[Interview] Jérôme Armbruster, le PDG d'HelloWork (ex- Regionsjob), décrypte sa stratégie
Que de changements en quelques mois. Après avoir annoncé le rachat de Jobijoba, Regionsjob change de nom et devient HelloWork. L'entreprise filiale du groupe Le Télégramme affiche des ambitions et annonce avoir 30 millions d'euros pour les réaliser. Le point avec Jérôme Armbruster, son PDG.
L’Usine Digitale : Revenons un peu en arrière. Vous avez annoncé au début de l’été 2018 le rachat de Jobijoba. Qu’est-ce qui vous a conduit à le faire ?
Jérôme Armbruster : C’était un premier pas de notre stratégie consistant à racheter des sociétés qui vont nous apporter quelque chose qu’on ne faisait pas encore en termes de marché ou de technologie. Sur ce deuxième plan, Jobijoba a beaucoup travaillé sur le référentiel des compétences métiers, avec la Dares par exemple. Ils ont travaillé sur la partie data, la sémantique… En rachetant cette structure, on va pouvoir la mixer partout où on peut apporter un plus au candidat ou au recruteur.
Ils ont aussi développé le CV catcher, un outil qui offre au candidat, plutôt que de rechercher un poste via de multiples formulaires, de déposer son CV qu’il analyse et propose quasiment en temps réel des offres d’emplois correspondant au profil. Regionsjob va utiliser le CV catcher à différents endroits de nos sites pour améliorer le service offert. Ceci rappelé, Jobijoba continuer son activité de son côté.
Vous venez d’annoncer le changement de nom, Regionsjob devenant HelloWork. Vous cédez à la mode du franglais pour faire plus international ?
J. A. : La société a été créée il y a 18 ans maintenant. Au fil du temps, nous avons multiplié les services proposés avec, par exemple, ma formation, le blog du modérateur, Cadreo… Désormais, l’ensemble des services proposés dépasse le cadre strict des régions. Nous avons donc trouvé normal de changer le nom de la société qui propose l’ensemble de ces sites ou de ces services. Nous voulions un nom englobant l’ensemble des activités que nous faisons ou que nous voulons faire. Nous avons choisi HelloWork qui résume bien notre ambition : travailler avec l’ensemble des actifs, du CDI à l’indépendant en passant par l’intérim, pour les aider à trouver un emploi ou une formation qui leur convienne le mieux possible. La marque Regionsjob ne disparaît pas : elle restera pour les services en régions. C’est le nom de la société qui édite les différents services qui change.
A cette occasion vous indiquez avoir un fonds de 30 millions d’euros pour investir dans des sociétés. Qu’allez-vous en faire ?
J. A. : A proprement parler, ce n’est pas un fonds dont la finalité est de revendre les sociétés dans lesquelles il a investi. Les 30 millions que nous avons rassemblés vont nous servir à booster le développement de notre activité. Notre attention se portera vers des sociétés ayant déjà développé un produit ou un savoir-faire qu’ils ont vendu à des clients et qui présentent un potentiel de développement fort. Nous lui apporterons outre de l’argent pour le rachat notre force de frappe pour le développer de manière plus rapide et puissante. Ce sont donc des sociétés que nous souhaitons intégrer. Notre objectif est de construire un ensemble qui puisse se mesurer à nos concurrents européens ou nord-américains.
Ferez-vous des achats à 100 % uniquement ?
J. A. : Pas forcément, mais nous visons des prises de participations largement majoritaires.
Aujourd’hui, pour 30 millions, on n’a plus rien, non ? Il n'y a qu'à regarder les montants des levées de fonds semaine après semaine...
J. A. : Pour nous, 30 millions c’est beaucoup. Nous voulons investir sérieusement pour développer de manière dynamique HelloWork. Nous cherchons plutôt de jeunes entreprises, avec un chiffre d’affaires compris entre 1 et 3 millions d’euros et qui peineraient à se développer seuls. Sur la mise en relation et le recrutement, le marché est estimé à 200 millions d’euros pour la France et 2 milliards d’euros.
Ensuite, je parle d’investissement, pas de levée de fonds, ce qui relativise votre constat. Si on a vu des levées de fonds record, les sorties au bout de 5 ou 6 ans ne se font pas à des niveaux aussi élevés que ça.
Vous avez 30 millions de cash. Ou une partie de crédit bancaire ?
J. A. : Il s’agit d’économies constituées à partir de nos fonds propres, Regionsjob étant rentable depuis 17 ans. Par ailleurs, notre actionnaire, le groupe Télégramme, continuera à investir dans le digital. Nous allons réunir de cette façon les 30 millions d’euros.
Vous concentrerez-vous sur des sociétés franco-françaises ?
J. A. : Nous voulons continuer à nous renforcer en France. On va regarder de près les sociétés présentes en France qui ont du potentiel à l’international. C’était le cas avec Jobijoba, qui est présent en Amérique du Sud et en Europe. Le CV catcher existe en anglais, allemand et en espagnol, ainsi qu’en français.
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