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L’uberisation des taxis est inévitable, même sans Uber
Les innovations d’usage et technologiques autour de la mobilité en ville sont légions. Et même des acteurs traditionnels comme les constructeurs automobiles ou la SNCF s’y rallient. "Dissoudre" UberPop n’empêchera pas le covoiturage, la location entre particulier, Autolib et Velib, ou l'arrivée sur les routes des véhicules autonomes…sans chauffeur.
Emmanuelle Delsol
Après avoir condamné les violences des manifestations de taxis du 26 juin, François Hollande a tranché : "UberPop doit être dissous et déclaré illégal et la saisie des véhicules devra être prononcée et effectuée". Outre l’invraisemblance d’une éventuelle "dissolution" du service, raillée en ligne (Nicolas Colin (@nicolas_colin) s’est fendu d’un #lol), la déclaration du président de la République ramène à l’incompréhension générale de la transformation numérique, et celle des élites, constatée – entre autres – par le CNNum dans son rapport sur l’inclusion numérique.
Bien sûr, il faut réguler les plates-formes et ne pas laisser filer le droit du travail, la protection sociale ou les fiscalités française et européenne au simple prétexte qu’elles n’en ont cure. Mais c’est à ses sujets qu’il faut s’atteler, plutôt que de tenter un démantèlement impossible ou une improbable dissolution.
Rien n’empêchera la vague numérique de submerger les taxis
Si l’on admet néanmoins que l’Etat arrive à saisir tous les véhicules de conducteurs UberPop et à interdire, d’une façon ou d’une autre le service, rien n’empêchera la vague numérique de submerger les taxis. Comme elle l’a fait pour la musique, la télévision, l’automobile, la banque, l’assurance…
Au mois de juin, trois mastodontes de l’industrie automobile, BMW, Ford et GM ont annoncé qu’ils coupleraient un service d’auto-partage avec leurs véhicules. En France, la SNCF propose son propre covoiturage IDVroom pour les trajets entre chez soi et les gares et vient tout juste d’investir 28 millions d’euros dans la startup de location de voitures entre particuliers OuiCar.
Autopartage avec Autolib, covoiturage avec Blablacar, location entre particuliers avec Drivy en Francais mais aussi utilisation de Vélib sont autant d’usages en rupture de l’automobile et érodent déjà la part de marché des taxis. Des innovations auxquelles il faudra d’ici quelques petites années ajouter le véhicule autonome. Alors que Google teste ses nouvelles petites Google Car sur les routes, Singapour prépare déjà un service de taxis sans chauffeurs … Le Royaume-Uni étudie aussi l’usage de véhicules autonomes dans quatre villes depuis janvier, y compris en zones piétonnes… La rupture est multiforme et difficile à enrayer.
L’inévitable transformation par l’innovation
Mais comme tous les autres secteurs, celui du transport de personnes et donc des taxis peut évoluer, se transformer. Paraphrasant les fondateurs de TheFamily, on peut rappeler à ce secteur que des barbares l’attaquent. Mais qu’il peut réagir. Poussés entre autres par tous les aiguillons venus du numérique, les taxis proposent des services comme d'accepter -enfin- le paiement par carte bancaire ou une app de géolocalisation. Les Taxis Bleus propose même désormais aux hôtels ou aux restaurants d'installer un "bouton connecté" pour les appeler directement.
Mais ce ne sont que d’indispensables outils réclamés par les clients et que les acteurs du numérique ont mis en place depuis longtemps. Nul doute qu’il faudra davantage pour éviter la destruction face aux plates-formes.
Uber, emblème du capitalisme de plate-forme
En parlant des violences récentes entre taxis et chauffeurs Uber dans l’émission télévisée C’est dans l’air de France 5, le PDG de Taxis Bleus, Yann Ricordel, évoquait la confrontation entre deux misères. Celle des chauffeurs de taxi qui s’est exprimée violemment jeudi 25 juin dans les manifestations, et celle des chômeurs, étudiants et autres précaires qui trouvent dans les plates-formes numériques (Uber, en l’occurrence, mais aussi AirBnB et autres) des moyens de compléter leurs revenus, sans obtenir en général la protection qui leur est due.
En début d’année, un article de The Economist consacré à l’uberisation du travail faisait référence à ce nouveau "capitalisme de plate-forme", selon une terminologie utilisée par certains syndicats allemands. Uber, qui repousse toutes les limites, est devenu un symbole fort de la rupture numérique de l’économie, mais aussi du travail.
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