rapidement redescendu avec près d'un million d'actes mensuels de téléconsultations pendant l'été 2020. Depuis, la téléconsultation fluctue autour de 5% de la valeur des consultations traditionnelles des médecins et dentistes libéraux, avec un pic à 8% en novembre 2020.
"A ce stade, le poids de la téléconsultation reste donc modéré", indiquent les économistes. Pourtant, ajoutent-ils, les études scientifiques montrent que ces méthodes ne nuisent pas à la qualité des soins. Ils concluent sur le fait que les médecins généralistes sont au coeur de ces dispositifs : "d'un côté, il peut proposer des téléconsultations à ses patients, lorsque ces derniers éprouvent des difficultés à se déplacer ou préfèrent le confort et la confidentialité de leur domicile. De l’autre, il peut directement solliciter l’avis de spécialistes avec la téléexpertise pour estimer la nécessité d’envoyer son patient vers un spécialiste et déterminer quel type de consultation est préférable, face à face ou téléconsultation". C'est donc cette population qui faut convaincre en premier.
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