
On s’en doutait. Une étude du cabinet Roland Berger, réalisée avec Cap Digital et le soutien de Google, le confirme. Il existe un paradoxe français en matière de numérique. Alors que les Françaises et Français sont très en avance en termes d’usage du numérique — une culture acquise autant grâce au Minitel, qu’à l’arrivée d’un 4e opérateur qui a libéré les usages en cassant les coûts, à l’e-administration ou au succès du Bon Coin — les entreprises françaises, elles, sont en retard. Et le cabinet chiffre ce retard, grâce à une enquête menée auprès de 505 entreprises françaises de plus de 50 salariés.
Dur passage à l’acte
Ainsi, si les Français utilisent à 93% internet (86% en moyenne chez les Européens), à 79% des services de banque en ligne (60% en moyenne en Europe) ou sont 53% à vendre en ligne (39% en moyenne en Europe) les entreprises françaises ne sont que 10% à être présentes sur un média social (20% en Europe), 57% à avoir un site Web (65% en Europe) et 25% à émettre ou recevoir des factures électroniques (27% en Europe).
Et alors que 59% des Français achètent en ligne (40% en 2008), seule 11% des entreprises françaises vendent en ligne, une proportion stable depuis six ans selon le digital Agenda Scoreboard 2014 de la commission européenne.
Pourtant, selon son enquête "Du rattrapage à la transformation, l’aventure numérique une chance pour la France", le cabinet Roland Berger avance que 57% des entreprises ont bien identifié le numérique comme un axe stratégique à moyen terme. Mais elles ne seraient plus que 36% à avoir formalisé une stratégie adaptée et seulement 20% à avoir nommé un responsable numérique.
Sur la base d’un formulaire d’une soixantaine de questions, le cabinet a aussi établi un indice de transformation numérique (ITN) noté sur 100. Et là, les notes sont presque alarmantes. La moyenne des entreprises française serait de 33/100. Seuls 12% du panel, les pionniers, dépasseraient la moyenne, et seuls 4 grands groupes (considérés comme chef de fil de leur filière) dépasseraient les 70/100 (sans atteindre les 80).
Un indice de transformation numérique moyen de 33/100
Pourtant, la transformation numérique est pleine de promesse. Si les entreprises montaient d’un cran leur ITN, elle y gagnerait 0,5 point de croissance. Et les sociétés les plus matures (aux ITN les plus hauts) auraient une croissance 6 fois supérieure à celles les moins avancées (aux ITN les plus bas) et les salariés des premières seraient 50% plus satisfaits (41 d’indice de bien-être professionnel) que celle des dernières (25 du même indice). Roland Berger ne donne pas le détail de calcul de ce dernier indice, mais le plaisir de travailler dans une entreprise en croissance et d’être sollicité dans les décisions, serait les principaux leviers de satisfaction.
Les freins à cette transformation numérique avancés par les entreprises sont connus : coût (62%), résistance au changement (52%), manque de compétence (52%), manque de volonté managériale (29%), risque de sécurité (26%), incertitude réglementaire ou juridique (20%) ou, plus étonnant, absence d’offre adaptée sur le marché (14%).
Plus étonnant encore, au chapitre "bonnes pratiques", le cabinet incite les entreprises à se tourner vers les directions marketing ou leur DSI pour booster la transformation selon les 3 axes clé : équipement, usages et humains. Or, de l’avis de tous les intervenants présents autour des tables rondes organisées lors de la présentation de l’étude, le lundi 29 septembre à Bercy, c’est bien le levier formation, des salariés, des managers, des dirigeants, voire des politiques, qui serait la clé de tout. Les DRH devraient donc être en première ligne. Encore faut-il que les dirigeants, qui doivent les premiers comprendre les enjeux en cours, reçoivent le message. Un message d’autant plus complexe, qu’il n’y a aucune méthode éprouvée pour réussir sa transformation numérique. Car le numérique change tout, le rapport aux clients, aux fournisseurs, mais aussi et surtout le rapport au travail, la manière d’innover, voire de s’organiser.
Aurélie Barbaux
Découvrez l'étude Roland Berger / Cap Digital :
Etude Transfonum Web V2 by L'Usine Nouvelle
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