Paris s'arme (tout doucement) face à Londres dans la FinTech

Paris veut devenir LE pôle de la FinTech  (finance et technologie) en Europe. Mais la ville a pris du retard sur sa voisine Londres : les start-up du secteur basées dans la capitale britannique ont levé en 2014 623 millions de dollars. En France, 21 millions seulement. Ce fort écart est notamment lié à la lourdeur administrative qui pèse sur les entrepreneurs de l'Hexagone. Les jeunes pousses tricolores devront mettre les bouchées doubles pour prendre leurs concurrentes anglaises de vitesse. 

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Paris s'arme (tout doucement) face à Londres dans la FinTech

Paris accélère dans la FinTech (finance et technologie). Un nouvel incubateur réservé aux jeunes pousses du secteur a été inauguré le 17 juin par la société de capital-risque tricolore Truffle Capital. Il était temps, car la France a pris du retard, comme en atteste une étude réalisée par Accenture en 2015, par rapport à Londres. Avec le le Fintech Innovation Lab, ouvert en 2012, Level 39 et le Barclays Accelerator en 2013, le Startupbootcamp FinTech en 2014… La capitale britannique a une nette longueur d'avance.

Or le secteur est porteur. Au niveau international, les investissements dans la FinTech ont triplé entre 2008 et 2013, passant de 928 millions à 2,97 milliards de dollars. Et c’est en Europe que la croissance est la plus forte. Les levées de fonds des jeunes pousses y ont progressé de 215% sur un an en 2014,pour atteindre 1,48 milliard de dollars.

Certaines FinTech britanniques sont déjà des licornes

L'Angleterre profite très largement de cette progression : les FinTech londoniennes, qui employaient 135 000 personnes en 2014, ont collecté cette année-là 623 millions de dollars. La France est cinquième du classement avec seulement 21 millions récoltés. 60% des entreprises du secteur (qui étaient l'année dernière 1 042 selon un rapport de Venture Scanner) sont implantées dans la capitale britannique. Certaines d'entre elles font même déjà partie du club très fermé des licornes, ces jeunes pousses valorisées plus d'un milliard de dollars, comme la plate-forme de financement participatif Funding Circle, fondée en 2010.

Cette avance de Londres sur Paris est liée à plusieurs facteurs : "la lourdeur administrative pèse sur l'agilité des start-up de la FinTech en France. A Londres, les autorités financières sont plus 'coulantes'", explique David Boucher, président de la start-up tricolore PayTop, qui a mis plus d'un an à obtenir son agrément auprès de l'Autorité de contrôle prudentielle de la Banque de France pour opérer son activité de transfert d'argent en ligne à l'international.

Une longueur d'avance pour le financement

Mais la situation n'est pas figée. "Depuis quelques mois, on observe un durcissement de la part du régulateur britannique. Il devient plus prudent car certaines entreprises auxquelles il a attribué des autorisations ont fait faillite", nuance Bernard-Louis Roques, directeur général et co-fondateur de Truffle Capital, qui a poussé à l'ouverture du Truffle Fintech Incubator.

Question financement, le Royaume-Uni a aussi une longueur d'avance, et pour cause : la City est la première place financière d'Europe et attire des capitaux venus du monde entier, notamment des Etats-Unis. Selon un rapport du cabinet Ernst & Young daté de juin 2015, plus de 1 000 projets technologiques ont fait l'objet d'investissements directs étrangers entre 2005 et 2014, alors qu'ils n'étaient que 381 en France. "Lever des montants entre 50 et 100 millions d'euros est nettement plus facile à Londres qu'à Paris", regrette Bernard-Louis Roques.

Le secret français pour devenir une locomotive de la FinTech

"Mais ce n'est pas un problème : les start-up tricolores peuvent aller chercher l'argent là où il est pour croître. PayTop [membre du Truffle Fintech Incubator, ndlr] va faire une levée de fonds l'année prochaine. Ils rencontreront les investisseurs internationaux et notamment britanniques". C'est probablement pour cela que le nom de baptême de l'incubateur est en anglais.

La France n'a pourtant pas dit son dernier mot. La FinTech sort à peine de l'œuf, "les dés de sont pas encore jetés", affirme le président de Truffle Capital. Le secret de l'Hexagone pour devenir une locomotive du secteur ? "Ses ingénieurs, développeurs et mathématiciens, reconnus dans le monde entier et qui créeront […] les champions de demain", affirme Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du Numérique dans un édito rédigé à l'occasion de l'inauguration du Truffle Fintech Incubator.

L'Hexagone n'a par ailleurs pas manifesté son désir de sortir de l'Union Européenne, contrairement à son voisin britannique, qui veut organiser un référendum sur son maintien ou non dans l'UE. Si les citoyens votent pour la sortie de l'Europe, les relations économiques et financières du pays avec ses voisins pourraient devenir nettement moins fluides...

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