La deep tech française Prophesee lève 25 millions d'euros pour son capteur neuromorphique
La start-up française Prophesee, qui développe une caméra inspirée de l'oeil humain dédiée à l'analyse visuelle, lève 25 millions d'euros supplémentaires. Des fonds qui vont lui servir à accélérer la commercialisation de son capteur pour l'industrie 4.0 et à s'attaquer aux marchés de l'automobile et de l'internet des objets.
Julien Bergounhoux
Mis à jour
28 octobre 2019
La start-up française Prophesee annonce une levée de fonds de 25 millions d'euros ce 28 octobre 2019. Il est constitué d'un prêt de la Banque européenne d'investissement de 20 millions d'euros, auquel les investisseurs historiques de la jeune pousse (iBionext360 Capital Partners, Intel Capital, Robert Bosch Venture Capital et Supernova Invest) ont rajouté 5 millions d'euros supplémentaires. Il porte le total des fonds levés à date par Prophesee à 61 millions d'euros.
"Cette levée est née d'une proposition de la banque européenne d'investissement, que nous avons accepté car elle va nous permettre de continuer l’expansion commerciale pour la troisième génération de notre capteur Metavision dans les applications industrielles, mais aussi de finaliser des accords commerciaux pour sa quatrième génération," explique Luca Verre, PDG et cofondateur de Prophesee.
Une cinquantaine de clients industriels
La troisième génération du capteur a été lancée il y a quelques mois et dispose déjà de cinq accords de distribution, notamment avec l'Allemand Imago, avec Fujitsu aux États-Unis, et avec Okaya Optical au Japon. Elle est par ailleurs en cours de test chez une cinquantaine de clients, dont certains l'ont déjà adoptée sur des lignes d'assemblage.
"Nous avons validé l'intérêt de notre technologie pour des cas d'usage comme le comptage rapide d’objets, les mesures de vibration, la soudure laser automatique ou l'inspection de surface. Notre objectif est maintenant de passer à l'échelle sur ce marché", commente Luca Verre.
Lancement sur les marchés de l'automobile et de l'IoT dès 2020
La quatrième génération du capteur sera commercialisée sur la période 2020-2021 et destinée aux marchés du véhicule autonome, de l'IoT et de la réalité virtuelle et augmentée. Ce prochain modèle sera à la fois plus compact, plus rapide et moins gourmand en énergie.Un capteur neuromorphique
Les capteurs Metavision de Prophesee sont protégés par 51 brevets internationaux. Ils sont inspirés du fonctionnement de l'oeil humain, dans le sens ou les pixels sont indépendants les uns des autres et asynchrones, si bien que chaque pixel ne s'active que s'il détecte un changement dans la scène en observation (un mouvement ou un événement). Cette approche dite "par évènement" permet de réduire la puissance énergétique nécessaire au capteur (moins de 10 mW), de même que sa latence et la puissance nécessaire au traitement des données (acquisition de 10 à 1000 fois moins de données brutes).
"Dans l'automobile, nous travaillons déjà sur plusieurs projets de pré-développement, par exemple avec Bosch ou Renault-Nissan. Nous avons aussi un accord avec une société américaine pour un lancement l'année prochaine. Sur les usages mobiles, nous avons des projets avec Huawei. Et pour l'IoT nous avons des partenaires au Japon, et nous discutons pour démarrer un programme de développement produit qui serait lancé en fin d’année prochaine," détaille le dirigeant.
La rentabilité visée d'ici 3 ans
Si la start-up ne communique pas encore sur son chiffre d'affaires, le PDG assure qu'il progresse avec l'entrée dans la phase commerciale. "C'est un signal très fort. Cela traduit tous nos efforts de R&D des 5 dernières années, et pour mon cofondateur, c'est le résultat de 20 ans de recherches."
Il compte atteindre la rentabilité d'ici 3 ans, après au moins une autre levée de fonds prévue d'ici un an et demi ou deux ans. "Tout dépendra des jalons que nous allons passer. Les levées permettent de passer des étapes, ce sont des choix très stratégiques." Prophesee compte aujourd'hui une centaine d'ingénieurs répartis entre son siège à Paris et ses locaux à Grenoble, au Japon, en Chine et aux Etats-Unis.
Une avance sur la concurrence
Si la concurrence commence à se développer, Luca Verre ne se déclare pas inquiet. "Samsung est très actif et il y a également quelques start-up qui se sont montées, mais nous sommes plus avancés aussi bien sur le plan matériel que logiciel", commente-t-il.
"Je le vois comme un signal positif, car nous avons fait beaucoup d'évangélisation depuis deux ans. Nous avons notamment donné des caméras à une centaine de centres de recherche, qui s'en servent pour des usages allant de l'ultra petit, comme la microrobotique pour la chirurgie, à l'ultra grand, notamment l'observation de débris de satellites." Le signe pour le dirigeant que de nombreux usages restent encore à découvrir pour cette technologie.
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