"New York, Le Cap, Tokyo et Santiago du Chili sont candidates au label French Tech", confie David Monteau

Six mois après la labellisation de neuf premières métropoles, le directeur de la mission French Tech David Monteau fait le point sur l'avancée de l'initiative.

Une poignée d'autres candidatures au label sera validée avant l'été, avant le lancement de "hubs" à l'étranger et d'un grand événement à destination des investisseurs à Paris.

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L'Usine Digitale - La labellisation de nouvelles métropoles French Tech est imminente ?

David Monteau - Nous avons en tout cas terminé les visites de métropoles et l'examen des dossiers. Il y a aujourd'hui 14 candidats à la deuxième vague de la labellisation. Certains projets datent de la première vague. Ils ont revu leur copie, dans une logique de co-construction avec nous. D'autres sont arrivés au fil de l'eau. Combien seront sélectionnés au final, en plus de 9 métropoles actuelles 2, 3, 4, 5... plus ? Axelle Lemaire tranchera. Pour nous, l'initiative perdrait de son sens avec trop de villes labellisées : une dizaine de métropoles French Tech nous parait être un bon équilibre. Ce sera notre socle.

Pour les "recalés", y'aura-t-il une nouvelle chance ?

Le label sera remis en jeu tous les trois ans pour tout le monde. Il pourra donc y avoir de nouveaux entrants... et des sortants, si la feuille de route annoncée n'est pas tenue. Les critères d'aujourd'hui supposent une certaine maturité. Certains écosystèmes n'en sont pas forcément là, et ont peut- être besoin de quelques années supplémentaires de maturation. Ils pourront nous rejoindre plus tard.

La French Tech, c'est un grand réseau national. Avec l'outil "métropoles French Tech", on crée des nœuds de réseaux mais cela ne veut pas dire "au-delà des métropoles French Tech, point de salut". Les start-up qui sont implantés dans des écosystèmes non labellisées ne seront pas pénalisées. On aura d'ailleurs un certain nombre de choses à proposer aux métropoles non sélectionnées, car elles participent aussi à la dynamique collective.

Quel bilan tirez-vous des dix-huit premiers mois d'existence de la mission French Tech ?

L'un des objectifs était de susciter une prise de conscience de l'importance des start-up et de leur croissance pour l'économie française, dans un contexte de transition numérique. Elle est enclenchée. Certes, nous ne sommes pas encore au niveau des Etats-Unis où les entrepreneurs sont de véritables rock stars. Mais ça progresse. Le rôle des entrepreneurs dans la création de valeur pour la société est davantage reconnu. Ce n'est pas seulement grâce à nous, mais il y a un mouvement de fond qu'on a amplifié. Il nous faut enfoncer le clou, travailler dans la durée.

"La marque French Tech devient un nom commun, bien compris des anglo-saxons"

David Monteau

 

Il y a déjà des signes positifs : on a vu plusieurs levées de fonds de plus de 100 millions de dollars, et le rythme s'accélère. Blablacar, par exemple, est maintenant connu dans la Silicon valley. On suit une courbe de croissance logique, on ne va pas passer de 1 à 10 du jour au lendemain. Il reste encore plus de choses à faire que de choses réalisées. Mais désormais, les start-up françaises ont tendance à revendiquer leur appartenance à la French Tech. Cette marque devient un nom commun, bien compris dans le monde anglo-saxon.

Vous considérez que la dynamique French Tech a eu un effet contre le "french bashing" ?

Sur l'année et demi passée, il n'y a pas eu de grosse histoire de french bashing, d'article assassin dans la presse étrangère... Les ressorts du french bashing sont complexes. L'origine est parfois chez des français expatriés, parfois sur des bases culturelles, parfois sur des motifs politiques... Mais globalement, nous avons l'impression d'avoir contribué à vaincre cette tendance.

Les clés de la French Tech ont parfois été confiées à des groupes étrangers, comme Cisco et Huawei, alors que les groupes français sont moins présents quand il s'agit d'aider les start-up tricolores...

L'ADN de Cisco est de faire de la croissance externe en investissant dans des start-up. Le groupe s'est construit comme ça. Investir de cette façon est naturel pour eux. C'est une bonne nouvelle qu'ils le fassent en France, d'autant que si l'on veut créer des champions internationaux, il faut autour de la table des représentants des marchés que l'on veut adresser. Vous ne pouvez pas attaquer le marché US sans investisseur américain.

Engie, EDF... ce n'est pas dans leur ADN, c'est plus compliqué. Mais ça bouge. Ils lancent des initiatives. Ici, nous sommes contactés en permanence par des grands groupes. Ils commencent à s'intéresser aux start-up, à créer des fonds, à héberger des jeunes pousses.

Après la deuxième phase de labellisation de métropoles françaises, sur quels sujets allez-vous travailler ?

La French Tech, ce ne sont pas que les métropoles. C'est aussi le fonds French Tech, géré par Bpifrance, doté de 200 millions d'euros, qui commence à investir dans des accélérateurs. Trois opérations sont bouclées : un investissement d'un peu plus d'un million d'euros dans Axeleo, à Lyon, un à l'Usine IO dans le 13e arrondissement de Paris, et un autre qui reste à annoncer. Nous respectons le rythme prévu, avec cinq à huit investissements chaque année, d'un à plus de dix million d'euros à chaque fois.

Mais il est vrai qu'avec le bouclage des labellisations, la dynamique French Tech va entrer dans une nouvelle phase. On va mettre l'accent sur l'aspect international, l'attractivité, la promotion de l'écosystème français. Le dispositif Paris French Tech Ticket a été annoncé, pour attirer des talents étrangers en France. Les candidatures seront ouvertes fin juin, lors de la French Touch Conference à New-York.

Il y aura aussi un événement en France à l'automne, en direction des capitaux risqueurs (les "venture capitalists américains). L'idée est de faire venir de grands noms, pour avoir un vrai échange avec eux et leur faire découvrir la réalité de l'écosystème. Ce sera un discovery tour, un French Tech trip !

Nous avons aussi lancé, en début d'année, un appel à candidatures pour des French Tech Hubs qui seront les pendants à l'étranger des métropoles French Tech. Il s'agira de fédérer les acteurs privés sur place qui ont envie de bâtir un pont avec la France. Quatre lettres d'intention ont pour l'instant été déposées : New York, Le Cap, Santiago du Chili et Tokyo.

Comment les sélectionnerez-vous ?

Notre message est le même que pour les métropoles French Tech en France : présentez-nous des projets collectifs, tout le monde doit être aligné derrière une bannière commune (Business France, les consulats, les acteurs diplomatiques…), et raconter une même histoire. Nous souhaitons que les premiers hubs soient labellisés cette année, dans de grands territoires d'innovation incontournables (Corée, Chine, USA), mais aussi dans des zones plus émergentes en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, porteuses de grandes promesses à dix ans.

Comment ces nouveaux hubs seront-ils connectés aux métropoles French Tech françaises ?

La Halle Freyssinet sera le lieu de rassemblement national de la French Tech. Elle accueillera, dès le second semestre 2016, 800 mètres carrés d'espaces French Tech, avec des bureaux, et un espace public d'animation. Là aussi, nous voulons encourager le travail en réseau, la dynamique collective.

Propos recueillis par Sylvain Arnulf et Charles Foucault

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