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Mairies 4.0 : Issy-Les-Moulineaux montre l'exemple avec son écoquartier numérique
Le premier épisode de notre dossier "Mairies 4.0", consacré aux initiatives numériques des collectivités territoriales françaises, nous emmène à Issy-les-Moulineaux.
Le Fort d'Issy, son éco-quartier numérique, est sorti de terre mi 2013.
Un projet ambitieux : fibre optique, smart grid, gestion centralisée des déchets, applications mobiles consacrées à la mobilité...
Deux ans après l'inauguration, c'est l'heure du bilan.
Sarah Sermondadaz
Une visite au Fort d'Issy, coloré par les couleurs d'automne, donne l'impression d'être hors sol, loin de l'agitation de l'agglomération urbaine. En 2013, le quartier pilote sortait de terre, point d'orgue d'un projet immobilier initié en 2009. Au programme ? Un écoquartier... qui expérimente tous les outils de la smart-city. Deux ans et 1600 logements (raccordés à la fibre et à un smart grid) plus tard, l'heure est au premier bilan. Numérique et écologie ont-ils convolé en justes noces ? Visite guidée.
L'entrée du quartier, qui a gardé les murs de l'ancien fort militaire / © Antonia Machayekhi
Le fort, vitrine des technologies numériques
Issy-Les-Moulineaux n'en est pas à son coup d'essai avec le numérique. Il y a 20 ans déjà, la ville était l'une des premières à proposer un accès gratuit à internet dans ses médiathèques. "Comme on est parti plus tôt, on profite d'un temps d'avance", commente Eric Legale, directeur d'Issy media, société d'économie mixte chargée des technologies de l'information et de la communication de la ville. Ancien bastion militaire du 19e siècle, le fort 2.0 est devenue une vitrine du numérique en ville. "Nous y accueillons souvent des délégations envoyées par des villes étrangères pour leur exposer notre vision de la smart city. Nous avons récemment accueilli des visiteurs chinois, belges, dubaïotes...", complète le patron.
Le temps des cerises, un espace dédié au numérique, mais pas seulement / © Antonia Machayekhi
La ville s'est ainsi dotée d'outils pédagogiques à la hauteur de ses ambitions numériques, à commencer par le Temps des cerises, espace public polymorphe dédié à l'animation, à la culture et au numérique. Il propose des animations numériques pour explorer l'histoire de l'ancien fort militaire. Et il y en a pour tous les goûts : mur mémorial et ses écrans qui affichent des reconstitutions 3D de l'enceinte historique, application smartphone qui permet de revivre les dates-clés en différents points de la villes signalés par un QR code, ou encore un robot Nao, chargé de conter l'histoire issyienne aux jeunes publics... sans oublier une application de réalité augmentée sur des Google Glass qui peuvent être empruntées sur place.
Nao intéresse les plus jeunes à l'Histoire / © Antonia Machayekhi
La transformation digitale de la ville au service de l'écologie
Au delà de la communication, le principal cheval de bataille d'un quartier écologique et numérique se trouve dans la mobilité. Un domaine dans lequel les innovations numériques foisonnent. "Nous avons fait le choix de ne pas miser sur la voiture ici, explique Eric Legale. C'est pourquoi on ne trouve pas de parkings avec les logements bâtis. En revanche, nous expérimentons de nouvelles solutions collaboratives." Parmi celles-ci, l'utilisation du parking de l'école Louise Michel de façon partagée le week-end. En installant une application mobile, BePark, l'usager peut ainsi en débloquer l'accès, le smartphone faisant office de télécommande. La ville a aussi déployé Zenbus en 2014, une application permettant de localiser son bus en temps réel, une première en France.
Le parking de l'école est inutilisé le week-end : BePark en tire parti pour proposer des places de stationnement aux riverains / © Antonia Machayekhi
Mais certaines des transformations numériques les plus essentielles sont invisibles aux yeux des badauds : c'est le cas des infrastructures comme la fibre optique et le réseau smart grid qui desservent les foyers. Les logements sont aussi équipés de boîtiers domotiques programmables. "Les habitants peuvent régler leur thermostat, y compris à distance via leur smartphone, et donc ajuster leur consommation énergétique en fonction de la météo", s'enthousiasme Eric Legale.
Les points de dépôts de déchets sont reliés à un réseau sous-terrain / © Antonia Machayekhi
Car le Fort numérique reste avant tout un écoquartier au sens classique du terme, où la modération énergétique s'impose. Deux puits géothermiques ont ainsi été creusés, et couvrent 75% des besoins du quartier en chauffage, et l'une des deux écoles équipée de panneaux solaires photovoltaïques. Une infrastructure spécifique a aussi été construite pour la collecte des déchets : plusieurs fois par semaine, un camion muni d'un système d'aspiration pneumatique se branche sur l'un des points de collecte situés en dehors du fort, et prélève les déchets. De quoi limiter la circulation de camions poubelles en ville, bruyants et polluants.
Un camion extracteur se connecte à un point d'extraction, et aspire les déchets / © Antonia Machayekhi
Fédérer la vie en communauté
100% Techno, la smart-city ? L'écoquartier comporte 4,4 hectares d'espaces verts, et 350 arbres fruitiers en libre accès."C'est aussi de l'intelligence humaine !, rappelle Eric Legale. Nous avions prévu de mettre en place un intranet de quartier, mais nous n'avons pas eu à le faire : les habitants l'ont fait eux même ! Ils se sont même organisés pour acheter leur électroménager en commandes groupées, en négociant eux-mêmes les prix." Autre initiative participative : le déploiement de l'application TellMyCity en septembre 2015. Elle permet aux citoyens de signaler dysfonctionnements et incidents qui surviennent en ville. Un système de ticket catégorise les incidents et les communique aux services concernés en Mairie. "L'expérience est très positive, même si cela accroit aussi les exigences des citoyens qui s'inquiètent qu'un problème signalé ne soit pas résolu dans l'heure", commente Eric Legale.
Numérique et citoyen / © Antonia Machayekhi
L'heure du bilan ?
La prochaine étape, pour le quartier pilote ? "Il est temps d'analyser les données recueillies, surtout celles sur la consommation électrique via les smart grid, poursuit Eric Legale. Dès novembre, nous allons travailler sur la mise en place de tableaux de bord avec EDF, dans le respect des exigences de la CNIL pour anonymiser les données de consommation". Le directeur évoque aussi un bilan carbone du quartier : "Notre usage de la géothermie et l'absence de camions poubelle dans le quartier devraient nous assurer un bon bilan carbone."
Le miroir d'eau / © Antonia Machayekhi
Alors, la smart city pilote, douce utopie ou pari à transformer à l'échelle de toute une ville ? "Le problème, c'est le bâti existant. Le raccordement aux smart grid de certains immeubles, typiquement Haussmaniens, pose problème, rappelle Eric Legale. Demain, nous serons certainement tous producteurs d'énergie photovoltaïque, éolienne... alors il s'agit de progresser par étapes."
Eric Legale, Directeur Général d'ISSY MEDIA, Société d'Economie Mixte chargée de la communication et des Technologies de l'Information de la ville
"Nous entendons la smart city dans un sens très large ! ll s'agit aussi de la transformation des organisations, par exemple au niveau des services en Mairie. En implémentant l'outil TellMyCity, nous avons dû le raccorder non seulement au système de gestion des relations citoyennes (GRC), sorte de "back office" de la ville, mais aussi avec l'agglomération... Il a fallu mettre en place des feedbacks qui n'existaient pas afin de pouvoir informer le citoyen du traitement effectif de sa demande. Une approche qui change la façon de travailler de nos agents, et qui leur permet d'être beaucoup plus réactifs."
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