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La virtualisation et Facebook à l’attaque des télécoms
Les télécoms n’en ont pas fini d’être bouleversés par le numérique.
D’un côté, la virtualisation et l’électronique reconfigurable banalisent les équipements.
De l’autre, Google et depuis peu Facebook, se lancent eux aussi dans l’aventure avec leurs propres technologies d'infrastructure.
Emmanuelle Delsol
Le secteur des télécoms souffre depuis des années de l’arrivée du numérique. Les services de Google, Apple ou Facebook dévorent la bande passante des réseaux sans que jamais les Gafa n'investissent le moindre centime dans l’infrastructure. Mais de nouvelles attaques venues du numérique enfoncent aujourd’hui le couteau dans la plaie. D’un côté, les technologies comme la virtualisation et l’électronique reconfigurable conduisent à l'utilisation d'équipements banalisés plutot qu'aux équipements spécifiques qui différencient les acteurs. Et pour couronner le tout, Google et Facebook –encore eux !- s’intéressent de plus en plus près à l’infrastructure télécoms. Ils conçoivent la leur. Et ce faisant, ils renforcent la tendance à la banalisation des matériels, mais pourraient même un jour venir concurrencer directement les acteurs du secteur sur leur terrain.
DE LA virtualisation
Les télécoms, ce sont des antennes relais, des milliers de kilomètres de câbles de cuivre et de fibre optique, mais aussi des cœurs de réseau. Ces centres de contrôle, de commande, servent à la complexe gestion des échanges de télécommunication fixes mais aussi mobiles, à l’acheminement des appels et des données en toute sécurité et intégrité, à la gestion des services des abonnés et de leur mobilité… Et la première technologie à secouer ces réseaux très matériels, c’est la virtualisation. Depuis quelques années, les équipementiers travaillent sur ce dispositif qui consiste à héberger certaines fonctions dans des machines virtuelles ou des containers logiciels (NFV, Network functions virtualization), et à concevoir des systèmes logiciels de gestion et d’orchestration de ce nouveau réseau (SDN, Software defined network). Les fonctions du réseau s'extraient ainsi du matériel et peuvent être plus facilement bougées d’une machine à l’autre selon les règles paramétrées dans le système d’orchestration.
L'agilité logicielle poussée par la 5G
Résultat : une plus grande souplesse et agilité de l'infrastructure, une plus grande capacité à faire varier sa taille en fonction des besoins, une plus grande adaptabilité du réseau à des services variés et des coûts réduits... Autant de qualités que la future 5G mobile veut aussi favoriser. Elle devra en effet s’adapter à des services aussi variés que des échanges de vidéos de plus en plus haute définition et en direct, des usages simultanés en un même lieu par des milliers de personnes, la gestion en temps réel d’objets comme les automobiles, les objets connectés du tout-venant…
Tous les équipementiers sur le pont
Il y a trois ans, Alcatel-Lucent a lancé deux start-up internes sur ces sujets, Nuage et Cloudband, aujourd’hui au cœur de Nokia. Huawei et Ericsson ne sont pas en reste, et développent aussi leurs clouds télécoms. Cisco, dont les matériels IP trouvent désormais leur place dans les télécoms, s’y attèle aussi et vient même de créer une chaire commune sur la virtualisation avec l’école Télécom Paristech.
De l’électronique reconfigurable
"A l’Institut de recherche technologique BCom, nous pensons qu’il y aura toujours besoin d’une partie hardware pour accélérer les processus, précise Michel Corriou, le directeur réseaux et sécurité de l’IRT. Mais d’autres chercheurs eux, croient bel et bien au tout logiciel !" Aujourd’hui, il est en effet possible de "programmer" les couches les plus basses du réseau, en particulier grâce à des circuits électroniques standards connus de longue date. Ces FPGA (Field-programmable gate array) font leur grand retour car, par opposition aux asics préprogrammés pour une fonction et une seule, ils peuvent être reconfigurés pour de nouveaux usages. D'où leur succès chez les industriels comme l’ont montré les acquisitions réalisées dans le domaine par IBM et Intel ou les partenariats signés par Qualcomm, par exemple.
Google et Facebook en embuscade
Un malheur n’arrivant jamais seul, les géants du numérique ont décidé de se mêler de la partie. D’abord parce qu’eux-aussi sont des adeptes des matériels banalisés et de la virtualisation, plus souples et agiles, moins chers… Amazon, Google, Facebook ou même Microsoft ont déjà pris cette direction il y a longtemps avec leur informatique. Ils voulaient des datacenters ultra-efficaces à un coût réduit et ne trouvaient pas satisfaction chez les constructeurs de serveurs ou de routeurs comme Dell ou Cisco. En mode Silicon Valley, ils ont donc affecté des équipes d’ingénieurs au sujet et ont peaufiné leurs propres datacenters à partir de composants "off the shelf". Autrement dit en utilisant une électronique grand public, banalisée, comme un jeu de Lego, qu'ils ont optimisée pour répondre aux exigences pointues de leurs services, et enrichis de logiciels écrits par eux.
Les GAFA jouent aux équipementiers
Des indices laissaient déjà penser depuis quelques mois que des Gafa concoctaient une initiative du même acabit du côté des télécoms, cette fois. Le projet Internet.org de Facebook, par exemple, ou les essais Google Fi de déploiement de fibre optique. Mais depuis les annonces de Facebook le 13 avril 2016 à la conférence développeurs F8, aucun doute n’est plus permis. Les géants du numérique vont directement s’attaquer aux télécoms, et développer leur propre infrastructure. Facebook a décidé de consacrer une division complète au hardware, Building 8. Elle va entre autres servir à donner davantage d’ampleur à ses projets télécoms. Pas seulement à son aile solaire Aquila, atypique et destinée aux territoires isolés. Mais aussi à Terragraph et Aries, dont le but est de le développement d’une infrastructure Wi-Fi très haut débit urbaine capable de concurrencer la fibre optique… Une flèche décochée précisément en direction des télécoms.
Ne pas faire l’autruche
Pour les équipementiers tout comme pour les opérateurs, la vie n'est décidemment pas un long fleuve tranquille. Des équipementiers venus du monde des pure players ont envie de les taquiner. Leurs propres produits doivent se différencier dans le logiciel et les marges du matériel ne seront bientôt plus qu'un luxe du passé. Quant aux opérateurs, leur infrastructure ne permettra plus non plus de se différencier. Comme le précisent de nombreux observateurs du secteur, il reste quelques années avant que ces tendances deviennent de réelles menaces.
"Les déploiements d’infrastructures télécoms se font sur de longues durées, rappelle Vincent Bonneau, directeur de la business unit innovation de l’Idate. Et les nouvelles technologies s’installent de façon incrémentales." La virtualisation et la bascule vers des équipements banalisés prendra du temps. Certains n’y voient même pas un scenario réalisable. Mais les entreprises des télécoms qui ne l’ont pas encore fait, auraient cependant tout intérêt à regarder de près ces phénomènes. Et aussi difficile que cela puisse être pour des acteurs historiques, à ne pas trop regarder de haut ce qui se passe du côté de Facebook et de Google.
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