Les objets connectés, c'est 440 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016 pour Legrand
La stratégie IoT de Legrand est un succès. Lancée en 2015, elle a représenté 440 millions d'euros de chiffre affaires l'année dernière, et ce avec une croissance de 40%. Le spécialiste de l'équipement électrique ne ralentit pas ses efforts pour autant : il annonce un partenariat stratégique avec Microsoft sur le cloud. Il ambitionne ce faisant de créer une plate-forme ouverte, universelle, interopérable et à la pérennité adaptée aux temporalités du monde du bâtiment.
Julien Bergounhoux
Mis à jour
03 octobre 2017
Legrand accélère dans l'internet des objets (IoT). Deux ans après avoir lancé le programme Eliot pour connecter ses équipements et les rendre intelligents, le spécialiste français de l'installation électrique et de réseaux annonce un partenariat cloud avec Microsoft à l'occasion de l'évènement Microsoft Expériences 2017.
Faciliter l'interopérabilité aussi bien à la maison qu'au bureau
Jérome Boissou, qui dirige le programme Eliot chez Legrand, explique ce choix par la flexibilité et l'ouverture que permet Azure IoT. "Outre les produits connectés en eux-mêmes, nous avons besoin d'une infrastructure numérique qui soit solide et interopérable. On ne sait pas ce qui se passera demain, ce que voudront offrir nos partenaires ou de quoi ils auront besoin. Azure nous garantit cette évolutivité et cette capacité de forte croissance." L'un des points clé de l'accord est qu'il facilitera l'intégration de services tiers à la plate-forme de Legrand. Cela inclut les iniatives existantes comme Céliane with Netatmo ou Apple HomeKit, dont Legrand est partenaire.
"Aujourd'hui, quand vous achetez un interrupteur, vous ne réfléchissez pas à la marque de votre plafonnier. Cela doit être pareil pour l'IoT. Il ne faut pas créer de barrières sinon cela va freiner l’adoption des utilisateurs." Legrand cherche aussi à abolir la barrière d'usabilité qui sépare la vie privée et la vie professionnelle. "Nous sommes très présents dans le domaine tertiaire, qui génère d'ailleurs plus de chiffre d'affaires pour nous que le résidentiel. Nous avons fait des études avec Capgemini et il en ressort que l'utilisateur ne cherche pas une expérience séparée entre le lieu où il travaille et celui où il vit. Notre vision est que les employés puissent régler l'éclairage ou la climatisation de leur bureau depuis leur smartphone, comme à la maison."
Autre point crucial, la pérennité : "Tout le monde parle d'apps, mais dans le monde du bâtiment, les durées de vie, c’est de 8 à 12 ans pour le tertiaire et de 30 à 40 pour le résidentiel. Pour que tout ça ait un intérêt, il faut pouvoir tenir la longueur."
Près de 10% du chiffre d'affaires de Legrand vient des objets connectésLa stratégie IoT est aussi un moteur de transformation interne pour Legrand
Le groupe Legrand va fêter ses 150 ans, et le programme Eliot est aussi pour lui l'occasion d'évoluer vers des méthodes de travail plus agiles, plus rapides et plus ouvertes vers l'extérieur. "Le plus gros défi pour nous est le changement des habitudes. Le fait que les gens de la R&D se mettent à parler à ceux de l'IT. Le fait de savoir trouver les bons mots, y compris avec des partenaires externes venant d'un autre milieu", déclare Jérome Boissou.
L'entreprise se veut désormais centrée sur l'utilisateur, ce que le responsable illustre par cette anecdote. "Lorsque nous avons présenté Céliane à un groupe d'utilisateurs, une dame s'est enthousiasmée de pouvoir enfin mettre ses interrupteurs (sans-fil) où elle le souhaite dans sa pièce au lieu d'en être tributaire. Nous n'avions pas identifié cet aspect et ça nous a permis de le prendre en compte. C'est une tout autre approche."
Loin d'être un simple effet d'annonce, ce partenariat réflète l'importance grandissante des objets connectés pour Legrand. "Le programme embarque une vingtaine de familles d'objets aujourd'hui. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 440 millions d'euros pour les solutions connectées en 2016, avec une croissance de plus de 40% entre 2015 et 2016", poursuit Jérôme Boissou. A titre de comparaison, le groupe a réalisé 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur l'ensemble de ses activités en 2016.
En communiquant ces chiffres, le constructeur veut montrer qu'il est très sérieux et très loin des gadgets grand public que lancent les start-up à tour de bras. "On ne connecte pas pour connecter, nous ne sommes intéressés que par l'amélioration de l'expérience client", reprend-il. Si Legrand entend disposer de 40 familles d'objets connectés d'ici à 2020 (sur les 81 familles d'objets que vend l'entreprise), le responsable insiste bien sur le fait que "ce n'est pas la course". Ainsi, les caméras IP du fabricant ne sont pas signées Eliot car leur connectivité n'apporte pas de valeur ajoutée particulière pour le moment. "Si elles font un jour de la reconnaissance faciale, elles deviendront Eliot", indique-t-il en illustration.
De futurs services à base d'intelligence artificielle
Ce souci de la valeur ajoutée a aussi joué un rôle dans le choix d'utiliser la plate-forme cloud Azure. "A terme, nous voulons utiliser plus d'intelligence artificielle qu'aujourd'hui. Nous travaillons avec la start-up Craft AI pour faire de l'apprentissage automatique sur nos interrupteurs, mais nous voulons aussi utiliser ces technologies pour mieux réguler le débit des réseaux numériques dans les data centers, par exemple, ou pour faire de la maintenance préventive sur les disjoncteurs. L'analyse des données en temps réel est un sujet majeur pour l'internet des objets."
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