
Au premier abord, la Google Science Fair, qui s’est déroulée le 21 septembre à Mountain View (Californie), ressemble à n’importe quelle petite exposition scientifique ou informatique. Vingt-deux stands, bleus soigneusement installés dans une grande salle tout aussi bleue. Des robots, des écrans, des dispositifs faits de bouteilles en plastique vides, d’étonnants mécanismes pour créer du biocarburant à partir de plumes de poulet…
Les échanges fusent entre adolescents et enfants
Mais à y regarder de plus près, les démonstrateurs de projets sur les stands sont très jeunes. Et ceux qui viennent à leur rencontre souvent plus encore ! Les premiers ont entre 13 et 18 ans comme le requiert le concours et expliquent leur outil de diagnostic d’Alzheimer, leur robot jardinier, leur solution pour connaître l’impact des nanotechnologies sur la nature à des enfants de 10 ans, 12 ans, parfois moins, aux yeux grand ouverts.
"Est-ce que c’est imprimé en 3D ?", demande un petit garçon de 7 ans à Eliott, 14 ans, qui acquiesce avant d’entamer la discussion. "J’aime bien les robots, j’en voudrais un pour faire mes devoirs", enchaîne le plus jeune. La jeune Lithuanienne Laura Steponviciute, à l’origine du projet sur les nanotechnologies, demande à la petite fille d’une dizaine d’années qui l’écoute : “Sais-tu ce que sont les nanotechnologies ?" Non, de toute évidence. L’explication, efficace, ne prend que quelques secondes : "Tu vois, sur ton ordinateur, tu as les mégas, les gigas, c’est très grand. Là, c’est tout petit.” Grand sourire. La petite fille a compris, Laura peut continuer.
L’ambiance est à la fois sérieuse et enthousiaste. On prend un selfie avec une machine, ou un jeune développeur peut-être futur lauréat du concours. À l’extérieur, les sponsors assurent l’animation. Les adultes assemblent des robots Lego, Virgin Galactic aide les enfants à réaliser des navettes en origami et le Scientific American attire la foule avec de la chantilly moléculaire. Fous rires garantis.
Des candidats venus de 109 pays
Selon Miriam Schneider, en charge de l’organisation de la Science Fair pour Google for education, Google suit les lauréats de ses prix année après année. Pour preuve, Shree Bose, gagnante du premier grand prix en 2011 et aujourd’hui brillante étudiante à l’université voisine de Stanford, est venue jouer les mentors pour la promotion 2015.
Le concours du géant du numérique en est ainsi à sa 5e édition. "Nous avons de plus en plus de candidats, venus de pays de plus en plus nombreux. 109 en l’occurrence", précise Miriam Schneider. Cinq catégories de sciences sont représentées dont les sciences pures, ou la robotique. N’importe quel adolescent, n’importe où dans le monde, peut s’inscrire s’il a entre 13 et 18 ans. À partir de l’ouverture du concours, les candidats disposent de trois mois pour proposer une idée, plus ou moins avancée, de projet scientifique.
Le 21 septembre, jour de la finale, les jeunes scientifiques ont présenté leurs réalisations au public durant près d’une heure et demi. Répétant plus ou moins inlassablement leur "pitch". Puis, durant toute l’après-midi, alors que leurs parents ont été priés de les laisser, ils sont tous passés devant un impressionnant jury de scientifiques de haut niveau.
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Discrète apparition de Sergey Brin
Après un jour chaud (90°F…), la fraîcheur californienne est revenue avec la nuit. Les candidats un rien stressés profitent du buffet. Et les lauréats (tenant fièrement leur coupe en Lego !), candidats malheureux, leurs familles s’attardent. Peu d’entre eux reconnaissent Sergey Brin, cofondateur de Google devenu Alphabet, venu assister discrètement avec ses jeunes enfants à la cérémonie. Le groupe a réussi son opération séduction auprès des plus jeunes.
Chacun est prêt à repartir fouiller le Web à l’affût de nouvelles idées. En particulier, la gagnante du grand prix. La jeune américaine Olivia Hallisey, qui a tout simplement conçu un dispositif simple et peu cher de détection d’Ebola. Elle repart avec 50 000 dollars de bourse d’étude.
Emmanuelle Delsol, à Mountain View, Californie
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