"Il faut avoir les reins très solides pour patienter jusqu’au succès d’un jeu vidéo", selon Michael Sportouch d'Activision
A l'occasion de la Paris Games Week, Michael Sportouch, vice-président Europe d'Activision Blizzard, revient sur l'envolée des budgets consacrés à la production des jeux vidéo et sur l'évolution du modèle économique des poids lourds du secteur. En plein mouvement de dématérialisation des contenus, l'un des principaux éditeurs mondiaux reste un fervent supporter de la distribution physique avec notamment sa franchise à succès Skylanders, qui associe figurines bien réelles et monde virtuel.
Julien Bonnet
Mis à jour
31 octobre 2014
L'Usine Digitale - Pourquoi, selon vous, observe-t-on une augmentation des budgets consacrés à la production de jeux vidéo ces dernières années ?
Michael Sportouch - Chez Activision, notre modèle est plutôt simple : nous produisons peu de jeux en quantité en préférant miser sur quelques franchises avec de lourds investissements. Le jeu vidéo est à la frontière de la technologie et du divertissement, il faut donc beaucoup de moyens pour s’imposer. Si le contenu reste interactif et donc intrinsèquement différent du cinéma, les techniques utilisées s’en rapprochent désormais que ce soit pour le travail sur le scénario, les effets de lumière ou la bande son par exemple. Mais il est intéressant de constater qu’aujourd’hui il y a, à la fois de grosses productions, et des jeux indépendants à petits budgets qui rencontrent un franc succès.
Pour votre dernier jeu Destiny, on peut justement parler de budget digne d’un blockbuster ?
Pour Destiny, nous avons annoncé un investissement de plus de 500 millions d’euros mais ce montant est à relativiser. Le premier épisode d’une nouvelle licence est souvent le plus coûteux car il faut partir de zéro. Comme nous proposons dans Destiny une expérience de jeu en ligne (un MMORPG ou jeu massivement multijoueur), il a fallu également construire une infrastructure réseau capable de supporter la connexion de millions de joueurs au même moment.
Des budgets aussi importants n’entraînent-ils pas une plus grande prise de risque ?
Chiffres d'affaires 2013 : 4,583 milliards de dollars
Bénéfice net : 1,010 milliard de dollars
Effectifs à fin 2012 : 7 000 personnes
C’est ce qui fait aussi le charme des loisirs numériques, comme dans le cinéma, le succès n’est pas garanti ! Pour minimiser le risque, nous nous appuyons sur les meilleurs talents. Nos studios sont avant tout des créatifs. Au démarrage d’un projet, il y a une idée et par rapport à ce concept, il y a automatiquement des coûts de développement. Mais la rentabilité n’est jamais un critère au départ. Ensuite, il faut avoir les reins très solides financièrement pour pouvoir patienter jusqu’au succès commercial d’un nouveau jeu.
La dématérialisation des jeux vidéo va-t-elle avoir un effet positif sur la rentabilité des éditeurs ?
Pour les joueurs, je ne pense qu’il y ait une différence fondamentale entre jeu physique sur un disque de plastique et jeu dématérialisé à télécharger. Je pense toutefois que ces deux modèles vont continuer de coexister encore un certain temps. Chez Activision, nous croyons beaucoup à la distribution physique de nos jeux avec ce que cela implique en termes de relation client et de conseils aux joueurs notamment.
Au moment où l'on parle beaucoup de dématérialisation, une licence comme Skylanders qui a fait d’Activision un pionnier du "jouet vidéo" et qui mêle justement monde virtuel et figurines bien réelles, va également dans ce sens.
Propos recueillis par Julien Bonnet
Signe du succès de Skylanders, la franchise dispose d'un grand stand entièrement dédié sur l'espace Junior de la Paris Games Week :
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