Le numérique français repart en 2014, mais le chômage augmente
Malgré une reprise de 0,7% en 2014, selon les prévisions du Syntec Numérique, le chômage dans le secteur gagne un point. La détérioration de la situation de l’emploi touche même les Bac+5. Une évolution surprenante alors que les professionnels du secteur déplorent toujours des difficultés à recruter.
La conjoncture socio-économique dans le numérique offre deux lectures opposées. D’un côté, une reprise du secteur avec une croissance attendue de 0,7% en 2014 et 1,5% en 2015, après un recul de 0,3% en 2013. De l’autre, une dégradation de la situation de l’emploi avec une augmentation du taux de chômage d’un point à 8% dans le secteur. C’est ce qui ressort du point trimestriel du Syntec Numérique organisé, le 27novembre 2014, à la maison de la Mutualité, à Paris.
Les moteurs de la reprise résident dans les SMACS (Social, Mobility, Analytics, Cloud and Security, en français réseaux sociaux, mobilité, analytique et big data, cloud computing et cybersécurité), qui constituent les cinq leviers de la transformation digitale à l’œuvre dans toute l’économie. Ces métiers, qui représentent 13% du chiffre d’affaires du secteur de 49,5 milliards d’euros en 2014, affichent un bond de 18% en 2014 et autant en 2015. " Si les particuliers sont à la pointe dans les usages du numérique en France, les entreprises et l’Etat n’utilisent pas encore le digital aussi massivement qu’ils le devraient pour se transformer ", regrette Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique.
Le numérique transforme l’emploi
Sur le front de l’emploi, le patron du syndicat professionnel du secteur, ne cache pas son incompréhension. Surtout face à l’augmentation d’un point du chômage des Bac+5, une première depuis la crise de 2009. " La pénurie de talents est une réalité dans notre industrie, assure-t-il. Qu’il s’agisse de développeurs de logiciels ou de spécialistes des nouveaux métiers comme le cloud ou le Big Data, nos entreprises rencontrent un mal fou à recruter. " Et preuve du dynamisme de la profession dans ce domaine, le Syntec Numérique avance la création de 6000 emplois en 2013 et le recrutement de plus de 35 000 personnes en 2014. Sauf qu’il y a un net ralentissement de la création d’emplois qui atteignait 15 000 en 2011 et 8 000 en 2012, selon les données du BIPE.
Mais si le numérique reste créateur net d’emploi, il en détruit dans les secteurs traditionnels. Selon une étude du cabinet Roland Berger, il pourrait en supprimer 10 millions en France d’ici 2025. Un chiffre qui fait bondir Guy Mamou-Mani : " L’emploi est mort, vive le travail !, en citant le philosophe Bernard Stiegler. Oui la destruction d’emploi va être massive, mais de quels emplois parle-t-on ? Nous vivons une révolution industrielle qui va transformer l’emploi. " Pour Bruno Vanryb, président du collège éditeurs de logiciel au Syntec Numérique, le numérique crée aussi des emplois induits, sans toutefois en donner la mesure. Le débat sur l’impact du numérique sur l’emploi n’est pas près de se terminer.
Ridha Loukil
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