Medinsoft met la filière numérique provençale en mode transversal

Née en 2003 comme "cluster" des éditeurs de logiciels, l’association a contribué au lancement de la French Tech Aix-Marseille et continue de consolider le secteur. Un grand événement se tiendra le 19 septembre pour célébrer deux décennies sur lesquelles reviennent André Jeannerot, son fondateur et président durant 17 ans, et sa présidente actuelle, Stéphanie Ragu.

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Medinsoft met la filière numérique provençale en mode transversal
André Jeannerot et Stéphanie Ragu, respectivement fondateur et présidente de Medinsoft.

L'Usine Digitale : Comment a évolué le rôle de Medinsoft en Provence ?

Stéphanie Ragu : Même si Marseille est le 7ème hub mondial des câbles sous-marins internet, son tissu est principalement constitué de start-up et de TPE-PME. L’essence de Medinsoft consiste à rassembler et valoriser l’ensemble des acteurs de l’écosystème numérique, qu’ils soient entrepreneurs individuels, start-ups, PME, grands groupes… L’association compte plus de 450 membres en Provence et 60 partenaires. Grâce à la diversité de leurs expertises, elle intervient sur toutes les filières du numérique et sensibilise les entreprises qui ne sont pas à maturité sur le digital. Notre rôle est d’apprendre et transmettre.

Les commerçants, les TPE/PME ont besoin de cas d’usages, de livrables, d’astuces pour progresser et rester opérationnels. En 2020, nous avons par exemple créé un Livre Blanc sur la manière d’aborder les bouleversements découlant du déconfinement. Ce travail a été reconnu par les entrepreneurs comme les collectivités. Nous élargissons aujourd’hui l’appréhension de la question numérique dans la société. Nous avons créé récemment une commission "L’humain au cœur de la transformation digitale" pour encourager à associer étroitement ses collaborateurs dans la conduite du changement pour se prémunir de leur résistance !

André Jeannerot : Nous avons toujours voulu une dimension pédagogique dans Medinsoft face à l’accélération des technologies pour aider à s’y adapter ou les intégrer, mais notre ambition vise aussi à promouvoir les solutions innovantes imaginées sur notre territoire, dans la blockchain, l’intelligence artificielle, les données, en vue d’inciter d’autres secteurs à puiser dans ces ressources locales pour réussir leur transformation. Nous traitons ainsi d’e-santé, d’e-sport, d’industrie 4.0… Par le passé, on nous voyait comme des hyper-spécialistes de l’édition de logiciels, des réseaux, de l’intégration… Dès que l’association s’est ouverte à différentes filières, elle a pu mieux diffuser les potentialités de ces technologies pour démultiplier sa valeur ajoutée…

Beaucoup de start-ups disent avoir du mal à engranger leurs premières références en Provence-Alpes-Côte d’Azur parce que les collectivités ou les grands donneurs d’ordres ne semblent pas leur faire confiance. Avez-vous constaté des améliorations dans ce domaine ?

André Jeannerot : Je dis toujours aux responsables de start-ups et chefs d’entreprises qu’ils ne doivent pas se contenter d’aller chercher des prestations dans l’immédiate proximité. Rester local condamne à demeurer une très petite société. Pour se développer de manière viable, ils doivent absolument se situer dans une démarche de prospection mondiale. Si des clients internationaux adoptent leurs solutions, c’est la certitude de trouver les moyens financiers de croître… Dans le secteur des jeux vidéo, de jeunes dirigeants l’ont très bien compris !

Stéphanie Ragu : Un entrepreneur a besoin avant tout de réseaux. Medinsoft s’emploie à rapprocher ses adhérents pour qu’ils trouvent entre eux des synergies, créent du business... Notre tarif d’adhésion se veut raisonnable pour inciter les dirigeants à nous rencontrer, à participer à l’écosystème et qu’ils y trouvent des opportunités d’accroître leur compétitivité. Mais nous tenons aussi un discours de franchise : Medinsoft a reçu un temps des start-uppeurs le week-end pour analyser leur projet et leur dire sans tabou si leur idée, leur modèle économique, leur plan de développement étaient bons ou à améliorer. On ne veut pas envoyer au front un entrepreneur sans ces précautions. Il vaut mieux l’alerter plutôt que se taire et créer derrière de la souffrance et des échecs.

L’essor de l’IA, du web3, de la blockchain influe-t-il sur vos programmes d’action ?

Stéphanie Ragu : C’est une priorité d’en parler aux entreprises parce qu’elles s’interrogent sur les conséquences pour leurs activités de ChatGPT ou de l’IA… Nous voulons accompagner leur transformation digitale dans ces domaines et nous transformer nous-mêmes simultanément ! L’association veut être présente sur tous les territoires de l’innovation numérique tout en étant inclusive, solidaire… Nous prévoyons 17 événements en 2023 sur tous les sujets : tourisme, communication, cybersécurité, bâtiments connectés et intelligents, hôpitaux… Et nous restons ouverts à tous les entrepreneurs qui ont des idées !

Medinsoft coopère avec les incubateurs, les pépinières de Marseille Innovation, l’agence économique Provence Promotion, La French Tech… Nous envoyons notre feuille de route aux collectivités pour établir le plus possible un travail en commun. Le territoire est bien structuré, avec des lieux emblématiques comme Thecamp à Aix, La Coque à Marseille, le Carrefour de l’Innovation à Aix, des FabLabs… Mon souhait est de parvenir à bâtir un comité de direction commun à toutes nos organisations afin de coordonner nos actions. Parfois, dans la même semaine, il peut se dérouler trois événements sur la cybersécurité, deux sur l’industrie 4.0… C’est dommage ensuite de les voir peu remplis sur ces thématiques primordiales mais les entrepreneurs ne parviennent plus à identifier les plus intéressants et efficaces pour eux.

André Jeannerot : Ce foisonnement d’initiatives démontre que l’économie numérique est désormais reconnue à sa juste valeur et qu’elle est un levier d’expansion et d’attractivité car la filière rémunère bien. Mais les entreprises peinent toujours à trouver des candidats. Medinsoft s’empare aussi de ces évolutions des attentes des salariés sur la qualité de vie au travail. Un dirigeant doit proposer une "expérience d’entreprise" avant même une rémunération pour attirer et fidéliser ses collaborateurs. Notre région compte beaucoup de sociétés qui offrent une telle perspective, qui plus est dans un environnement agréable. La stabilité des effectifs est plus importante ici qu’en région parisienne.

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