
Blockchain : ce mot-clé, décrivant l'une des technologies derrière le Bitcoin, crypto-monnaie emblématique, est désormais sur toutes les lèvres. Même sur celles des décideurs d'affaires, a priori non spécialistes en cryptographie. Acteurs de la micro-informatique comme Intel et IBM, banques telles Barclays, ou même opérateurs téléphoniques à l'image d'Orange... tous investissent massivement dans la R&D autour de cette technologie. Pourquoi ?
Qu'est-ce au juste que la blockchain (ou chaîne de blocs) ? Un contributeur de TechCrunch, Florian Graillot, d'AXA Strategic Ventures, égrène dans un article quelques éléments de réponse, arguant même que la technologie a un sérieux potentiel de disruption (autre mot-clé du moment), et pourrait faire fleurir de multiples innovations dans son sillage. Et pas uniquement dans le secteur financier.
Blockchain : un système cryptographique décentralisé...
La blockchain est la technologie qui se cache derrière la gestion décentralisée du Bitcoin. Plutôt que de consigner toutes les transactions dans un grand livre comptable (comme le font par exemple les banques centrales), la crypto-monnaie a en effet choisi de décentraliser l'historique des transactions. Ces "blocs" sont détenus par les détenteurs de bitcoins eux-mêmes, et garantissent à chaque instant l'authenticité et l'unicité des transactions. Comment ?
En fait, pour valider une transaction, il faut attendre la résolution par la machine d'une épreuve cryptographique, coûteuse en puissance de calcul. Cette épreuve fait appel à des informations contenues dans les blocs précédents. C'est uniquement lors de sa résolution que toutes les transactions de la chaîne sont validées, et un nouveau bloc automatiquement crée, lié aux précédents. De quoi éviter certaines arnaques ou dysfonctionnements difficiles à contrôler, comme les doubles dépenses.
... Applicable à la finance, mais aussi à tout autre type d'actif
Outre le fameux Bitcoin, Florian Graillot cite encore d'autres applications de la blockchain. La technologie permet de se passer des banques centrales, mais au delà de son intérêt monétaire, c'est toute la sphère financière que ses innovations investissent, sans pour autant s'y limiter.
Ainsi certaines des start-up qui gravitent dans l'écosystème blockchain s'attaquent par exemple à la gestion des actifs immobiliers, comme Bitproof ou Blocknotary. Qui a besoin de notaire pour authentifier un acte d'achat lorsque les contrats peuvent être stockés par la blockchain, et accessible n'importe quand de n'importe où ? Et l'ambition ne s'arrête pas là : la technologie peut aussi s'appliquer à l'authentification de biens matériels tels que les œuvres d'art (Verisart), ou même.... votre propre identité (ShoCard)
L'ABSENCE DE GOUVERNANCE, POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE
"Pour la première fois dans l'histoire, la technologie remplace les institutions", s'enthousiasme l'auteur. Elle n'est cependant pas exempte de limites intrinsèques : à cause des mécanismes mêmes de contrôle et de validation décentralisés, les transactions mettent du temps à aboutir (seulement 7 par seconde), et sont bien loin des standards bancaires habituels (56 000 par seconde pour VISA).
L'une des solutions possibles ? Augmenter la taille des blocs pour augmenter la capacité de traitement du réseau, ce qui n'est pas sans poser des problèmes d'hétérogénéité technique. Un réseau par essence décentralisé peut-il déplorer l'absence de gouvernance propre à imposer ses standards ? Si la blockchain continue de gagner du terrain dans les usages, comme il semble promis à l'être, cette question sera plus que jamais d'actualité.
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