Paris en ligne : les “autres vainqueurs” du Mondial avec 615 millions d’euros misés
La France s'est inclinée face à l'Argentine, mais les sites français de paris en ligne sont les grands vainqueurs de cette Coupe du monde 2022 au Qatar. En tout, ce sont 615 millions d’euros qui ont été misés sur leurs plateformes, a révélé le 24 décembre l’Autorité nationale des jeux.
C’était l’édition de tous les records. Si la Coupe du monde de football au Qatar a permis à la chaîne TF1 de battre le record historique d’audience de la télévision française, avec 24,08 millions de téléspectateurs devant la finale opposant la France à l’Argentine, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) a estimé samedi 24 décembre que les sites français de paris sportifs ont récolté 615 millions d’euros de mises depuis le début de l’événement.
S’il s’agit d’une première estimation, à laquelle devront s’ajouter les mises effectuées dans les points de vente de la Française des jeux, ce montant dépasse, et de loin, les 435 millions d’euros qui avaient été pariés en ligne lors de l’Euro 2020, ou de la Coupe du Monde 2018 qui avait, quant à elle, enregistré 366 millions d'euros de paris.
Ce bilan peut paraître surprenant, alors que certains prédisaient un moins fort intérêt cette année pour le tournoi, qui se déroulait au Qatar, un détail qui n’a pas manqué de cristalliser de nombreuses polémiques. En novembre, un sondage Toluna – Harris Interactive pour l’ANJ indiquait que seulement 38% des Français déclaraient avoir l’intention de suivre l’événement, une proportion en baisse de 10 points par rapport à celle mesurée en amont de l’Euro 2020.
L’enquête, où l’on apprenait que près des trois quarts des parieurs sportifs sont des hommes de moins de 35 ans, notait néanmoins que le parcours des Bleus serait une variable déterminante.
Des “techniques marketing contestables”
Quoi qu'il en soit, ce montant record est loin de faire sourire tout le monde. “Une série de pratiques observées dans les publicités pour les paris sportifs pendant l’événement semble plus que contestable au regard des risques d’addiction qu’elles engendrent”, dénonce l’association Addictions France, exemples à l’appui.
Elle déplore notamment que les sites de paris en ligne, “autres vainqueurs” de l’événement, aient tous mis en avant des gratifications financières – un montant de paris offert par exemple – pour attirer les parieurs, et pointe du doigt les campagnes de communication à destination des plus jeunes, sur les réseaux sociaux notamment.
“Or plus les joueurs sont jeunes, plus les risques d’addiction se développent”, souligne l’association, qui appelle par ailleurs à encadrer les pratiques marketing concernant les jeux d’argent, sur le modèle de ce qui est fait pour l’alcool avec la loi Evin. “D’autres pays européens, comme l’Espagne, ont déjà adopté des mesures en ce sens”, précise-t-elle, tout en appelant à passer à l’action avec les prochaines grandes compétitions sportives, la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques de 2024 à Paris.
En 2019, l’Observatoire des Jeux avait recensé 1,4 million de joueurs de jeux d’argent à risque, dont près de 400 000 à un niveau pathologique. L’ANJ avait ainsi lancé une campagne de prévention, avant l’ouverture de la Coupe du monde.
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