L'open source, un travail d'amélioration continue et communautaire qui séduit les industriels

L’open source fait des petits. Né dans le logiciel, avec du code source "ouvert" et accessible à tous si l’auteur n’oppose aucune restriction, le concept "open" touche désormais le hardware. Il permet désormais à des communauté de "makers" de fabriquer des objets dont les conceptions sont ouvertes et de les améliorer. Un bon moyen pour une start-up de se lancer dans un projet, à moindre coût.

D'abord réticentes, les grandes entreprises se mettent à leur tour à regarder avec intérêt ces nouvelles pratiques; Y compris dans des secteurs longtemps réticents, comme l’automobile. Le premier épisode de notre série dédiée à l'open source, revient sur cette tendance.

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L'open source, un travail d'amélioration continue et communautaire qui séduit les industriels

Alors que sur fond de guerre des brevets chacun lutte plus que jamais pour conserver ses secrets industriels, le mouvement du partage fait son chemin et l’open source commence ainsi à créé sa place dans l’industrie.

Dans un premier temps, l'open source s’est fortement développé dans le domaine de l’informatique et des logiciels. La communauté Mozilla ou celles contribuant à GNU/Linux par exemple ont mis à disposition de tous de nombreuses briques de code.

Les start-up s'en sont largement saisi, afin d’être efficaces rapidement et à moindre coût. Les entreprises se servent des briques de codes dont ils ont besoin, comme dans une bibliothèque ouverte, afin d'accélérer le développement de leur propre logiciel.

Les communautés autour de l’impression 3D

La production d’objets physiques suit désormais cette tendance, notamment via l’émergence de l’impression 3D. Ce procédé offre une alternative à la production industrielle par enlèvement de matière ou par moulage.

"Beaucoup de jeunes entreprises utilisent la plate-forme Thingiverse, afin de trouver des designs d’objets en open source, explique Clément Moreau, co-fondateur de Sculpteo, qui propose de l’impression 3D en pièce unique ou en séries de plusieurs milliers d'unités. Ce procédé permet d’accélérer et de réduire les coûts de conception de leur objet."

Une plate-forme dédiée au partage de structures industrielles a également été créé en Belgique. OpenStructures se présente comme un "Meccano participatif". La plate-forme en ligne propose des pièces créées par un membre de la communauté et distribuées de façon gratuite ou payante, selon le choix du créateur. "Pour le moment, je ne suis qu’au stade de projet, reconnait Thomas Lommée, fondateur du site. Mais, à terme, j’envisage de prendre un pourcentage sur les pièces vendues."

L’émergence d’un business model

Au-delà de l’utilisation "unilatérale" de l’open source, des sociétés ont fait la preuve que produire en open source pouvait constituer un business model crédible, car rentable. Le principe est de développer un produit hardware en open source afin de bénéficier de l’innovation de "makers" intéressés par la solution. Cette communauté devient source d’innovation et représente un relai de notoriété. Elle favorise (et souvent contribue) une éventuelle campagne de crowdfunding, étape devenue quasiment incontournable pour les jeunes entrepreneurs dans le hardware. L’entreprise commercialisera ensuite le produit fini ou en pièces détachées.

Certaines réussites sont encourageantes, comme celle d’Arduino ou de MakerBot. "Le fabricant d’imprimante 3D MakerBot a commencé par vendre les pièces de sess machines, ainsi que les fils de plastique utilisés pour la fabrication des objets imprimés, explique Cyril Ebersweiler qui a co-créé Haxlr8r à Shenzhen, en Chine, afin d’incuber des start-up hardware. Aujourd’hui, il vend des imprimantes entièrement assemblées à l’aide de leur propre imprimante. Ils sont devenus profitables rapidement grâce à cette méthode."

L’équipe de l’incubateur Haxlr8r croit en la possibilité, pour les start-up, de devenir rentables tout en laissant ouverte la conception de leurs produits. Elle a par exemple accompagné Katia, qui produit un bras robotique open source, et OpenTrons qui produit un automate de transfert de liquide dans les tubes à essai pour les industries pharmaceutiques et biotech. Ce projet trouve ses racines dans l’idée même d’open source. Il est né au Genspace, un biolab communautaire à Brooklyn proche du mouvement des "makers" et du "do it yourself". Le robot a été développé en open source afin de diminuer les frais de R&D via une conception collaborative. L'équipe devenue entreprise est déormais en train de créer la plate-forme mix.bio afin que les biologistes partagent leurs formules chimiques, leurs "recettes".

Des industriels se lancent

Outre les start-up, de grands industriels s’intéressent au potentiel d’innovation qu’apporte ce travail d’amélioration continue et communautaire. Si certains en sont au stade de la simple curiosité, d'autres ont déjà bien franchi le pas. C’est notamment le cas de la branche électroménager de General Electric qui a monté FirstBuild. Composée d’une mini usine - équipée notamment de machine MakerBot - et d’une plateforme en ligne accessible à tous, cette initiative permet de co-créer les équipements de la maison de demain.

Plus marquant encore, Tesla le fameux constructeur d’automobile électrique de luxe a fait le choix d’ouvrir ses brevets. Il s’agit d’un véritable pari puisque le fondateur, Elon Musk, estime que cette ouverture lui permettra de développer l’automobile électrique tout en demeurant le meilleur sur le marché. Toyota l'a suivi en libérant ses brevets dans la pile à combustible... A qui le tour ?

Morgane Remy

Pour aller plus loin : l’étude de cas sur le business model d’entreprises misant sur "l’open hardware" présenté à l’occasion de l’open hardware summit 2014

Deuxième épisode de notre série open source à retrouver ce jeudi 12 février : "Le logiciel libre, un tremplin pour les start-up du web"

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