L'Agence du numérique, à peine née, s'interroge sur sa pérennité
L'Agence du numérique, nouveau service du Ministère de l'économie comprenant la mission French Tech et le plan Très Haut débit, a été lancée le 7 juin à Paris par Axelle Lemaire.
Un "do tank" plutôt qu'un think tank, a souligné son directeur Antoine Darode.
La secrétaire d'Etat espère que les futurs locataires de Bercy, quels qu'ils soient, préserveront la nouvelle agence et sa philosophie.
C'est un peu la start-up interne du Ministère de l'Economie. L'Agence du numérique, officiellement créée en février 2015, a eu droit à un baptême officiel le 7 juin 2016. Non pas dans les salons de Bercy, mais dans l'un des nouveaux lieux du numérique parisien, L'Usine I/O. Façon de souligner que le nouveau service, qui vise à diffuser le numérique dans les territoires, s'est développé à l'intérieur du Ministère, officiellement au sein de la Direction générale des entreprises, mais surtout à côté, un peu en marge, voire même contre lui.
Tech mais pas technocratique
Dans son discours inaugural, Axelle Lemaire n'a pas manqué de souligner que cette équipe de 40 personnes, "31 ans de moyenne d'âge", détonne à Bercy. "J'attends de l'agence qu'elle soit ouverte, agile, fluide dans ses interactions permanentes avec ceux qui font le numérique en France : ce ne sont pas les bureaucrates, ni les technocrates, c'est vous", a-t-elle lancé au public de décideurs et d'entrepreneurs du secteur, avant d'encourager le directeur de l'agence (comparé au personnage de Matt Damon dans le film l'Agence, qui "lutte contre une machine technocratique qui écrase tout") à ne pas céder à "la tentation technocratique".
Challenge accepté par le principal intéressé, Antoine Darode. "On s'excuse auprès de ceux que l'on a pu froisser dans le passé… et ceux que l'on va froisser demain, car on va continuer", promet-il.
L'Agence n'entend pas renverser l'Etat, ses traditions et ses institutions… mais son logo, le "E" du mot "Etat" renversé (mais aussi trois branches symbolisant ses trois missions, French Tech, mission THD, programme Société numérique) montre que le service entend faire bouger les choses.
L'Agence, au-dessus de la mêlée politique ?
L'ADN, voulue par Fleur Pellerin mais mise en œuvre par Axelle Lemaire, se veut aussi un "do tank" plutôt qu'un think tank – cette place étant plutôt dévolue au Conseil national du numérique tout juste renouvelé. Une manière de prendre de la hauteur et de laisser une trace au-delà des échéances politiques ? La secrétaire d'Etat le souhaite. "C'est une manière nouvelle de voir l'action publique, qui consiste à se reposer sur l'intelligence collective", explique-t-elle. "Ce n'est pas donner un rendez-vous électoral tous les cinq ans, avec un bilan qui sonne, qui résonne, mais créer un lien permanent avec le terrain".
"Cette agence du numérique rendra des comptes de façon très transparente et prendra des décisions en fonction des retours du terrain", assure la ministre. Un comité d'orientation composé d'élus locaux, d'acteurs de la société civile et de professionnels du numérique sera d'ailleurs chargé de discuter ses options stratégiques et challenger ses équipes.
L'Agence du numérique devra prouver son utilité pour assurer sa pérennité, résume son directeur, qui souhaite que l'on "prenne soin de l'agence quels que soient les tempêtes et les soleils à venir". Elle n'a que quelques mois pour convaincre, par ses actions, qu'elle est une fabrique de politiques publiques innovantes et efficaces, avant que la campagne des présidentielle, et même les primaires avant elle, n'écrasent tout sur son passage.
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