
Pour faire carrière, les femmes ne devraient plus faire d’enfant, en tout cas pas tout de suite... C’est en somme ce que viennent de suggérer Apple et Facebook à leurs employées. La nouvelle mutuelle « maison » des deux géants du web propose en effet de prendre en charge (jusqu'à 20 000 dollars) la congélation des ovocytes de ces dames. Ce système leur permettrait ainsi de se concentrer sur leur carrière tout en sécurisant leur désir de maternité.
La nouvelle a été diversement accueillie sur les réseaux sociaux mais un rapide coup d’œil sur Twitter permet de voir que cette annonce révolte les femmes. Françoise Gri, la patronne de Pierre & Vacances, estime ainsi que cette mesure est une façon de dire « maternité not welcome ». Pour d’autres, c’est une nouvelle forme d’esclavage, une manière aussi de laisser entendre que les femmes sont moins productives après avoir conçu des enfants.
Fausse bonne idée. Façon de dire aussi 'maternité not welcome'. Bien plus efficace: le bébé de @marissamayer http://t.co/ebotcqThzH
— Françoise Gri (@fgri) 16 Octobre 2014
@fgri Agree !! Et sous couvert d'aide ou de soutien, je trouve que cela confine à une forme de manipulation.. @Elle @marieclaire
— fabienne billat (@fadouce) 16 Octobre 2014
Bref, cette initiative (qui part sans doute d’une bonne intention au départ) n’est pas du tout perçue comme un outil permettant de donner aux femmes toute leur place dans le numérique. Bien au contraire. Ce sentiment étant sans doute renforcé par le fait que ce secteur n’est pas exemplaire en matière de parité : les hommes représentent 70% des effectifs tous postes confondus chez Google, 62% chez Yahoo!, et 61% chez LinkedIn. Et plus récemment, grâce à Satya Nadella, le nouveau boss de Microsoft, on sait aussi que demander une augmentation de salaires pour une femme n’est pas bon pour son karma…
Au-delà du secteur numérique, toutes les entreprises semblent faire la même erreur en matière de parité. Pour valoriser les femmes, elles cherchent finalement à les rapprocher des hommes. Alors qu’il faudrait peut-être renverser la question. Et se demander comment faire en sorte que les hommes aient les mêmes droits (et devoirs) que les femmes, notamment sur le plan privé. Comme le disait cette dirigeante d'une grosse ETI industrielle française, contrainte de voyager beaucoup pour son travail, "quand mon mari a dû annoncer qu'il allait devoir quitter le bureau plus tôt pour récupérer nos enfants, ses patrons et ses collègues ont d’abord été interloqués. Mais ils s'y sont faits." De force. C’est donc le regard que portent les DRH et les dirigeants sur le rôle de l’homme au sein de l’entreprise et de sa famille qu’il faut changer.
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