Ouishare Fest : L'économie collaborative est-elle déjà dépassée ?

Du 18 au 21 mai, se tient à Paris la Ouishare Fest, fête de l’économie collaborative sur le thème de "l’après la ruée vers l’or". Arthur de Grave, co-fondateur de Ouishare, explique à L’Usine Digitale pourquoi aujourd’hui, le phénomène est devenu hybride, entre partage et plates-formes. Une bonne raison pour penser "l’après" du travail, de l’entreprise ou de la citoyenneté.

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Ouishare Fest : L'économie collaborative est-elle déjà dépassée ?

Adieu conte de fées, rêve de partage universel, hello spectre de l’uberisation qui hante le monde ? L’économie collaborative a-t-elle perdu son âme d’enfant, pour le pire ? Pour Arthur de Grave, co-fondateur du think tank Ouishare, en réalité, les différentes formes prises par l’économie collaborative – une terminologie selon lui inadaptée, mais la seule disponible pour l’instant – ont toujours divergé. Et en réalité, d’une part, elles arrivent toutes au bout de leur modèle, et d’autre part, elles s’enrichissent mutuellement. "Il y avait un côté rifkinien qui laissait penser, à torts, qu’on avait affaire à des briques qui allaient finir par s’assembler..."

Les limites des idéaux du partage

Pour Arthur de Grave, pour commencer, les idéaux de partage ont déjà vécu. "Ça marche essentiellement pour l’automobile et le logement, constate-t-il. Pour une perceuse, par exemple, c’est beaucoup moins convaincant !" Cet enthousiasme des premières heures pour une "révolution du co" est passé. D'autant que les idées de couch surfing (nuit sur canapé) ou de covoiturage (version organisée de l'autostop) sont très anciennes.

La fin du fantasme d'une nouvelle révolution industrielle

On arriverait aussi un peu, selon Arthur de Grave, au bout du modèle des grandes plates-formes. "Dans ses pratiques commerciales, ses modes d’interaction, sa taille, Uber a un modèle qui demeure un peu isolé. A part AirBnB, il y en a peu d’autres (plates-formes, au même pouvoir de disruption, NDLR), tempère-t-il ainsi. Ça tend à nous faire croire que tous les barbares attaquent, mais il faut arrêter de fantasmer sur une 3ème ou 4ème révolution industrielle !"

Relisez notre dossier: Ouishare fest 2015 : Où en est l'économie du partage?

Entre symbiose et parasitisme

Le co-fondateur de Ouishare va même plus loin. "La relation entre les petits projets d’associations locales de l’économie sociale et solidaire et les grandes plates-formes actuelles se situe entre symbiose et parasitisme. Il y a une forme d’enrichissement mutuel." La théorie : d’un côté, les petites initiatives qui se seraient vues toisées par les économistes gagnent en crédibilité grâce aux plates-formes ; de l’autre, elles font bénéficier les géants de leur aura positive.

Trouver les signaux faibles dans un concept en décomposition

"Pour autant, on ne va pas arrêter de parler d’économie collaborative, mais il faut déstructurer le concept, sans quoi il va s’étioler !" Après les ruées vers l’or provoquées par l’économie du partage autant que par les plates-formes numériques, le phénomène s’engage sur une nouvelle voie qu’il faut décrypter. C’est un rôle que le think tank alloue entre autres à sa Ouishare Fest, opportunément intitulée en 2016 "after the gold rush".

Après la ruée vers l’or d’une supposée économie collaborative, quel travail, quelles organisations, quelle monnaie, quelle citoyenneté ? Tels sont les sujets que lesquels porteront les discussions. "Aujourd’hui, ce qu’on nomme économie collaborative est davantage une force de mise en réseau, d’horizontalisation de certains pans de l’économie. Ça se dissémine dans des entreprises plus traditionnelles. Ce qui semblait une singularité ne l’est plus. Le concept va perdre sa différence et se dissoudre."

Le programme de la Ouishare Fest n’est pas découpé en fonction des piliers de l’économie collaborative justement pour "aller chercher les signaux faibles, voir ce qu’il y a au sein de ce concept en décomposition !"

Au travail !
"Même si le concept d’économie collaborative n’est plus opératoire, il a permis d’amorcer une réflexion sur la mutation du travail. Ça n’a même été que ça…," résume Arthur de Grave. Et sans surprise, le sujet constitue un des pans majeurs du programme de la Ouishare Fest.
Pour qui travaillerons-nous demain ? s’interroge le think tank. "Des machines, des plates-formes, personne ?" propose Arthur de Grave.
Le modèle des plates-formes pousse aussi la question suivante : "Où se situe la création de valeur ?". Sans oublier, le salariat, au cœur de toutes les polémiques. "Il faut acter sa mort en tant que modèle dominant, provoque le co-fondateur de Ouishare. Par sa proportion bien sûr, mais pas seulement. Il est surtout dominant en termes de portée d’organisation de la production. Plus que le salariat, c’est l’utilité du travail subordonné qui est remise en cause."

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