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Isabelle Giordano est directrice générale d’UniFrance, l'organisme chargé d'assurer la promotion des films français à travers le monde.
A ce titre, elle est confrontée de plein fouet à l'ascension du numérique, à l'irruption des plateformes de vidéo à la demande, mais aussi au goût des spectateurs pour les films made in France.
Surtout, dans l'entretien qu'elle nous a accordé, elle révèle un bel enthousiasme, un goût pour l'expérimentation, persuadée qu'elle est que le numérique est un atout pour peu que les différents intervenants du cinéma s'en saisissent. Chiche ?
Christophe Bys
Mis à jour
12 mai 2016
L’Usine Digitale : A la tête d’UniFrance, vous assurez la promotion du cinéma français à travers le monde. Qu’a changé le numérique à ce métier ?
Isabelle Giordano : Beaucoup, beaucoup de choses. Le numérique rend à la fois notre travail plus facile et plus difficile. C’est une véritable révolution, grâce à laquelle nous pouvons agir plus vite que lorsque nous devions imprimer, assembler expédier des dossiers de presse. Idem pour les DVD qu’il fallait envoyer à travers le monde pour faire la promotion d’un film… Je suis ainsi très contente de notre nouveau site Internet car il nous aide à diffuser à travers le monde sur le cinéma français. Nous travaillons notre présence sur les réseaux sociaux également.
C’est plus difficile car nous pouvons être vite noyés dans la masse des informations qui circulent. Comment faire pour surnager, pour être visible ? Vaut-il mieux avoir un article dans le New York Times ou le Los Angeles Times ou faire un partenariat avec Indie Wire ? Nous devons en permanence arbitrer pour exister.
A vous écouter, c’est plutôt malgré tout une opportunité ?
Je mise sur le numérique. Quand je suis arrivé à UniFrance, j’ai élaboré un plan stratégique sur cinq ans et globalement tout le monde était partant. Le monde du cinéma voit bien que le numérique est une formidable opportunité, qu’il faut de toute façon vivre avec.
Ensuite rien n’est facile, le monde est très concurrentiel. Partout dans le monde, la place pour les films se réduit y compris dans maintes capitales. La France vit une exception de ce point de vue. Les salles de centre villes ferment et des multiplexes se construisent à la périphérie. Ce n’est pas forcément le meilleur lieu pour nos films. Reste que la marque France est un magnifique atout pour faire la promotion des films. Il y a un grand intérêt, une grande curiosité pour nos productions. On m’en parle aussi bien à Tokyo qu’au fin fond de la Corée ou en Amérique du Sud.
Pourquoi allez-vous à Cannes cette année ?
C’est indispensable. Si j’osais, je vous dirais que c’est notre salon de l’Agriculture. C’est là que nous rencontrons la presse internationale, les distributeurs étrangers. C’est le moment pour nouer des partenariats indispensables pour renforcer nos partenariats dans les différents pays.
Vous avez publié une étude le mois dernier sur la place des films français sur les plateformes de vidéo à la demande. Êtes-vous satisfaite de cette place ? Quels axes d’amélioration avez-vous identifiés ?
Nous sommes la deuxième cinématographie la mieux représentée sur ces plateformes. Je suis donc satisfaite, même si nous restons un marché de niche. Sur certaines plateformes, les films français sont classés dans les ethnies movies. Nous avons donc des marges de progression en améliorant la visibilité des films français. J’étais récemment à Los Angeles pour négocier avec ces plateformes.
Et qu'avez-vous obtenu ?
Que ce soit Amazon, Google ou Netflix... ils nous écoutent. Nous sommes reçus avec intérêt. Nous sommes un des principaux pays producteur et exportateur. Après, quand je demande à avoir des french corners sur les plateformes, les gens écoutent. Pour trouver un accord, c’est plus difficile.
N’est-ce pas d’autant plus important qu’à terme les salles de cinéma pourraient être remplacées par ces plateformes non ?
Je crois que la vie d’un film peut passer par la salle puis par la plateforme, voire sortir dans les deux… Avant que l’une ne remplace l’autre, il y a beaucoup de choses à expérimenter, quitte à bousculer un peu, avec des garanties, la chronologie des médias parfois.
Parfois, nous sommes un peu trop les irréductibles gaulois. Je suis pour l’exception culturelle évidemment, mais attention à ce qu’elle ne nous conduise pas à tourner le dos à l’avenir. Je trouve qu’on pourrait développer l’offre de vidéo à la demande de films français pour le monde entier. Regardez le succès de myfrenchwebfestival qui ne dure qu’un mois. Pourquoi cette initiative ne pourrait pas durer toute l’année ?
Je regrette que nous n’ayons pas encore une belle plateforme européenne pour diffuser les films dans le monde. De même, le festival de Cannes est un formidable pour montrer la richesse du cinéma français au monde. Pourquoi ne pas choisir un film pour montrer pendant 24 heures ce film sur une plateforme.
Soyons innovants ! Soyons révolutionnaires ! N’oublions pas les critiques sur les cartes illimitées quand elles ont été lancées par certains circuits. Tout le monde n’était pas d’accord et aujourd’hui elles sont plébiscitées par le public.
YouTube et dans une moindre mesure Dailymotion est une plateforme de diffusion d’images. N’est-elle pas là la salle de cinéma du futur ?
Elle est peut-être aussi là. Mais il faut trouver un équilibre pour que tout le monde soit rémunéré. Plus on verra de films français sur YouTube, plus on aura envie d’aller les voir dans les festivals à travers le monde.
Le piratage reste un vrai problème. Je sais bien que dans certains pays trouver une offre légale pour voir un film français est très très compliqué. Nous devons développer des solutions efficaces qui respectent et rémunèrent toute la chaîne du cinéma.
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Tous les champs sont obligatoires
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