Le Cnnum veut faire du numérique "un accélérateur de diversité"
Secteur prometteur en matière de création d'emplois, le numérique fait néanmoins face à une sous-représentation des territoires ruraux et quartiers prioritaires. Le Conseil national du numérique veut agir et vient de rendre un rapport intitulé "Faire du numérique, un accélérateur de diversité". La commission consultative plaide pour la mise en place d'une véritable politique d'emploi numérique pour d'un côté permettre aux entreprises de face faire à la pénurie de talents, et de l'autre favoriser l'égalité des chances.
Comment favoriser l'inclusion dans les métiers du numérique ? Le Conseil national du numérique (Cnnum) s'est penché sur cette problématique et vient de remettre un rapport sur le sujet. Il faut dire que le désintérêt pour les métiers du numérique atteint 30 % dans les quartiers prioritaires des villes (QPV). Dans les zones rurales, 42 % des jeunes de 17 à 23 ans ont le sentiment de "ne pas avoir ou avoir eu suffisamment d'informations pour s'orienter", soit 10 points de plus qu'en agglomération parisienne.
jeunes, chercheurs, écoles... ont participé
Commandé par le gouvernement en mai 2020, ce rapport a été élaboré en collaboration avec Anthony Babkine, cofondateur de l'association Diversidays, spécialisée dans l'inclusion numérique. Des associations, des organismes de formation, des écoles d'ingénieurs, des acteurs publics, des chercheurs et des jeunes ont participé à l'élaboration de ce document.
Pour le Cnnum, il est indispensable de renforcer l'insertion professionnelle des citoyens des territoires ruraux et des QPV dans les métiers du numérique pour des raisons économiques, d'égalité, d'éthique et de droits fondamentaux. "Le numérique est depuis longtemps incontournable et nous avons un devoir d'aider chacun qui le souhaite à s'en saisir", insiste Salwa Toko, présidente du Cnnum. "Des talents, il en existe partout sur le territoire mais il manque souvent trois choses : de l'information sur ces métiers, de l'accompagnement et des passerelles pour accéder facilement à ces formations", ajoute Anthony Babkine.
Un vivier d’opportunités pour les talents et les entreprises
Le rapport propose plusieurs axes destinés à mettre en œuvre une véritable politique de l'emploi numérique pour favoriser l'égalité des chances tout en offrant aux entreprises un vivier de talents traditionnellement ignorés. "C’est une question d’égalité des chances mais également de compétitivité car c’est de cette diversité de talents que naissent les innovations de demain", explique Cédric O, secrétaire d'Etat chargé du Numérique.
Le Conseil affirme, dans un premier temps, qu'il est nécessaire de garantir l'information et l'accès à la formation sur les opportunités numériques auprès des profils issus de la diversité. Ce premier axe passe par un certain nombre d'actions telles que la sensibilisation des collégiens aux opportunités du numérique dans le cadre de l’accompagnement à l’orientation prévu dès la classe de 4ème, la mise en place d'une journée ou semaine de sensibilisation autour des métiers du numérique ou encore élargir l’octroi d’aides financières aux personnes souhaitant suivre une formation numérique qualifiante. Le rapport propose également d'inciter les grandes écoles d'informatique et de formation au numérique à développer une politique d'ouverture sociale, ou encore de renforcer l'accès de l'ensemble des élèves et étudiants à l'équipement numérique individuel…
Repenser les politiques de recrutement
Dans un second temps, le rapport recommande d'inciter les entreprises à repenser les politiques de recrutement pour lutter contre les stéréotypes discriminatoires. Pour rappel, la loi prévoit une obligation de formation à la non-discrimination des personnes chargées des opérations de recrutement dans les entreprises d’au moins 300 salariés ou dans toute entreprise spécialisée dans le recrutement. "Les auditions menées dans le cadre de cet avis, nous ont permis de relever que les pratiques de recrutement des entreprises numériques sont de véritables barrières à l’emploi pour certains types de publics", indique le Cnnum.
Pour éviter cette situation, le rapport préconise de recruter sur la base des qualifications, testées de manière alternative lorsqu’il s’agit de compétences techniques (savoir coder par exemple), plutôt qu'uniquement en fonction du diplôme universitaire. Il propose également la création d'un "indice" afin de mesurer la politique de diversité de l'entreprise "à tous les niveaux". À titre d'exemple, si l’index de l’Égalité professionnelle femmes-hommes déployé à partir du 1er mars 2020 constitue un premier pas dans la mesure de la politique de diversité des entreprises, "la restriction de son périmètre à la question de rémunération entre les femmes et les hommes ne permet pas d’en faire un outil de référence ni sur la question du genre, ni sur celle de la diversité au sens large".
L’importance de la diversité géographique
De plus, la commission consultative note que "l'ancrage géographique des talents" doit constituer une force dans le parcours, et non un handicap dans l'insertion professionnelle. "Les auditions effectuées ont permis d’identifier la nécessité de renforcer l’engagement global et organisé entre les différents acteurs locaux pour co-construire une politique d’inclusion numérique adaptée aux spécificités des territoires", rapporte le document. Il préconise de créer un groupe de travail national de prospective des besoins en compétence numériques "décliné dans les métropoles French Tech". Anthony Babkine et le Conseil recommandent aussi qu’un référentiel des compétences nécessaires aux métiers du numériques soit établi. Par ailleurs, les aides et les exonérations locales devraient être conditionnées à une embauche territoriale par les entreprises.
La crise sanitaire provoquée par le Covid-19 complique davantage l'accès à l'emploi. Le nombre de demandeurs d'emploi a continué d'augmenter au deuxième trimestre en raison du confinement. Pour le Cnnum, les opportunités liées au numérique sont justement essentielles pour penser la relance post-Covid. Le gouvernement vient d'annoncer un plan de relance de 7 milliards d'euros consacré au numérique, dont 300 millions pour la formation. Nombreuses sont les start-up qui parlent de pénurie de main d'œuvre alors même qu'elles sont "les premiers créateurs nets d'emploi en France", expliquait Marianne Tordeux, directrice des affaires publiques chez France Digitale, lors de la présentation du plan.
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