"L'arrivée du véhicule autonome confirme que l’enjeu industriel se déplace vers le logiciel" pour Muriel Barnéoud de Syntec Numérique
L'avance prise par Google dans le véhicule autonome n'est finalement pas une surprise tant le numérique est au coeur du développement de cette technologie. "Cette profonde mutation de l’industrie automobile représente ainsi un modèle et un espoir pour l’ensemble des secteurs traditionnels qui réalisent que le logiciel est désormais au cœur de leur transformation numérique à venir", estime Muriel Barnéoud, présidente du Collège éditeurs de Syntec Numérique.
Il y a cinq ans à peine, qui aurait dit que Google allait se lancer dans la conception d’une voiture autonome, puis l’imposer dans l’agenda des constructeurs du monde entier ? Certes, notre "Rendez-Vous de l’Innovation" de ce mois montre que les Français s’interrogent encore sur des questions de responsabilité ou de sécurité liées à ce type de projets, mais pour une majorité de nos concitoyens son industrialisation paraît déjà inéluctable et ses bénéfices sont déjà largement perçus (sécurité, stationnement, embouteillage, maintenance…). Ce n’est plus qu’une question de temps.
Si Google n’est pas un pionnier dans ce domaine qui mobilise des chercheurs de l’industrie automobile depuis les années 70, la firme de Mountain View a largement participé à le remettre sur le devant de la scène, entraînant une dizaine de constructeurs dans son sillage. Il aura donc fallu l’intervention d’un outsider pour que, dans la tête des décideurs de l’industrie et des pouvoirs publics, la voiture autonome passe d’une vision futuriste au statut de projet industriel, avec notamment l’ouverture de zones d’essai sur la voie publique, ou sa prise en compte dans les 10 solutions de la Nouvelle France Industrielle.
L’intelligence logicielle au cœur de la transformation numérique
Point commun entre ce nouvel élan procuré par Google et sa prise en compte dès les 34 plans nationaux de la Nouvelle France Industrielle ? L’intelligence logicielle au cœur de l’ensemble de ces projets de transformation numérique de l’économie. Ainsi, lors du dernier Mobile World Congress, Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, a annoncé la commercialisation dès 2016 d’une voiture avec délégation de conduite, capable de se déplacer seule dans les embouteillages.
En 2018, le système embarqué sera capable de gérer le changement de file sur autoroute, en 2020, la conduite en ville, sans compter une fonction de "voiturier automatique" capable de garer le véhicule en totale autonomie ou de venir chercher son conducteur. Pendant les plages de délégation de conduite, le conducteur pourra profiter de plusieurs services connectés accessibles dans le Cloud (vidéo à la demande, musique, messagerie…) depuis une grande tablette intégrée.
En plus de sa course avec Google et les autres constructeurs dans le véhicule autonome, l’alliance Renault-Nissan est confrontée au projet de développement d’un véhicule électrique par Apple. Cette nouvelle incursion d’un géant de la Silicon Valley dans l’univers automobile confirme que l’enjeu industriel se déplace vers la conception logicielle. Sans compter qu’Apple et Google se disputent, par ailleurs, le marché des systèmes d’exploitation mobile pour automobile, avec CarPlay et Android Auto.
Du véhicule autonome au Big Data
Aiguillonnés par l’industrie logicielle, les constructeurs automobiles renforcent ainsi leur proposition de valeur. Résultat : de nouveaux modèles toujours plus performants et sécurisés, mais aussi plus connectés pour pouvoir offrir de nouveaux services. Les données ainsi échangées pourront être analysées en temps réel, à l’image des services connectés que comptent développer PSA Peugeot Citroën et IBM dans le cadre d’un partenariat qu’ils ont récemment reconduit pour 7 ans. PSA se réservant la commercialisation des services pour les automobilistes et les distributeurs, IBM se concentrant sur les services pour les grandes entreprises et les collectivités locales.
Cette profonde mutation de l’industrie automobile représente ainsi un modèle et un espoir pour l’ensemble des secteurs traditionnels qui réalisent que le logiciel est désormais au cœur de leur transformation numérique à venir.
Muriel Barnéoud, Présidente du Collège éditeurs de Syntec Numérique
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