Le numérique crée plus de valeurs dans la culture qu'il n'en détruit, estime Kurt Salmon

Invité par le Forum d'Avignon, le cabinet d'études et de conseil Kurt Salmon a présenté les premiers résultats d'une étude qu'il mène sur l'impact de la numérisation des biens culturels sur l'économie des entreprises du secteur. Plus de numérique, c'est une diversification des sources de revenus, qui profite d'autant plus aux créateurs qu'ils ont un succès important.

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 Le numérique crée plus de valeurs dans la culture qu'il n'en détruit, estime Kurt Salmon
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La numérisation de la culture gagne du terrain et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Du moins pour le tiroir-caisse de certains. C’est ce que montre l’étude réalisée par le cabinet Kurt Salmon, qui a calculé un taux de digitalisation à l’échelle mondiale, en rapportant le chiffre d’affaires numérique au chiffre d’affaires global.

Il ressort de cette étude qu’à l’exception du livre — le plus gros marché en valeur, soit 124 milliards d’euros — où le taux de digitalisation n’est que de 15 %, le monde de la culture est largement devenu numérique : 30 % pour la vidéo, 50 % pour la musique et 72 % pour le jeu vidéo.

Ce que montre aussi le travail des consultants de Kurt Salmon c’est la profonde diversification des sources de revenus des différents univers culturels, là où la vente aux particuliers représentait encore il y a peu la quasi-totalité des recettes.

Par exemple, la moitié des revenus de l’industrie musicale viennent de paiement à l’acte d’achats de biens physiques, l’autre moitié provient de nouvelles recettes comme le paiement à l’acte d’achats numériques (32 %), l’abonnement numérique (13 %) et la publicité (5 %).

LE DIGITAL CRÉÉ GLOBALEMENT DE LA VALEUR

L’hybridation est très élevée dans la vidéo car, note l’étude, "ce secteur était déjà très hybridé avant l’apparition du numérique — achat de film, location ou abonnement en physique — et que les modèles ont été transposés à l’ère du numérique".

Cette hybridation a-t-elle détruit de la valeur, le numérique supprimant des recettes physiques sans les remplacer ? Ou bien l’hyper diversification des sources de revenus permet-elle de compenser cette chute ?

L’étude apporte une réponse nuancée à cette question ô combien sensible. Globalement, à l’échelle mondiale, le numérique a été une chance pour le secteur culturel analysé par l’étude : les recettes créées ont plus que compensé le déclin des modèles traditionnels, pour le livre (peu digitalisé), la vidéo ou le jeu vidéo.

La musique est l’exception, où la croissance globale est tirée par les concerts. Ils représentaient 22 % du total en 2010, ils en représentent 27 % aujourd’hui.

Le piratage et les ratés à trouver un modèle payant satisfaisant en ligne expliquent une partie de la baisse des recettes. Un précédent qui devrait davantage alerter les professionnels du livre, tant il semble écrit que ce média va peu à peu se digitaliser.

Une Hybridation ambigue

Toutefois, cette hybridation est ambiguë, car elle modifie la répartition des recettes entre les différents intervenants de la création. Le créateur, l’artiste tend à percevoir un pourcentage plus élevé des recettes totales. Sauf que le prix de vente du numérique est plus faible que le bien physique.

Résultat : il n’y a que peu d’élus. Il faut vendre beaucoup pour y gagner. Ainsi, les auteurs de l’étude notent que les nouveaux modèles favorisent une diversité davantage produite et diffusée que consommée. Si 40 % des revenus de la vente d’e-books sur le site d’Amazon sont issues de livre autoédités, 20 % des titres disponibles sur la plateforme musicale Spotify n’ont jamais été écoutés et 20 % n’ont été acquises que par moins de 100 personnes.

En dépit de quelques succès médiatisés, la vie d’artiste reste une vie de bohème à l’heure du numérique.

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