L’opération #cent1projets de Simoncini, Niel et Granjon est-elle vertueuse ?

Les trois plus célèbres business angels du Net ont décidé de financer 101 projets de créations d’entreprises étonnantes portés par des jeunes de moins de 25 ans, à hauteur de 25 000 euros. Une bonne idée ?

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L’opération #cent1projets de Simoncini, Niel et Granjon est-elle vertueuse ?

C’est Marc Simoncini, fondateur de Meetic, qui en a eu l’idée : financer des projets de créations d‘entreprises étonnantes, portés par des jeunes. Via Twitter, il a demandé qui le suivait. Jacques-Antoine Granjon (ventes-privees.com) et Xavier Niel (Free), ont répondu présents. Le 23 juin, toujours par Twitter, ils lançaient conjointement l’opération #cent1projets. Objectif, financer 101 projets de jeunes de moins de 25 ans, à condition qu’ils changent la donne, en abordant un métier ou un service différemment, par exemple. La bourse aux idées est ouverte, via ce mail cent1projets@gmail.com jusqu’au 25 septembre. Les porteurs des 300 meilleures auront ensuite rendez-vous le 18 novembre au Théâtre de Paris (propriété de Ventes-privéees.com), avec une minute pour convaincre. Les 101 sélectionnés recevront 25000 euros pour se lancer.

Ce n’est pas la première fois que les trois flibustiers du Net s’associent pour faire bouger l’écosystème numérique du pays. En 2011, ils s’étaient déjà alliés pour créer l’École Européenne des Métiers de l’Internet (EEMI), afin de former eux-mêmes les talents numériques dont ils avaient besoin. En revanche, c’est seul que Xavier Niel a financé l’École 42, une formation gratuite de développeur Web, avec une sélection en fonction des compétences et pas des diplômes, et une pédagogie adaptée aux nouveaux métiers du Net (pas de professeur, mais des tuteurs et un mode d’auto-apprentissage par projet).

Un peu démagogique

L’opération cent1projets semble relever de la même logique. Puisque le système éducatif français n’est pas adapté à la dynamique du numérique, il faut passer outre. Et persuader ces jeunes qui ne rentrent pas dans le moule classique (voire sont exclus du système), qu’ils ont du talent et des idées, qu'ils méritent d’être soutenus. Le système universitaire ou des grandes écoles ne produisant pas assez d’entrepreneurs audacieux. Démagogique ?

De prime abord, le signal envoyé semble bon. Il y aurait donc une autre voix que le fastidieux Concours d’aide à la création d’entreprises innovantes du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, pour financer une start-up innovante. Les trois business angels ouvrent surtout là la porte au financement de projets dont l’innovation n’est pas forcément technologique. Surtout, avec un mode de sélection finale des projets basé sur le pitch (une minute de présentation c’est très court), plutôt que sur un dossier administratif laborieux, il oblige les porteurs de projets à se placer directement en mode succès, les meilleurs "vendeurs" ayant pour une fois plus de chance que les premiers de la classe.

Mais un signal positif

Mais c’est la théorie. Car faire croire que parce que l’on a une idée décalée et qu’on est capable de la vendre oralement en une minute, cela fait de quelqu’un un entrepreneur, peut leurrer, voire décevoir. En revanche, tout comme pour la création de l’école 42, ce type d’initiatives envoie un message très positif à l’international.

Il y a, en France, des gens qui innovent en matière d’innovation, des acteurs du numérique qui refusent la logique d’assistanat de l’État et se prennent par la main. Certes, à la Hussarde. Alors, même si de ces cent1projet ne sort encore le AirBnb de demain, au moins saura-t-on ici et ailleurs que d’autre voies sont possibles. Et que, pour donner des projets d’avenir aux jeunes Français, ce n’est pas sur les diplômés des grandes écoles qu’il faut compter.

Aurélie Barbaux

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