
"SAP est aujourd’hui la société à la croissance la plus forte dans le cloud à l’échelle mondiale, avec 70 millions d’utilisateurs dans ce domaine", a affirmé Bill McDermott, le nouveau patron de l’éditeur allemand de logiciels lors de la présentation des résultats financiers de 2014, le 20 janvier. Ces résultats ont de quoi le réconforter. Du moins sur le segment du cloud computing, où se joue l’avenir du numéro un mondial des logiciels de gestion d‘entreprise.
En 2014, ses revenus des services de logiciels à la demande ont bondi de 45% à 1,1 milliard d’euros à taux de change constants. Sur le quatrième trimestre, la croissance atteint 72%, ce qui porte le chiffre d’affaires dans le cloud, sur une base annuelle, à 1,7 milliard d’euros. Soit au niveau de celui de son grand concurrent Oracle, actif, lui, sur les trois couches du cloud (infrastructure, plateforme et logiciels à la demande), alors que SAP se cantonne au segment du logiciel à la demande.
Équilibriste
Pour Bill Horstmann, analyste chez Gartner, ce résultat est d’autant plus remarquable qu’il s’accompagne d’une hausse de 7% de l’activité traditionnelle de vente de logiciels en licence à 13,7 milliards d’euros. "SAP a su répondre à la demande de ses clients dans le domaine du cloud sans pénaliser son modèle traditionnel, constate-t-il. Ceci montre que le marché évolue vers un modèle hybride avec un mix de logiciels en licence et de logiciels en tant que services en ligne."
Ces bons résultats amènent Bill McDermott à revoir à la hausse les ambitions du groupe dans le cloud computing. Il vise un revenu de 7,5 à 8 milliards d’euros dans ce domaine à l’horizon 2020, ce qui représente une multiplication par 7 par rapport à 2014. Un objectif qui s’inscrit dans un plan global de croissance du chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros à plus de 27 milliards d’euros en 2020.
Gros efforts
Mais cette course au cloud se paie par l’érosion des marges. Du moins jusqu’ici. Le groupe pourra-t-il atteindre son objectif de 35% de marge d’exploitation en 2017 ? C’est la grande question, alors que le chiffre est de 32,1% en 2014, contre 32,4% en 2013. "Il ne faut pas se fier à l’évolution des marges d’une année sur l’autre, tempère Bill Hostmann, de Gartner. La baisse traduit l’effort d’investissement consenti par SAP pour soutenir sa croissance dans le cloud. C’est plutôt une bonne chose." La direction mise sur les gains d’échelle obtenus à partir de 2018 dans le cloud pour augmenter la marge d’exploitation de 3 milliards d’euros d’ici à 2020, date à laquelle le revenu récurrent devrait représenter entre 70% et 75% du chiffre d'affaires total.
"SAP mène, comme Oracle, une transformation offensive mais réaliste de son modèle vers une approche hybride de ventes de logiciels, résume l’analyste de Gartner. C’est la bonne stratégie, parce que c’est ce que réclame le marché. Les résultats sur le long terme dépendront de son exécution."
En 2014, SAP, qui emploie 74 400 personnes dans le monde, affiche un chiffre d’affaires en hausse de 4% à 17,6 milliards d’euros, un résultat d’exploitation en progression de 3% à 5,6 milliards d’euros et un bénéfice net en recul de 1% à 1,3 milliard d’euros.
Ridha Loukil
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