Pourquoi le paiement sans contact est si stratégique pour la France

L’enjeu sur le paiement sans contact, n’est pas la technologie, mais la diffusion des usages. Cette dernière est stratégique pour notre pays : habituer les Français à faire confiance à un écosystème made in France, ouvert, pourrait faire figure d’exemple en matière d’économie numérique, et servir de rempart à l’invasion des GAFA dans le domaine du e-commerce.

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Pourquoi le paiement sans contact est si stratégique pour la France

Pourquoi Bercy met-il tant d’énergie à défendre le paiement sans contact ? Pourquoi un tel appel des acteurs de la filière aux médias, le 10 avril dernier ? Pour démontrer que le paiement sans contact, avec l’une des 30 millions de cartes bancaires ad hoc en circulation en France (sur 200 millions dans le monde) ou son smartphone, ne présente pas plus de risque que de payer en composant son code pin ? Parce que la technologie NFC, qui permet la communication sans contact à quelques centimètres de distance, est née en France ? Pas seulement. D’ailleurs, si la France dispose d’un beau portefeuille de brevets, le champion des puces NCF reste NXP, ex Philips.

Alors serait-ce parce que c’est le nouveau relais de croissance pour les banques, fabricants de cartes à puces et opérateurs télécoms nationaux ? Pas uniquement, non plus. "L’enjeu sur le paiement sans contact, n’est pas la technologie. Elle existe. C’est la diffusion des usages", explique Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du numérique. Habituer les Français à payer ainsi avec leur carte bancaire, serait les habituer à faire confiance à un écosystème made in France, ouvert, qui pourrait faire figure d’exemple en matière d’économie numérique. Exemplaire car, après des années de chamailleries sur le modèle économique, grâce au plan Sans contact de la nouvelle France industrielle, les acteurs ont pu se mettre d’accord, notamment sur le plafond (20 euros), sans risquer les foudres des organismes contrôlant la concurrence.

Un exemple de jeu collectif

"Effectivement, en France, nous ne sommes pas bons pour jouer collectif, reconnaît Olivier Piou, PDG de Gemalto et pilote du plan Sans contact. Et après le succès du GSM, on s’est endormi. Mais avec le plan, nous avons réussi à fédérer. Il a fallu se mettre autour de la table et changer nos habitudes." Mais, alors que les acteurs étaient contraints de mener leurs pilotes ailleurs, à Hong Kong ou en Pologne, la filière a enfin réussi à se mettre d’accord et lancer le service début 2014.

Certes, malgré les 11 millions de paiements sans contact effectué en 2014, pour un panier moyen de 11 euros, principalement dans les boulangeries et les épiceries, le service doit mieux faire. "Alors que seuls 20% des commerçants ont des terminaux adaptés, l’objectif est de 100% en 2020", explique Olivier Piou. Il y a néanmoins urgence à imposer le système du GIE Carte bancaire, et pas seulement sur les cartes bancaires, mais aussi pour toutes les solutions à venir de paiement sans contact, que ce soit le smartphone, ou d’autres objets connectés.

un rempart aux GAFA

L’enjeu est clairement de faire front aux solutions propriétaires avancées par les géants américains du numérique, comme Apple, avec son Apple Pay (lui aussi en NFC), Samsung avec la technologie de LoopPay, ou Google, qui n’a pas dit son dernier mot avec son Google Wallet. "Pour accélérer le mouvement, il faut jouer collectif", martèle Axelle Lemaire. Et pas uniquement entre spécialistes de la finance, "mais aussi avec les industriels producteurs de puces, les opérateurs et surtout les start-up de la French tech. Car la concurrence est internationale !". L’américain Jawbone, vient par exemple de lancer une nouvelle version de son traqueur d’activité qui, grâce à un partenariat avec American Express et une puce NFC, permet de payer les poches vides ! Si l’on souhaite qu’à son tour un Withings ou un Netatmo choisisse le système made in France plutôt qu’une solution américaine et si l’on souhaite que d’autres banques s’accordent avec les grands opérateurs nationaux, pour développer un service de paiement sans contact européen, le paiement sans contact français doit vite s’imposer.

Aurélie Barbaux

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