Quand le Medef imagine la stratégie numérique de la France
C'est un document de près de 200 pages qu'a rendu public le Medef fin décembre 2017. Baptisé "Digital disruption lab", il analyse la stratégie (ou l'absence de stratégie) de plus de 20 pays en matière d'économie numérique.
A l'occasion de sa présentation, Olivier Midière, le monsieur numérique de l'avenue Bosquet à Paris, a dessiné les grandes lignes de ce que pourrait être la stratégie de la France et de l'Europe en la matière.
La démarche est suffisamment originale pour être signalée. Olivier Midière, le monsieur numérique du Medef (avec le titre officiel d’ambassadeur du Medef pour le numérique) a présenté fin 2017 un guide des écosystèmes numériques mondiaux.
Pour cela, il s’est appuyé sur un travail de longue haleine, comportant dix séminaires réalisés au siège de l’organisation patronale, avenue Bosquet à PAris, et un périple à la Tintin de l’ambassadeur qui a visité pas moins de 21 pays pour faire un état des lieux aussi précis que possible des modèles existant à travers le monde. .
Un travail d'un an et demi mené dans plus de 20 pays
Le résultat est un document de près de 180 pages et un site Internet dans lequel on retrouve un diagnostic des réalisations de 25 pays, classés dans quatre catégories : les écosystèmes leaders, matures, en développement et émergents. A l’occasion de la présentation de ce document le 21 décembre 2017, l’ambassadeur du Medef a précisé la vision du Medef de la stratégie digitale que l’économie française devrait suivre. Non sans préciser au préalable que, bon an mal an, tous les pays étudiés ont développé un marketing de place pour attirer ou retenir les talents numériques et développer un secteur numérique compétitif, sans que l’on puisse observer un impact clair de ces stratégies sur la croissance ou sur les créations d’emplois.
Pour Olivier Midière, cela pose notamment la question de l’adéquation des appareils statistiques avec l’économie numérique. Second enseignement tiré à l’issue du périple : "Il n’y a pas de pays idéal pour créer une start-up. A chaque fois que j’ai croisé des Français dans les pays visités, ils avaient de bonnes raisons d’être là", assure Olivier Midière. Autrement dit, personne ne choisit de s’installer dans un pays plutôt qu’un autre pour bénéficier d’une situation qui serait davantage intéressante.
Cinq missions pour l'Europe
Pour lui, la France doit s’appuyer sur l’Union européenne pour incarner une vision européenne des start-up. Olivier Midière n’hésite pas à avancer des propositions plutôt audacieuses comme son appel à "ne pas hésiter à se battre pour démanteler les monopoles technologiques qui ne peuvent pas, seuls, décider de l’avenir de l’humanité". Surtout quand ces derniers réduisent les libertés individuelles et tuent la concurrence, ajoute-t-il. L’autre mission de l’Europe est, toujours selon lui, de participer à la définition d’une éthique face au transhumanisme. Pourquoi ne créerait-on pas une agence internationale chargée de veiller au respect de certains codes éthiques dans ce domaine ?
Il propose aussi, plus classiquement, une approche européenne de la privacy, qui redonnerait à chaque citoyen et à chaque entreprise un droit de regard a minima sur ces données. Le quatrième axe serait d’avoir une politique de développement humain en parallèle en direction de la classe moyenne émergente dans certains pays ou des plus pauvres. Enfin, l’ambassadeur numérique du Medef appelle à une réhabilitation du politique.
Sortir le numérique de sa réserve
C’est dans ce cadre que la France pourrait développer la stratégie qui semble la plus adaptée pour Olivier Midière, soit devenir "un champion mondial de la smart economy, en transformant l’industrie via le numérique." Cela suppose une transformation de cette dernière via les apports de l’Internet des objets et les datas qu’il collecte.
Un des principaux défis pour réussir à relever ce défi vient du fait que pour le moment, le secteur numérique se développe de son côté, parallèlement aux PME. Pour Olivier Midière, l’urgence est de faire travailler tout le monde ensemble : grands groupes, PME et start-up, et d’être capable d’aborder les marchés étrangers de façon coordonnée avec une stratégie globale. "Si nous avons un problème de balance commerciale, c’est parce que nous avons un problème de stratégie commerciale avant tout", assure-t-il. Car l’économie française a de précieux atouts à valoriser dans la compétition mondiale :de formidables talents, une recherche de qualité avec des centres de R&D parmi les meilleurs.
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